La semaine économique et financière vue par Philippe Crevel

Le Coin des Epargnants

La Bourse de Paris a reculé de 0,30 % sur la semaine et a terminé à 4260 points. La dégradation de la France et du FESF a eu peu d’impact. Toutes les places ont été relativement stables sur cette semaine. Les résultats économiques en demi-teintes et la décision de la BCE n’ont pas incité les investisseurs à prendre des risques.

La BCE prend l’initiative

La BCE a surpris son monde en abaissant de 0,25 point son principal taux d’intervention. Le ralentissement de l’inflation l’a conduit à agir. Cette mesure permet en outre de dégonfler le débat sur le taux de change qui commençait à empoisonner les rapports entre les Etats membres. La BCE a souligné que le risque de déflation est peu probable en l’état.

Etats-Unis, toujours des doutes sur la vitalité de la croissance

Compte tenu des éléments communiqués cette semaine, la croissance du PIB s’est accélérée aux Etats-Unis au 3ème trimestre avec un taux qui passe en base annualisée de 2,5 à 2,8 %. Néanmoins, plusieurs points négatifs sont apparus au cours des dernières semaines. Ainsi, la demande intérieure s’est ralentie avec un taux de 1,8 % contre 2,1 % au deuxième trimestre. La consommation des ménages n’a été que de 1,5 % soit le taux le plus faible enregistré depuis mi-2011. L’investissement des entreprises en équipement a même reculé de 3,7%. La croissance a été portée par la reconstitution des stocks et par la demande des collectivités locales.

Le rapport emploi du mois d’octobre est peu lisible du fait du shutdown.

Du fait d’une inflation contenue, 1,4 %, d’un taux de chômage supérieur de deux points à l’objectif, la FED ne risque pas à court terme de modifier sa politique monétaire.

France, soupe à la grimace

Les digues sont-elles en train de se fissurer. La  dégradation vendredi matin de la note de la France par Standard and Poor’s marque bien une inflexion non pas sur les taux pratiqués sur les emprunts d’Etat mais pour l’image de la France qui continue de s’enfoncer. Le fort taux de chômage et les résistances internes aux réformes entravent les moyens d’assainissement des comptes publics.

Le recul de l’industrie se poursuit, la production baisse de 2 % sur un an et la litanie des fermetures d’entreprises n’en finit pas.

Néanmoins, le Gouvernement pourrait arriver à contenir le déficit public à 4,1 % du PIB. En revanche, la Commission de Bruxelles considère que le déficit 2014 sera de 3,8 % contre 3,6 % retenu par le Gouvernement. Il n’en demeure pas moins que la France réalisera un des efforts budgétaires les plus importants au sein de l’Union européenne en 2014.

Quand le soleil brille à nouveau sur le Sud

Les pays de l’Europe du Sud sortent de l’ornière. La Commission de Bruxelles a ainsi noté que la balance des paiements courants avait enregistré en Espagne, au Portugal et en Grèce des progrès substantiels.

Le solde de la balance des paiements courants est ainsi passé de -9,6 % à 1,4 % en Espagne de 2008 à 2010 ; pour le Portugal, les taux respectifs sont de -18 % à 2,3 % et pour la Grèce de -12,6 à 0,9 % du PIB sur le même période.

A l’exception de la Grèce, l’amélioration est imputable à l’amélioration de la compétitivité qui a dopé les exportations et à la diminution des importations ; pour la Grèce, le deuxième facteur domine. En cas de reprise de l’activité, le solde pourrait redevenir négatif. En l’absence de transferts financiers au sein de la zone euro, le système d’ajustement s’effectue sous forme de dévaluation interne.

Les pays émergents et la bataille de l’inflation

La dépréciation de la monnaie de plusieurs pays émergents dont le Brésil, l’Afrique du Sud, l’Inde, l’Indonésie ou la Turquie commence à avoir des effets. En effet, pour limiter l’impact des hausses des biens importés, les Etats ont été amenés à accroître leurs subventions avec comme voie de conséquence un gonflement des déficits publics et une remise en cause des notations. Les Banques centrales ont été tentées de relever les taux directeurs face à la résurgence de l’inflation mais doivent prendre en compte le ralentissement de l’activité.

Russie, dures réalités

Le Ministre de l’Economie a revu à la baisse les prévisions de croissance d’ici 2030 de 4 à 2,5 % du fait de la faiblesse de l’investissement. Ce taux est très nettement inférieur à l’objectif de 5 % fixé initialement par Vladimir Poutine. Cet ajustement pourrait être la préparation à un changement de Premier Ministre, changement rendu compliqué par la proximité des Jeux Olympiques. Certains spécialistes estiment que le prochain Premier Ministre pourrait être Kudrin. Il y a une nécessité pour le pouvoir en place de briser les anticipations négatives afin d’éviter la fuite de capitaux et pour pouvoir favoriser la coopération avec les firmes occidentales ou chinoises.

Chine, troisième session plénière du 18ème comité central du Parti communiste chinois

Cette session est consacrée à la réorientation du mode de croissance de la Chine qui doit passer d’un système reposant sur demande externe à un système plus centré sur la demande interne, d’un système lié à l’investissement à un système favorisant la consommation.

Les autorités chinoises sont attendues sur quelques points comme la libéralisation des taux d’intérêt ou l’internationalisation du yuan ainsi que sur la réforme des financements des collectivités locales et la réforme agraire.

Le Comité central ne devrait pas être révolutionnaire car ce n’est pas la méthode en vigueur. L’objectif des autorités est de maintenir à minima la croissance autour de 7,2 % et de créer 10 millions d’emploi afin de maintenir le taux de chômage autour de 4 %.

A suivre, une semaine très portée sur le taux de croissance…

Mercredi 13 novembre, au Japon sera publié les résultats des commandes de machine pour le mois de septembre avec un recul possible.

Mercredi, au Royaume-Uni, les résultats du marché de l’emploi du mois de septembre seront connus avec une légère amélioration attendue.

Pour la zone euro sera communiqué le résultat de la production industrielle du mois de septembre avec une contraction possible.

Jeudi 14 novembre, au Japon sera connu le résultat de la croissance du PIB au 3ème trimestre avec un taux attendu de 0,4 % contre 0,9 % au deuxième.

Le taux de croissance du PIB de la zone euro sera également communiqué jeudi. Il devrait se situer entre 0 et 0,2 % contre 0,3 % pour le deuxième trimestre marqué par la sortie de récession pour la zone euro. Le taux de croissance du PIB français au troisième trimestre devrait être nul compte tenu des éléments déjà communiqués.

L’INSEE devrait rendre public le taux d’inflation du mois d’octobre qui devrait être négatif portant le taux annuel à 0,6 %. Ce taux devient inquiétant. Il pourrait conduire s’il se maintenait à une réduction du taux de rémunération du Livret A qui pourrait passer de 1,25 à 1.

Vendredi 15 novembre sera connu le taux de croissance du PIB allemand pour le 3ème trimestre qui devrait être de 0,5 % contre 0,7 % au deuxième.

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