La lettre économique hebdomadaire du 7 juin 2014 N°78
Comme chaque semaine retrouver la lettre économique de Lorello Ecodata rédigé par Philippe Crevel.
Au sommaire de la lettre N°78 :
- Le coin des épargnants
- Le retour de l’Union Jack
- La BCE à la manœuvre
- La France passe entre les gouttes mais pour combien de temps
- L’agenda économique de la semaine à venir
Le coin des épargnants
La bourse de Paris a adoubé les décisions de la BCE en terminant au plus haut depuis 6 ans à 4581 points. La bourse a également été portée par les bons résultats de l’emploi aux Etats-Unis.
Sur une semaine, la hausse du CAC 40 a été de 1,36 %. Depuis le début de l’année, la progression a atteint 6,64 %.
Les rumeurs sur une prochaine réforme de l’épargne salariale s’amplifient. L’idée serait de diffuser plus largement les produits d’épargne salariale en particulier au sein des PME.
La semaine risque d’être encore marquée par les déboires de BNP Paribas. Sur le fond nul ne peut contester que des erreurs aient été commises mais le montant de l’amende et surtout sur le risque de dégradation de l’image de la Banque pourraient peser sur sa stratégie durant plusieurs années. BNP Paribas qui intervient souvent comme le bras armé de l’Etat et qui est avec HSBC la principale banque européenne pourrait voire sa stratégie de développement remise en cause.
L’Union Jack est de retour
Le gouvernement anglais surfe sur les bons résultats en attendant les élections législatives de 2015.Avec une croissance de 0,8 % au premier trimestre, avec un taux de chômage à 6,7 %, le Royaume-Uni se remet à tourner rond même si le déficit commercial demeure important.
Le marché automobile anglais symbolise la bonne forme de l’économie et de la reprise de la consommation. Pour le 27ème mois d’affilé les ventes de véhicules neufs ont progressé de 7,7 %, dépassant d’un mois le précédent record de 26 mois qui datait de juin 1989. Sur les cinq premiers mois de l’année, la progression du marché atteint 11,6 % avec près de 1,06 million de voitures vendues La progression du marché, en France, a été de 0,3 %.
Le Gouvernement a pratiqué une politique de réduction progressive du déficit en association avec une politique accommodante. Ainsi, le déficit public a été en baisse de 0,8 point à l’issue de l’exercice budgétaire 2013-2014 qui s’est achevé en mars. Il s’est élevé à 6,6% du PIB soit son niveau le plus bas depuis le début de la crise financière de 2008. Il était de 11 % en 2009 / 2010. L’objectif est de ramener le déficit en dessous de 3% en 2016-2017 et de réduire la dette publique à partir de cette date.
Il n’en demeure pas moins que pour l’exercice en cours, le Gouvernement a fait preuve de prudence compte tenu de la proximité des élections. Le Gouvernement britannique est en retard sur le plan présenté il y a quatre ans. Le déficit aurait dû être ramené à 3,5 % en 2013-2014 et la dette aurait dû diminuer à compter de l’exercice 2014 – 2015.
Pour assainir les finances publiques, la TVA a été augmenté de 17,5% à 20%, à partir de janvier 2011. Le Gouvernement avait également opté pour une hausse de l’impôt sur le revenu. Par ailleurs, il a été décidé de diminuer les dépenses d’investissement et de geler les allocations familiales pendant trois ans ainsi que les salaires des fonctionnaires rémunérés plus 21 000 GBP par an pendant deux ans.
La reprise plus lente que prévu a réduit l’efficacité du plan. Il a atténué la hausse de l’impôt sur le revenu en augmentant certains abattements. Il a réduit, en 2012, plus fortement que prévu, le taux de l’impôt sur les sociétés. Il est passé de 28% en 2009-10 à 21% en 2014-15 au lieu d’une baisse de quatre points en quatre ans prévue en 2010). Il a aussi annulé la hausse de la taxe sur le carburant prévue en septembre 2013.
Néanmoins, cette réduction tempérée du déficit public qui s’accompagne d’un double mouvement, baisse des impôts et baisse des dépenses, associée à une politique monétaire énergique porte ses fruits. La Banque d’Angleterre a, sur ce sujet, cette semaine, décidé de maintenir inchangé son taux directeur à 0,5% et le montant de ses achats d’actifs, à GBP 375 milliards. Ce statuquo est justifié par le maintien de l’inflation dans la zone cible des 2%. L’inflation est de 1,8 %, soit trois fois plus que l’inflation que la zone euro. Le Royaume-Uni peut ainsi diminuer le poids de sa dette en jouant sur trois tableaux, l’inflation, la croissance du PIB et les faibles taux.
Entre argent facile et répression financière
La Banque Centrale Européenne a changé de braquet en mixant des mesures conventionnelles avec des mesures plus innovantes. La faiblesse de l’inflation, la stagnation du crédit et le PIB en berne constituaient autant d’arguments pour pratiquer une guerre de mouvement. Mario Draghi a dû convaincre les Allemands de la nécessité d’intervenir pour éviter un enlisement.
Le 5 juin 2014, le Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE) a décidé afin d’éviter un étiolement de la reprise de baisser le taux de refinancement (refi) en le fixant à un nouveau plancher historique, 0,15 %, de porter en territoire négatif, le taux de dépôt (-0,1 %) et d’abaisser à 0,30 % du taux de prêt marginal.
La BCE a aussi adopté des mesures non conventionnelles visant à améliorer la liquidité du système bancaire. Ainsi, il est prévu l’arrêt de la stérilisation du programme SMP, la poursuite des opérations de refinancement à taux fixe intégralement servies (LTRO) jusqu’à la fin de 2016, l’engagement probable d’un programme de rachat de créances titrisées d’entreprises (ABS ou asset-backed security).
La BCE espère que ces mesures favoriseront la reprise des prêts aux banques et que cela fera baisser le taux de change. Il faut noter que la monnaie européenne demeure portée par les excédents de la balance des paiements courants qui ont dépassé 32 milliards d’euros au premier trimestre 2014 soit 1 % du PIB. En outre, l’Europe bénéficie toujours des capitaux en provenance des pays émergents qui sont à la recherche d’un environnement stable.
Le maintien des faibles taux d’intérêt donne, par ailleurs, un peu de marges pour les Etats afin de rembourser à moindres coûts. Ce sont ainsi les épargnants qui sont mis à contribution pour aider les Etats à réduire leur endettement.
La France passe entre les gouttes
La rumeur a circulé que la Commission allait accuser la France de falsification de ses comptes publics ; or tel n’a pas été le cas. La France reste sous surveillance renforcée mais n’a pas perdu son honneur.
L’an dernier, la Commission de Bruxelles avait officiellement abandonné l’objectif des « 3% » et avait permis à plusieurs Etats membres dont la France de bénéficier d’une ou deux années supplémentaires pour ramener le déficit budgétaire dans les limites du pacte de stabilité et de croissance.
La Commission n’a pas prévu, cette année de nouveau report et se contente d’accorder un répit. Elle n’a pas voulu sanctionner trop durement les mauvais élèves. Il faut dire que la période n’est pas très favorable à l’engagement d’épreuves de force. Quelques jours après les résultats des élections européennes, le mandat de la commission arrive à son terme.
La Commission a indiqué qu’elle allait recommander la clôture des procédures pour déficits excessifs ouvertes à l’encontre de six nouveaux pays, dont quatre membres de la zone euro : les Pays-Bas, la Slovaquie, la Belgique et l’Autriche.
Les trois premiers ont, en effet, vu revenir leur déficit budgétaire en deçà de 3% fin 2013, à, respectivement 2,5%, 2,6% et 2,8% du PIB. S’agissant de l’Autriche, dont le solde budgétaire avait été ramené à -2,5% dès 2011, la Commission accepte de clore la procédure son déficit étant ramené à -1,5% en 2013 pour pouvoir financer l’assainissement du secteur financier.
Il reste huit pays de la zone euro sous procédure pour déficit excessif dont la France, l’Irlande, le Portugal et la Slovénie, Malte, l’Espagne, la Grèce et Chypre.
La BCE admet que la France réalise des efforts mais doute qu’ils soient suffisants pour respecter le seuil des 3% du PIB de déficit public en 2015. La Commission table sur un déficit de 3,4%. La Commission demande des réformes structurelles ambitieuses.
La Commission s’attend à ce qu’une partie des précisions demandées soient apportées dans la loi de finance rectificative (LFR) qui sera présenté mercredi. Elle a demandé le respect de l’application du budget 2014 avec notamment un déficit public limité à 3,8/3,9 %. La Commission insiste sur la nécessité de réaliser des économies au niveau des dépenses sociales et locales.
A suivre, next week
Lundi 9 juin
En ce premier jour de la semaine, il faudra suivre l’indice de la confiance des consommateurs au Japon qui devrait ressortir en légère hausse.
Mardi 10 juin
Au Royaume-Uni sera publié le résultat de la production industrielle du mois d’avril. Elle devrait être en hausse. Sur un an, la hausse serait de 2,7 % contre 2,3 % au mois de mars
En France, il faudra également suivre l’évolution de la production industrielle. Après son net recul en mars, un rebond technique de la production est attendu en avril. Mais il ne faut pas s’attendre à de véritables miracles du fait du résultat médiocre du climat des affaires et de la faiblesse de la production d’énergie compte tenu de la clémence des températures durant ce printemps. La production industrielle devrait avoir quand même augmenté de 0,4 % après le recul de 0,7 % en mars.
En Italie, sera confirmée la baisse du PIB au premier trimestre de 0,1 %. Sur un an, la baisse est de 0,5 %.
Mercredi 11 juin 2014
Au Royaume-Uni, seront connus les résultats de l’emploi du mois d’avril. Ils devraient encore bons. Le taux de chômage devrait être en recul à 6,7 % contre 6,8 % en mars. Seront connus les résultats de l’évolution des salaires. Ces derniers devraient enregistrer une hausse de 1,2 % sur un trimestre contre 1,3 % au mois de mars.
Jeudi 12 juin 2014
Aux Etats-Unis, les résultats des ventes du mois de mai devraient faire ressortir une amélioration après les durs mois d’hiver.
Au Japon, il faudra suivre les commandes de machines du mois d’avril qui devraient s’inscrire en baisse après des mois de hausse. Les entreprises japonaises attendent de voir comment l’économie réagit à l’augmentation du taux de TVA de 3 points.
Pour la zone euro, il faudra suivre l’évolution de la production industrielle d’avril. Après la baisse de mars, la production industrielle devrait avoir augmenté en avril de 0,3 à 0,4 % contre une chute de 0,3 % en mars.
En France, sera attendue la publication de l’indice des prix à la consommation de mai. Les prix seraient restés stables en mai avec une hausse limitée à 0,1 %. Sur un an, la progression serait de 0,8 % contre 0,7 % en avril. Néanmoins, l’inflation sous-jacente reste nulle ou presque à 0,1 % traduisant que la reprise n’est pas encore au rendez-vous. Sera également publié pour la France le résultat de la balance des paiements courants d’avril. Pour mars, elle était en déficit de 1,5 milliard d’euros.
Vendredi 13 juin 2014
Sera très attendu le concert des Stones à Paris Stade de France, ce n’est pas une donnée économique (bien que) mais cela n’en constitue pas moins un évènement…
Au Japon, il faudra suivre les décisions sur les taux par la Banque centrale ainsi que la déclaration de politique monétaire.
En Chine, sera publié le résultat de la production industrielle de mai qui devrait ressortir en hausse de 8,8 % contre 8,7 % en avril.
En Allemagne, sera publié l’indice des prix de mai avec logiquement un recul de 0,1 %. Sur un an, l’inflation serait de 0,9 % contre 1,3 % en avril.
En Espagne, sera également publié le taux d’inflation de mai qui devrait traduire une stagnation des prix. Sur un an, l’inflation serait de 0,2 % contre 0,3 % en avril.
En Italie, le taux d’inflation de mai sera également présenté vendredi avec à la clef un recul évalué à 0,1 %. Sur un an, l’inflation serait de 0,4 %.
Pour la zone euro, sera publié le résultat de la balance commerciale avec un excédent qui dépassera 15 milliards d’euros.
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