La semaine économique et financière vue par Philippe Crevel

Le Coin des Epargnants

Après des semaines de teasing, la FED a décidé cette semaine de réduire progressivement  ces injections de liquidités qui passeront à 75 milliards de dollars contre 85 par mois actuellement. Cette réduction progressive a été bien accueillie par les investisseurs. Cette réduction est apparue logique eu regard des indicateurs et résultats économiques de ces derniers jours.

Le CAC 40 a repris 3,3 % sur la semaine et 15,18 % depuis le 1er janvier. La bourse parisienne a bénéficié de l’impact favorable des annonces de la FED.

Etats-Unis à un train d’enfer

Depuis le mois de septembre 2012, plus de 2,8 millions d’emplois ont été créés. Malgré la réduction du déficit public, la croissance résiste voie s’affermit. Le rythme de créations d’emplois tourne à 200 000 par mois. Le taux de chômage qui est passé de 7,8% en septembre 2012, à 7% en novembre dernier, devrait ainsi poursuivre sa descente graduelle en 2014. La production manufacturière est en nette accélération. En rythme annualisé sur trois mois, son évolution est passée de -0,3% en septembre à +3,6% en novembre. Les ventes de détail  étaient également bien orientées, progressant de 0,7% m/m en novembre, et 0,5 % hors éléments volatils (carburant, automobile, services alimentaires). Sur une base annualisée sur 3 mois, les ventes de détail progressent à un rythme supérieur à 4% depuis juillet dernier, accélérant à 4,7% en novembre.

Afin de rassurer les places financières, la FED a réaffirmé sa politique de « Forward Guidance », en assurant le maintien des taux d’intérêts directeurs à un niveau bas durant une longue période.

France dans l’attente de la reprise de la zone euro

L’économie française semble attendre son salut de l’étranger. La faiblesse des ressorts internes empêche toute reprise rapide et forte. Les prévisions du mois de décembre de l’INSEE sont au moins clair sur un aspect, les exportations sont la clef de la croissance de 2014. Du fait de l’assainissement budgétaire en cours, les marges de manoeuvre sont inexistantes en France. Le déficit public devrai passer de 4,2 à 3,6 % de 2013 à 2104. Cet effort pèsera sur l’activité économique.

L’INSEE considère que la croissance américaine devrait se fortifier en 2014 même si l’augmentation des taux d’intérêt devrait freiner le marché de l’immobilier. En revanche, pour le Japon, la hausse de 3 points du taux de TVA au 1er avril 2014 devrait conduire à une baisse de la consommation au deuxième trimestre. L’espoir de l’INSEE tient à la poursuite de l’amélioration de la conjoncture au sein de la zone euro. D’ici la mi 2014, les prévisionnistes jugent possible un taux de croissance de 0,3 % par trimestre du fait de la moindre dureté de la politique budgétaire en particulier dans le Sud de l’Europe. L’Aubagne confirmerait sa sortie de récession, seule l’Italie connaîtrait encore la stagnation. De ce fait, l’INSEE attend d’ici le milieu de l’année prochaine une augmentation de la demande extérieure adressée à la France de 1,3 % par trimestre. Il est certain que la sortie de crise des principaux clients français que sont l’Espagne ou le Royaume-Uni est une bonne nouvelle.

Pour la France, l »INSEE dans sa note de conjoncture du mois de décembre table toujours sur une croissance du PIB de 0,4 % pour le dernier trimestre. En revanche, l’optimisme reste mesuré car l’investissement serait atone et le pouvoir d’achat des Français progresserait lentement. L’INSEE penche pour un premier semestre moyen en 2014 du fait de l’appréciation de l’euro qui freinerait les exportations. En revanche, il considère que du fait de la reprise de l’économie mondiale et européenne, le second semestre serait meilleur.  A la mi 2014, le PIB afficherait un acquis de croissance de 0,7 % après une croissance annuelle de 0,2 % en 2013 et 0 % en 2012. L’industrie manufacturière qui a reculé de 2,8 % en 2012 et ne devrait progresser que de 0,5 % en 2013 devrait connaître une croissance de 1 % en 2014. L’INSEE est moins optimiste que le Gouvernement en matière d’emploi. Il table sur une destruction de 7000 postes au dernier trimestre 2013 et sur une destruction de 4000 postes au premier semestre.

L’INSEE s’attend à une augmentation de l’inflation pour 2014 du fait de la hausse de la TVA. Le surcroît d’inflation est évalué à 0,2 point. Par ailleurs, du fait de la reprise de l’activité économique, les prix de l’énergie devraient progresser générant un effet sur les prix de 0,2 point.

En matière de  pouvoir d’achat, l’INSEE considère qu’il devrait augmenter de 0,5 % en 2013 après une chute de 0,9 % en 2012 du fait de la baisse de l’inflation. Les prélèvements fiscaux et sociaux ont augmenté de 4,5 % contre 7,4 % en 2012. A mi 2014, le pouvoir d’achat augmenterait de 0,5 %. L’INSEE envisage une augmentation de la consommation de 0,3 % au dernier trimestre 2013 du fait d’anticipation d’achats en relation avec par exemple l’augmentation du malus pour l’automobile. Au premier semestre 2014, la croissance de la consommation serait faible autour de 0,1 % par trimestre. L’investissement des ménages se stabiliserait après sept trimestres de baisse au dernier trimestre 2013 mais l’embellie serait de courte durée car les mise en chantier de logement est en net repli depuis le milieu de l’année. De ce fait, l’investissement des ménages reculerait de 3,7 % en 2013 et devrait fléchir encore de 1,4 % pour la mi 2014.

Pour les entreprises, le taux de marge resterait à un niveau historiquement bas même si le crédit d’impôt compétitivité devrait générer un gain de 1,1 point. L’acquis de croissance de l’investissement pour les entreprises serait de 0,7 point.

L’analyse de l’INSEE démontre la fragilité de la croissance française qui restera autour voire en dessous e 1 %. Ce taux de croissance demeure insuffisant pour baisser de manière économique le chômage et réduire réellement la dette publique. la France reste vulnérable face à un effet taux et un effet change. Une augmentation des taux d’intérêt pourrait conduire à une augmentation du service de la dette et une appréciation du cours de l’euro à une réduction de nos exportations.

Allemagne, die Grosse Koalition

Angela Merkel débute son troisième mandat qui devrait être le dernier. Elle retrouve une grande coalition avec le SPD. Malgré sa forte victoire, elle a réalisé de nombreuses concessions pour constituer un Gouvernement avec le SPD. Néanmoins, il ne faut pas oublier qu’elle représente l’aile gauche de la CDU et qu’elle a toujours su dialoguer avec les partis de gauche que ce soit socio-démocrate ou écologiste. Ses concessions sont certainement plus dures à accepter pour la CSU et l’aile droite de la CDU. La Chancelière qui ne doit pas se représenter peut de toute façon prendre le risque de brusquer son parti où pour le moment il n’y a pas de successeur attitré. Ayant pris le parti après le départ d’Helmut Kohl et après les affaires financières qui ont concerné les proches de l’ancien chancelier, elle souhaitera sans nul doute préparer au mieux la fin de son dernier mandat.

Au niveau économique, il n’y a pas beaucoup de changement à attendre. Le salaire minimum devrait intervenir en 2015 et l’inflexion budgétaire ne dépassera pas 0,3 % du PIB par an sur la mandature.

L’Italie toujours aux prises des incertitudes politiques

Si sous Mario Monti, l’Italie avait réussi à engager des réformes de structures, la fragilité de la coalition en place freine leur application et ne contribue pas au retour de la croissance. La croissance a été nulle au T3 (T/T) après 8 trimestres consécutifs de contraction. À la contraction persistante de la demande intérieure liée à la faiblesse des crédits et à la démographie déclinante, il faut ajouter la faible progression des exportations. Le PIB réel se stabiliserait en 2014, avant d’enregistrer une faible croissance en 2015.  En raison du retard ou de l’annulation de la mise en place de certaines majorations de taxes (TVA, taxe foncière), le déficit budgétaire pour 2013 devrait être légèrement supérieur à la projection officielle initiale de 3 % du PIB. La Commission de Bruxelles pourrait exiger de nouvelles mesures d’ajustement au cours de l’exercice 2014.Les tensions politiques internes devraient s’accroître avec la perspective des élections qui devraient intervenir en 2015 mais qui pourraient être avancées.

Espagne, la sortie de l’enfer

L’Espagne a connu 9 trimestres de contraction avant de  réussir à stabiliser son activité au troisième trimestre 2013. Cette stabilisation est imputable au dynamisme des exportations vers les pays hors zone euro. En revanche, la demande intérieure continue de se contracter (à un rythme moins rapide toutefois), contrariée par le repli persistant du crédit au secteur privé. Le déficit budgétaire qui était de 10 % du PIB entre 2008 et 2012 devrait être pour 2013 de 6,5 %, notamment grâce au moindre coût des recapitalisations bancaires. Les autorités prévoient un déficit de 5,8 % du PIB en 2014. La croissance pourrait atteindre 0,3 % en 2014 et 0,9 % en 2015.

Le Royaume-Uni, l’autre pays du quantitative easing

Avec les Etats-Unis et le Japon, le Royaume-Uni a engagé une politique de quantitative easing. La taille du bilan de la banque centrale est passée de moins de 6 % du PIB avant crise à 25 % du PIB en 2013, soit une hausse plus prononcée que celle du bilan de la Réserve Fédérale américaine.

Il faut souligner que l’économie britannique enregistre depuis le début 2013 une reprise de son activité avec un rythme de croissance annualisé de plus de 3 % au troisième trimestre. Cette reprise se confirmerait en 2014-2015 tout en se stabilisant.

A suivre next week

La semaine de Noël est calme sur le plan des indicateurs.

Mardi 24 décembre, la clôture de la Bourse de Paris intervient à 14 heures. Seront connus les résultats définitifs du troisième trimestre et la consommation des ménages du mois de novembre. Les résultats des biens durables du mois de n seront connus.

Jeudi 26 novembre, la bourse de Paris est fermée. Sera publié le nombre de demandeurs d’emploi pour le mois de novembre.

Vendredi 27 novembre seront publiés le niveau de la dette trimestrielle de Maastricht des administrations publiques française pour le 3ème trimestre ainsi que les prix de production et d’importation dans l’industrie du mois de novembre.

Au Japon, il faudra suivre les résultats de la production industrielle du mois de novembre. Elle est attendue en légère hausse autour de 0,2% faisant suite d’une hausse de 1% le mois précédent. Cette hausse serait favorisée par le redressement des exportations, au stimulus fiscal et à l’anticipation des achats des ménages avant la hausse de la TVA en avril.

Toujours au Japon seront communiqués les prix à la consommation des mois de novembre et de décembre, le rapport emploi de novembre et les résultats des revenus ainsi que des dépenses des ménages.

L’inflation hors produits frais pourrait dépasser 1% en novembre, l’affaiblissement du yen faisant sentir ses effets au-delà des prix des biens énergétiques. Avec la fermeture de l’écart de production, les producteurs peuvent plus facilement augmenter leurs prix. Le taux de chômage devrait rester proche de 4% en novembre. Cependant, le marché de l’emploi se resserre et le rapport offres-demandes pourrait remonter à nouveau. La consommation des ménages devrait nettement progresser en novembre, ces derniers anticipant leurs achats avant la hausse de 3 points du taux de la TVA en avril prochain.

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