La semaine économique et financière du 1er mars 2013

La semaine italienne

Des résultats impossibles au départ du Pape, la semaine aura été italienne. L’ingouvernabilité de l’Italie avec la montée du populisme remet au goût du jour la crise des dettes publiques et la celle plus globale de la zone euro.

Les investisseurs ont accru les spreads, les taux étant remontés autour de 5 % quand ils étaient avant les élections à 4 %. Plus a crise politique durera, plus les pressions sur les taux seront élevés avec un risque d’une nouvelle dégradation de la note italienne. Pour autant, l’Italie se trouve dans une situation meilleure que bien d’autres d’Etats avec un excédent de son budget hors paiement des intérêts et une compétitivité en voie d’amélioration. Le pays pourrait sortir de la procédure des déficits excessifs cette année ; par ailleurs, l’Italie a déjà bouclé un quart de ses émissions d’emprunts publics.

Le leader de centre gauche, Bersani, devrait se voir confier la responsabilité de former un gouvernement. Il pourrait demander le soutien du mouvement populiste M5S dirigé par l’humoriste Beppe Grillo. Ce dernier soutient déjà sans participation le gouvernement local de Sicile. Il négocie projet de loi par projet de loi ses votes. A défaut de cette alliance, de nouvelles élections pourraient être programmées avant la fin de l’année.

Zone euro, la sortie de crise à petit train pour 2014

Selon la Commission européenne, la croissance économique de l’UE ne devrait atteindre que 0,1% en 2013 avec une récession de 0,3% dans la zone euro.

Pour 2014, la Commission reste modérément optimiste avec une croissance de 1,6% dans l’UE et de 1,4% dans la zone euro.

Le chômage devrait cette année augmenter année pour atteindre 11,1% dans l’UE et 12,2% dans la zone euro.

Le taux d’inflation dans l’UE devrait diminuer progressivement en 2013 et se stabiliser autour de 1,7% dans l’UE et de 1,5% dans la zone euro l’année prochaine.

La Commission reste également optimiste pour lé réduction des déficits publics. En 2013, ils devraient s’élever à 3,4% dans l’UE et à 2,8% dans la zone euro.

France, rien ne va plus

L’augmentation du chômage se poursuit en France. Le nombre de demandeurs d’emplois de catégorie A (sans aucune activité dans le mois) progresse pour le 21e mois de suite et s’élève à 3,169 millions en janvier. Cette montée du chômage est à la fois une conséquence de la faiblesse de la croissance de la zone euro et il la cause et la conséquence de l’atonie de la croissance française. Les augmentations d’impôts freinent la consommation, l’investissement est réduit par l’attentisme, les ménages optant pour l’épargne et les entreprises pour le désendettement.

La Commission européenne prévoit une croissance quasi nulle en 2013 (+0,1%) au lieu de +0,4% dans sa prévision d’automne.

Le  différentiel avec l’Allemagne se creuserait en 2014 avec 2% de croissance attendue en Allemagne contre 1,2% en France.

Du fait de la lenteur de l’ajustement, le déficit français se retrouve être un des plus élevés de la zone euro. En 2013, faute de croissance, les deux points d’effort structurel déjà prévu ne suffisent pas à tenir l’objectif d’un déficit de 3% du PIB. La question se pose aussi pour 2014 (déficit ramené à 2,2% sur la base d’une prévision de croissance de 2%).

La Commission européenne prévoit un déficit de 3,7% en 2013 et de 3,9% en 2014 à politique budgétaire inchangée.

La question est de savoir combien de temps les marchés c’est-à-dire les investisseurs continueront à faire crédit à faibles taux à la France.

De toute façon, la France n’échappera pas à de nouvelles mesures fiscales et budgétaires.  Pour rester dans les limites autorisées et acceptables, les pouvoirs publics devront contenir le déficit autour de 3,5% du PIB en 2013 .

Pour 2013, le gouvernement a déjà prévu un gel de EUR 2 milliards des crédits budgétaires en sus des EUR 6,5 déjà mis en réserve. Il faudrait trouver quatre à cinq milliards de plus en 2013 et environ 10 pour 2014 afin de passer nettement en-dessous de 3 % du PIB de déficit. Ces mesures pèseront sur l’activité en 2013 et 2014.

Le retour du cliff fiscal

Depuis l’accord du mois de janvier au Congrès avait mis au second plan le problème budgétaire américain. Or, cet accord n’était temporaire et supposait tout à la fois une solution pour le plafond de dettes et pour la réduction du déficit. Avec l’arrivée du mois de mars, le cliff fiscal fait son retour.

Pour le moins vu d’Europe, la situation américaine est enviable. Pour l’année 2012, la croissance a  été de 2,2% après 1,8% en 2011, avec une demande finale des entreprises et des ménages en hausse de 3% (après 3,1%), un recul des dépenses publiques (-1,7% après -3,1%), et  de faibles contributions des stocks et du commerce extérieur (respectivement +0,1 et 0,0, contre -0,2 et +0,1 en 2011).

L’investissement résidentiel a joué un rôle important. Si entre 2006 et 2011, l’investissement résidentiel avait reculé chaque année, en 2012, il a enfin rebondi, de 12,1%.

Le cliff fiscal est la conséquence du relèvement du plafond de la dette à l’été 2011 qui s’accompagne d’un plan de réduction des dépenses de USD 1 200 mds sur dix ans avec une répartition à 50 % sur le Département de la Défense et à 50 % sur les autres dépenses discrétionnaires de l’Etat. Chaque année, il va donc falloir réduire chacun de ces deux postes d’un peu plus de USD 54 mds.

L’hostilité face aux coupes automatiques est générale mais il n’y pas de consensus pour trouver d’autres solutions.

A suivre

Mardi, au Royaume-Uni, l’indice PMI services de février sera publié avec à la clef une possible correction à la baisse.

Mercredi, les résultats du PIB du 4ème trimestre 2012 de la zone euro par composantes seront présentés. Le PIB a perdu 0,6% t/t après -0,1% t/t au cours du T3 2012. La demande intérieure s’est probablement contractée, tandis que les exportations nettes devraient avoir contribué positivement à la croissance.

Jeudi, il faudra suivre la réunion de la BCE même si a priori aucune annonce de baisse des taux ne devrait intervenir.

En Allemande, les résultats des commandes industrielles de janvier seront publiés. En décembre, les commandes industrielles ont progressé de 0,8% m/m.

Vendredi, le rapport emploi de février sera présenté aux Etats-Unis. Les indicateurs avancés du marché du travail, comme les composantes emploi des enquêtes ou les inscriptions aux indemnités chômage, prévoient solides créations d’emplois, de l’ordre de 200000, ce qui permettrait un recul à 7,8% du taux de chômage.

Toujours vendredi, en Allemagne seront présentés les résultats de ma production industrielle du mois de janvier. En décembre, la production industrielle a augmenté de 0,3% m/m, interrompant quatre mois successifs de contraction.

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