Tête d’atome ou de linotte, à vous de choisir !

28/11/2011, classé dans

Au moment où l’Europe est confrontée à la pire crise financière de ces cinquante dernières années, le débat politique français tourne autour du thème, « faut-il ou non sortir du nucléaire ? ».

Débat surréaliste au regard de notre situation économique et nous ne sommes pas à une contradiction près car avec le nucléaire, nous disposons d’une industrie nucléaire internationalement reconnue et qui a fait ses preuves en matière de sûreté.

La France a construit sa filière nucléaire en trois temps. Le premier visait à garantir l’indépendance nationale avec la construction de la bombe A puis H, la seconde visait à permettre de développer une filière de production électrique autonome sans recourir aux brevets américains, ce fut la filière graphite-gaz. Le troisième temps fut celui du réalisme économique avec le lancement d’un plan ambitieux de centrales nucléaires reposant sur le refroidissement à eau pressurisée en francisant des brevets Westinghouse. Cette décision a été prise par le Président Georges Pompidou puis confirmée par le Président Valéry Giscard d’Estaing.

La réalisation de ce plan a permis de réduire de 75 à environ 50 % notre taux de dépendance énergétique. 75 % de l’énergie électrique provient de 58 réacteurs qui ont permis de réduire de 50 % nos émissions de CO2.

L’énergie nucléaire est-elle dangereuse ? Oui mais moins que la production d’énergie à partir du pétrole, du gaz ou du charbon. En effet, le nombre de morts liés aux accidents nucléaires sont biens inférieurs à ceux occasionnés par l’exploitation du pétrole, du gaz ou du charbon. La catastrophe de Tchernobyl a provoqué la mort directe et reconnue de 30 personnes. Selon certaines organisations, le nombre de morts directs ou indirects, vingt ans après, serait de 4000. Ce chiffre est soumis à contestation car le surcroit de mortalité dans le bassin de population qui a été exposé aux radiations n’est que de 4 % par rapport à la moyenne du pays. L’écart est trop faible pour établir des conclusions scientifiques.

Concernant la catastrophe de Fukushima, aucun mort n’a été enregistré quand plus de 20 000 personnes ont perdu la vie à cause du Tsunami.

Le charbon est responsable, chaque année, de plusieurs milliers de morts rien qu’au niveau de l’exploitation. Rien qu’en Chine, les coups de grisou ont tué, en 2010, plus de 2500 mineurs. En ajoutant les conséquences des poussières de charbon ou des particules liées à la combustion du pétrole, ces deux énergies ne devraient-elles pas être interdites dans les plus brefs délais ?

Le nucléaire est-elle dangereuse pour la santé ? Oui mais pas plus pas moins que d’autres activités humaines Il faut savoir que nous sommes en permanence exposés à des éléments radioactifs. Les habitants de Bretagne, d’Auvergne ou de Corse sont exposés plus fortement que les voisins des centrales nucléaires à des sources de radioactivité, à travers notamment du radon. Le radon est un gaz radioactif d’origine naturelle qui explique plus du tiers de l’exposition ionisante de la population française. Il est issu de la décomposition de l’uranium et du radium de la croute terrestre. Faut-il au nom du principe de précaution évacuer la Bretagne, l’Auvergne et la Corse ? Bon courage pour les volontaires ? De même quand nous passons des radios, des scanners ou des IRM, nous acceptons des doses de radiation sans commune mesure à celle qui émanent des centrales nucléaires ou des trains contenant des déchets.

Pouvons-nous abandonner le nucléaire ? Oui, bien évidemment mais il faudra au minimum trouver 400 Tétra Wattheures. Les partisans de la sortie du nucléaire mettent en avant qu’il suffira d’investir dans les énergies renouvelables. L’éolien fournit 2,5 % de l’énergie en France tout comme les pompes à chaleur. Le solaire est encore résiduel. Il faudrait couvrir toute la France d’éoliennes et de panneaux solaires sans évidemment avoir la garantie en hiver, la nuit et en période de faible vent d’avoir suffisamment d’électricité. Evidemment, l’autre solution serait d’économiser et de revenir à l’avant révolution industrielle mais dans ce cas, il faut dire adieu aux téléphones portables, aux réfrigérateurs et au chauffage. Il faut souligner que ces dernières années, c’est l’électricité qui a connu la plus grande progression dans la production énergétique. Il faut souhaiter des progrès en matière d’efficience énergétique et dans la recherche de nouvelles sources d’énergie stable mais la substitution nécessitera du temps. Le recours à la force des marées, à l’hydrogène qu’il faut néanmoins produire, l’amélioration du rendement des panneaux solaire constitue des pistes mais nullement la solution à notre problème énergétique. La fusion thermonucléaire contrôlée est une voie d’avenir. La réaction de fusion produit un gaz inerte, l’hélium inoffensif. Les Européens, les Russes, les Américains et les Japonais se sont associés dans le cadre du projet Iter avec la réalisation d’un réacteur d’essai à Cadarache. Il faut regretter que certains Etats rechignent à investir dans une technologie prometteuse.

Si la France venait à renoncer au nucléaire, elle devrait, par esprit éthique, refuser toute électricité venant d’un pays qui n’a pas décidé de démanteler ses centrales. Etant donné que nous avons également refusé l’exploitation du gaz de schiste au nom du principe de précaution et au regard d’un film et de quelques ratés aux Etats-Unis, nous devons également ne pas importer tout gaz d’origine suspecte. Il en est de même pour le pétrole. Le dossier se complique de plus en plus. Evidemment, il ne faut plus participer à des lancements de satellites ou d’engins spatiaux munis d’un moteur nucléaire. Il faut mettre à l’arrêt notre porte-avions et abandonner nos sous-marins. Adieu donc à la recherche spatiale, à l’armée…

La fin du nucléaire serait-elle source de chômage ? Pour les écologistes, les emplois perdus dans le nucléaire pourraient compenser par de nouveaux emplois dans les énergies propres. Il y aura évidemment des créations d’emploi mais il faut prendre en compte leur rentabilité. Etant donné le surcoût des nouvelles énergies, les créations d’emplois seront faibles d’autant plus que le financement par l’Etat sera réduit du fait de la situation budgétaire.

La fin du nucléaire est-elle synonyme d’augmentation du tarif de l’électricité ? Oui, actuellement, la France dispose d’un prix de l’électricité parmi les plus faibles de l’Union européenne en raison de ses réacteurs nucléaires. Certes, les écologistes n’ont pas tort de souligner que ce prix augmentera en raison du vieillissement du parc nucléaire et des dépenses liées au démantèlement des centrales. Mais, ils sont en partie responsables de la situation. En effet, la France à arrêter d’investir dans les années 90 et surtout durant la mandature de Lionel Jospin. Il a fallu attendre le lancement de l’EPR en 2004 pour amorcer un début de réinvestissement dans ce secteur qui manque cruellement d’ingénieurs. Si la France sort du nucléaire, il faudra à la fois payer le coût de démantèlement des vieilles centrales et surcoût lié au développement d’énergies moins efficaces. L’augmentation du tarif de l’électricité pénalisera les particuliers et également l’industrie. Par ricochet, cette augmentation pourrait donc aboutir à la destruction de nombreux emplois.

D’autres pays ont choisi de sortir du nucléaire comme les Allemands, alors pourquoi pas la France ? L’Allemagne n’est pas dans la même situation. La production d’origine nucléaire représente moins de 30 % de l’énergie électrique totale. L’Allemagne a privilégié le charbon et le gaz, c’est-à-dire plus de CO2, de pollution…

La question des déchets et des trains traversant l’Europe est un sujet de fixation. Il faut reconnaître qu’une centrale nucléaire produit peu de déchets en volume compte tenu de la production. Par ailleurs, les déchets sont deux types, à durée courte dont la nocivité diminue rapidement avec le temps et les autres qui sont fortement concentrés. La France dispose d’un des rares centres de retraitement des déchets avec une compétence de niveau mondial. Le traitement puis la vitrification réduisent les risques de contamination. Reste le problème du stockage sur longue période. Il est peut-être regrettable de laisser aux futures générations une partie de nos déchets mais il faut l’avouer l’être humain laisse des traces sur la planète et à défaut de prôner l’extermination finale il en sera toujours ainsi. La production des panneaux solaires, des batteries pour les voitures électriques qui ne sont pas actuellement recyclables constituent également des charges pour l’avenir. Espérons que la science trouve des solutions pour les batteries et pour les déchets radioactifs et de toute nature. Mais, la surface occupée par les déchets radioactifs est sans réduite par rapport aux autres types de déchets que nous émettons. L’économie contemporaine repose sur le progrès scientifique que certains veulent récuser au nom d’un fanatisme rousseauiste de bas étage.

Au lieu de jouer à l’autruche, mieux vaudrait travailler sur un renforcement de la coopération internationale ainsi que des contrôles. L’Agence internationale de l’énergie nucléaire n’a pas suffisamment de pouvoirs de contrôle et devrait dans le cadre d’une convention internationale avoir les moyens de fermer une centrale défaillante. En lieu et place de crier aux loups, il conviendrait d’investir afin de réduire les nuisances des déchets radioactifs tout comme il faudrait améliorer le suivi des personnes contaminées. Entre se tirer une voire deux balles dans le pied, tourner le dos à une énergie abondante et peu coûteuse, quelques minutes de réflexion ne sont pas inutiles.

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