La semaine économique vue par Philippe Crevel – 7 mars 2014
Le Coin des Epargnants
La bourse de Paris a été rattrapée par les évènements ukrainiens en baisse de 0,95 point sur la semaine. Le CAC 40 a, en effet, terminé à 4366 points. Les autres places européennes se sont inscrites dans cette tendance baissière.
Les menaces formulées par Gazprom d’interrompre ses exportations de gaz ont pesé sur les indices tout comme les déclarations russes et les réactions occidentales.
Par ailleurs, après deux très bons mois, les investisseurs ont certainement engrangé quelques plus-values.
Les résultats de l’emploi américain ont eu un impact limité même s’ils ne sont pas inintéressants. Les États-Unis ont gagné 175.000 emplois en février, mais dans le même temps, le taux de chômage a augmenté à 6,7 % contre 6,6 % en janvier.
La Banque Centrale Européenne veut conserver ses armes dans l’armurerie
La Banque Centrale Européenne a décidé de ne rien changer et de maintenir ses taux directeurs malgré certaines pressions inverses alimentées par quelques signaux déflationnistes.
Certes, son analyse repose sur des facteurs indéniables d’amélioration.
Le retour de la croissance de la zone euro se confirme de semaine. Désormais, la croissance pourrait atteindre près de 1,5 % en 2014 et 1,6 % en 2016.
L’Espagne et le Portugal portent le drapeau du retour de l’espoir avec le retour de la croissance grâce un regain de compétitivité qui favorise leurs exportations. Les taux d’intérêt des pays dits périphériques, Espagne, Portugal et Italie se rapprochent progressivement de ceux des pays du cœur de l’Europe.
Même l’industrie enregistre quelques signes encourageants grâce à une demande étrangère plus dynamique (aux Etats-Unis, Japon, Royaume-Uni), mais aussi de la stabilisation de la demande intérieure, notamment celle pour les biens d’équipement. Le taux d’utilisation des capacités est en progrès.
Il apparaît, à de nombreux experts, urgent de renouer avec l’investissement compte tenu du vieillissement des équipements
En revanche, la consommation reste relativement étale du fait de la volonté des ménages à reconstituer leur épargne.
Néanmoins, ces facteurs de croissance demeurent très fragiles. L’Europe n’est pas à l’abri du ralentissement en cours de la demande mondiale provoquée par le ralentissement de la Chine. De même, la croissance mondiale peut être impactée par le durcissement des politiques monétaires des pays émergents comme l’Inde, la Turquie, le Brésil, l’Afrique du Sud.
Du fait des excédents de la balance des paiements courants de la zone euro et des tensions internationales, la monnaie européenne risque de continuer son appréciation avec un risque de perte de parts de marché à l’exportation.
L’autre point d’inquiétude est la faiblesse récurrente de la demande de crédits en zone euro soulignant que les entreprises restent très prudentes face aux évolutions de la conjoncture.
Le processus de désendettement a un impact récessif voire déflationniste. Certes, le niveau de la dette, publique et privée, demeure élevé. La dette des sociétés non financières représentait 98 % du PIB à la fin de 2012, tandis que la dette des ménages s’établissait autour de 64 %. Les ratios de 80 % et 50 %, antérieurs à la crise, sont donc encore loin.
L’inflation demeure entre 0,7 et 0,8 soit assez éloigné du taux cible des 2 % mais la BCE considère que celui pourrait être atteint d’ici 2016.
La BCE a estimé en l’état de la situation urgent de ne rien faire. Elle fait le pari que la reprise économique se confirme. Elle considère qu’une intervention pourrait la priver d’outils si un retournement mondial se produisait dans les prochains mois. Compte tenu des incertitudes économiques, il peut être judicieux de conserver des armes dans l’armoire. La BCE doit intégrer le fait que l’économie mondiale reste suspendue à la capacité des Etats-Unis à surmonter la diminution des injections de liquidités et à celle de la Chine à changer de modèle de développement. Par ailleurs, au sein de l’Europe, il reste encore des points de faiblesse dont la France qui représente par définition un vrai risque systémique.
La France, en attendant Godot, la surveillance renforcée !
La France attend que le vent de la croissance de l’économie mondiale souffle à ses portes pour échapper à la dureté des réformes structurelles. Mais, à force de différer les réformes et les ajustements, les réalités s’imposent à la France. La mise sous surveillance renforcée par la Commission de Bruxelles constitue une épreuve de plus pour un pays qui depuis quelques années vit au rythme d’un long chemin de croix pavé de désindustrialisation, de déficits et de dégradation par les agences de notation.
La procédure de surveillance renforcée a été instituée dans le cadre du dispositif du «Two-Pack»: qui est le paquet législatif qui complète le cycle de surveillance budgétaire pour la zone euro afin d’améliorer la gouvernance économique. Ces mesures ont été prises après le déclenchement de la crise grecque pour éviter aux autorités européennes et aux Etats de se retrouver face à un pays membre à la dérive.
Le «two-pack» instaure à l’égard des États membres faisant l’objet d’une procédure de déficit excessif un système de contrôle. L’État membre concerné devra communiquer régulièrement à la Commission des informations sur les mesures qu’il a prises pour corriger son déficit excessif.
La Commission sera ainsi mieux en mesure de détecter tout risque compromettant cette correction. Si elle constate l’existence d’un risque de cette nature, la Commission pourra adresser une recommandation directement à l’État membre concerné de sorte que ce dernier puisse faire tout ce qui est en son pouvoir pour éviter d’être considéré comme étant en défaut et donc éviter des sanctions pécuniaires.
Par ailleurs, le «two-pack» renforce le contrôle et la surveillance des États membres dont la stabilité financière est sérieusement mise à mal ou risque de l’être. L’intensité de ce contrôle et de cette surveillance dépendra de la gravité des difficultés financières traversées par l’État membre concerné. La France est désormais placée dans cette catégorie.
Cette surveillance accrue se fondera sur les obligations incombant aux États membres au titre du PSC mais elle ira aussi au-delà.
Compte tenu des résultats de cette surveillance, la Commission pourra conclure qu’un État membres est tenu de prendre des mesures supplémentaires parce que sa situation financière risque d’avoir des répercussions majeures sur la stabilité financière de la zone euro. En pareil cas, la Commission pourra proposer que le Conseil des ministres recommande à l’État membre concerné d’adopter des mesures correctrices ou d’élaborer un projet de programme d’ajustement macroéconomique. De facto, les marges de manœuvre du Gouvernement se sont réduites avec le placement du pays sous surveillance renforcée.
Etats-Unis, le long début du marathon budgétaire
Avec le mois de mars débute l’élaboration du budget 2015 des Etats-Unis. Le président Obama a publié ses propositions budgétaires avec un montant de dépenses de USD 3 651 mds pour un déficit de 3,1 % du PIB.
Dans les prévisions budgétaires, le retour à un excédent est prévu pour 2018 avec un recul du ratio de dette de 72 ,1% actuellement à 69% en 2024 (contre 79,2% selon les estimations du CBO).
Le projet du président Obama est très centré sur les classes modestes et moyennes ainsi que sur la réforme fiscale.
Le président Obama redemande une progression du salaire minimum à USD 10,10 de l’heure et la réintroduction de l’indemnisation chômage pour les chômeurs de longue durée (arrivée à échéance fin 2013).
II a également demandé un relèvement du crédit d’impôt destiné aux faibles revenus.
Le Président Obama souhaite également la création d’un réseau national d’instituts locaux, constituant autant de pépinières de promotion de l’investissement et de l’innovation dans le secteur manufacturier.
Il a également souhaité favoriser les investissements directs et les dépenses publiques fédérales en recherche et développement ainsi qu’en faveur des dépenses privées de R&D grâce à la réforme du crédit d’impôt.
Le président Obama appelle à la création d’une Banque nationale pour les infrastructures, permettant le financement mixte de projets. La banque, détenue à 100 % par l’Etat fédéral, levant des fonds publics et privés, pourrait accorder des prêts et des garanties, permettant de soutenir l’essentielle augmentation des dépenses en infrastructures.
Le projet présidentiel prévoit également une hausse des dépenses d’éducation, y compris des mesures en faveur de la formation continue et du soutien au développement des compétences des chômeurs de longue durée.
Le Président Obama propose d’engager en 2015 un premier volet de réforme fiscale avec l’impôt sur le revenu des personnes.
Cette réforme viserait à limiter le montant des déductions fiscales dont bénéficient les dons, le paiement des intérêts hypothécaires ou encore certains produits de placement de l’épargne retraite pour les plus fortunés. Selon la Maison Blanche, cette mesure ne toucherait que les 3% des Américains les plus aisés.
Le Président souhaiterait que les Américains ayant plus d’un million de dollars de ressources en acquittent pour au moins de 30% en impôts au gouvernement fédéral.
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