La semaine économique et financière
Le coin du Cercle des Epargnants
La Bourse de Paris a terminé la semaine en hausse mettant ainsi un terme à quatre séances de baisse. A 3652 points, le CAC 40 a perdu 2,07 % sur la semaine. Depuis le début de l’année, l’augmentation n’est plus que de 0,30 %. La bourse a été impactée par les mauvaises nouvelles en provenance du FMI concernant la situation économique de la zone euro et les interrogations sur la conjoncture américaine.
L’once d’or a terminé en-dessous des 1400 dollars à 1393,75. Le cours des matières premières non agricoles restent orientés à la baisse du fait de l’atonie de la demande mondiale.
France, l’heure des révisions et des déchirements
Le Gouvernement a encore acté le recul du PIB en 2013 en retenant un taux de 0,1% pour le pays, taux toujours jugé optimiste tant par le FMI et la Commission européenne qui parie sur un rempli du PIB en 2013. La grande majorité des économistes évalue le recul entre 0,3 et 0,1 point.
Cette réduction de la croissance oblige le Gouvernement à accroître son effort en matière de maitrise des comptes publics. Pour atteindre 2,9 % du PIB en 2014 contre 3,9 % cette année, l’ajustement devrait porter sur une vingtaine de milliards d’euros. Malgré l’engagement pris par le Président de ne pas recourir à de nouvelles augmentations d’impôts, il apparaît inévitable que la pression fiscale continuera dans les prochains mois à s’accroître. Une nouvelle diminution du plafond des niches fiscales serait à l’étude. Afin de financer les dépenses d’assurance-retraite, une augmentation des cotisations est également prévue.
Au-delà de la polémique sur le maintien ou non de la rigueur, des voix s’élèvent afin de ne pas pénaliser les charges pesant sur les entreprises. Jean-Marc Ayrault a dû souligner, dans une interview aux Echos, le rôle des entreprises. Le Gouvernement pourrait reporter l’application des actions de groupe voire différer l’entrée en vigueur de la complémentaire pour les salariés qui pourrait pénaliser les PME.
Croissance mondiale à trois vitesses
Le FMI a révisé à la baisse dans ses perspectives du mois d’avril le taux de croissance de l’économie mondiale. Il l’évalue à 3,3% en 2013, soit trois dixièmes de points de moins par rapport à celle encore envisagée l’automne dernier.
A l’exception du Japon, où un plan de relance massif se met en place, tous les grands pays, avancés comme émergents, voient leur croissance révisée en baisse.
Cette révision est en grande partie imputable à la zone euro. L’activité économique qui devait être marquée par un léger redressement, demeurera négative.
Dans les comptes du FMI, le PIB des dix-sept recule de 0,3% en 2013, après s’être déjà contracté de 0,6% en 2012. Il faut souligner que la zone euro pèse 14 % du PIB mondial. L’Italie et l’Espagne sont rejointes par la France pour la récession.
Si la zone euro pouvait espérer d’un moindre effort dans la réduction des déficits publics, les ajustements en cours dans la sphère privé contribuent à peser sur l’activité. Par ailleurs, la France est entrée après les autres Etats dans une phase d’ajustement de ses comptes publics. Au niveau de la zone euro, le rythme de réduction prévue des déficits publics est divisé par deux par rapport à 2012.
Le FMI note que des pays d’Europe du Sud ont accompli des efforts importants en matière de compétitivité dont notamment l’Espagne qui a réduit les salaires et qui améliore son solde commercial. Par ailleurs, les Européens ont renforcé leurs liens de solidarité et régulation avec l’union bancaire, les apports directs en capitaux ou les garanties du Mécanisme européen de stabilité (MES) et les concours financier de la BCE aux Etats à travers le programme OMT (outright monetary transactions).
Le FMI note que les pays émergents sont impactés par la récession de la zone euro mais qu’ils réussiront à maintenir une croissance élevée de plus de 5 % quand les Etats-Unis joueront les intermédiaires avec une croissance autour de 2 %.
G 20, L’Europe félicitée mais encouragée à alléger son austérité
La réunion du G 20 sous présidence russe s’est conclue sur l’idée que les pays à forts excédents commerciaux devaient relancer leur économie. La formule vise, en premier lieu, l’Allemagne. Il est à noter que l’Europe a réussi à réduire son déficit public de 6,2 à 2,9 % du PIB de 2010 à 2013 conformément à l’engagement pris au sommet du G 20 à Toronto. Ce recul du déficit est en grande partie imputable à l’Allemagne dont le solde budgétaire a été ramené de -4,1 à +0,1 % du PIB sur la période.
Etats-Unis, le miracle aura-t-il lieu ?
Entre problèmes de gouvernance et indicateurs versatiles, les Etats-Unis maintiennent un net écart avec la zone Euro en matière de croissance. Leur taux croissance devrait être selon le FMI de 1,9% d’après le FMI en 2013 et pourrait atteindre 2,4%. L’application brutale du cliff fiscal devrait ponctionner la croissance de 1,5 à 1,75 point mais la résorption de la crise immobilière avec des stocks immobiliers au plus bas, le redémarrage du crédit, le taux de marge élevé des entreprises et la profitabilité record des investissements constituent des arguments de choc en faveur du renforcement de la croissance. Elle est par ailleurs portée par la baisse du coût de l’énergie.
Chine : menace sur le miracle ?
Avec plus de 5% de croissance en 2013, les zones émergentes devraient porter l’essentiel de l’expansion économique mondiale (80% du taux de croissance).
Même si à court terme, il n’y a pas de menaces sur la croissance des émergents, il n’en demeure pas moins que des interrogations se développent et en particulier pour la Chine.
Une inquiétude prend forme au tour du niveau d’endettement de la Chine. Fin 2012, le ratio d’endettement de son secteur privé est de 170 % du PIB avec, en outre, une part importante de financement non traditionnel ou shadow banking important qui tourne autour de 40% du PIB. Si excès il y a, il serait concentré du côté des prêts aux entreprises, très fortement incitées à investir durant la crise de 2008-2009. Les ménages, eux, restent relativement peu endettés.
France, l’investissement ferait-il de la résistance ?
Le taux d’investissement a, en France, peu baissé passant de 20,4% fin 2011 à 19,9% au quatrième trimestre 2012. L’investissement productif des entreprises non financières n’a reculé que de 0,5 % en 2012 en moyenne annuelle (en termes réels), Ce recul est inférieur à celui enregistré en Italie par exemple où l’investissement est en chute de 9% en 2012 après déjà -1% en 2011 ou en Allemagne qui enregistre une baisse de 4%.
Ce maintien est assez étonnante au regard du taux de marge qui est au plus bas 27,9% en 2012. A moins de 30%, le taux de marge des SNF françaises est aussi le plus bas de la zone euro.
La Lettonie, le 18ème Etat
La Lettonie confirme sa volonté d’entrer dans l’euro au 1er janvier 2014. Malgré les déboires de la zone monétaire, la Lettonie considère son intégration comme un facteur de croissance. Pour accéder au Graal de l’euro, la Lettonie a réduit son déficit public de 10 à 1,2 % du PIB. Une cure d’austérité sans précédent a été appliquée portant sur 17 % du PIB et une diminution des salaires de 25 %. Néanmoins, la Lettonie a renoué avec une croissance de 5 % en 2011 et 2012.
A suivre
Mardi 23 avril sera publié pour la zone euro, l’enquête PMI (estimation flash, avril).
L’indice composite d’activité était à 46,5 en mars en baisse pour le deuxième mois consécutif. Les composantes les plus avancées des enquêtes PMI laissent penser que la dégradation se poursuit en avril.
Mardi, l’Insee publiera son étude sur le climat des affaires (avril) avec un possible rebond technique dans les services. Pour l’industrie, un statu-quo est envisageable.
Mercredi est attendu le résultat des commandes des biens durables aux Etats-Unis avec une baisse attendue.
Toujours mercredi, il faudra suivre la première estimation de la croissance du premier trimestre du Royaume-Uni. Le PIB, en recul de 0,3% t/t au quatrième trimestre. Il pourrait augmenter au premier trimestre 2013. Mercredi, l’Allemagne publiera son indice IFO qui pourrait être en baisse.
Vendredi, les Etats-Unis communiqueront le résultat du PIB au premier trimestre. Les prix à la consommation au japon seront également connus. La baisse pourrait être de 0,8 % loin de la cible de 2 % fixée à la Banque centrale. .
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