La lettre économique n°80 du 21 juin 2014 de Lorello Ecodata

Au sommaire de la lettre du 21 juin

  • Le coin des Epargnants
  • Le départ poussif du PEA-PME
  • Que ferions nous sans les Américains ?
  • De combien faut-il diminuer votre salaire pour sauver la France
  • Les sociétés inégalitaires s’en sortent-elles mieux ?
  • A suivre,  la semaine prochaine

Le coin des épargnants, une semaine en demi-teinte

Le CAC 40 a terminé la semaine du 20 juin à 4541 points, en recul de 0,04 % sur la semaine. Depuis le début de l’année, le CAC 40 est en progrès de 5,7 %.

Les investisseurs ont été rendus prudents par les évènements en Irak et en Ukraine. Dans la première partie de la semaine, ils ont également craint un durcissement plus rapide de la politique monétaire américaine. La Présidente de la FED, Janet Yellen, les a rassurés en se contentant simplement de réduire les injections de liquidités à 35 milliards d’euros et en ne relevant pas les taux.

Le petit train du PEA-PME

Trois mois après son lancement, le PEA-PME fait du surplace avec seulement 250 millions d’euros collectés par les fonds de placements. L’objectif des 4 à 5 milliards d’euros à trois ans sera difficile à atteindre.

Le PEA-PME a souffert du retard de la publication des décrets et de la complexité rencontrée pour les entreprises à se faire référencer. Par ailleurs, le produit n’a pas fait l’objet de grandes campagnes de communication de la part des grands réseaux bancaires.

Ce qui était prévisible, la moitié des sommes collectées (110 millions sur les 250) ont été investies dans des PME européennes et non françaises. En effet, la France compte peu d’entreprises de taille intermédiaire, de PME de taille suffisante pour accéder aux marchés. Il y a également peu de chefs d’entreprises qui sont rodés aux émissions d’actions. L’ISF constitue, aussi, un frein pour l’ouverture du capital. Le PEA-PME risque donc de favoriser les PME allemandes et anglaises.

Quel est le calendrier de la BCE pour acheter des titres ?

Le 5 juin dernier, la BCE a décidé tout à la fois de baisser les taux et d’engager des procédures non traditionnelles afin de relancer le crédit et donc l’activité. Les premiers prêts de la BCE auprès des banques devraient intervenir entre les mois de septembre et décembre de cette année. Ces émissions s’effectueront après l’évaluation du système bancaire. La BCE évaluera au premier trimestre 2015 les effets de la politique mise en œuvre et aura le recul suffisant pour déterminer les menaces éventuelles de déflation.

Que ferions-nous sans les Américains ?

Les Américains sont de loin les premiers investisseurs étrangers de l’Union européenne. Selon Eurostat, avec 313 milliards d’euros, les États-Unis sont, en effet, largement en tête des investisseurs extérieurs à l’Union.

Le Brésil arrive en deuxième position mais très loin derrière avec 21 milliards d’euros investis suivis de la Suisse (18 milliards d’euros), du Japon (10 milliards d’euros), de Hong Kong et de la Russie (8 milliards d’euros chacun).

Dans le sens inverse, les Etats-Unis sont également la principale région d’intervention des capitaux européens. Ainsi, en 2013, les Etats-Unis ont capté 159 milliards d’euros de capitaux en provenance de l’Union européenne. Ces échanges renforcent l’idée qu’une alliance commerciale renforcée entre les deux principales zones économiques n’est pas sans fondement.

Au-delà des Etats-Unis, les investissements extérieurs de l’Union se sont concentrés dans les centres financiers offshore pour 40 milliards d’euros, le Brésil (36 milliards d’euros, la Suisse (24 milliards d’euros, Hong-Kong (10 milliards d’euros et la Chine (8 milliards d’euros).

En revanche, l’Europe a réalisé des sorties de capitaux de la Russie pour 11 milliards d’euros. Ce processus s’est accéléré depuis le début de l’année avec la crise ukrainienne.

Faut-il une société inégalitaire pour avoir de la croissance ?

Les derniers résultats économiques sont assez troublants. Ce sont des pays qui ont de forts taux de pauvreté ou dont les inégalités de revenus augmentent qui obtiennent de meilleurs résultats en termes de croissance et d’emploi. Les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l’Allemagne en sont les meilleures preuves. Le taux de pauvreté atteint 16,2 % au Royaume-Uni, 16,1 % en Allemagne et 15 % aux Etats-Unis contre 14 % en France.

La montée de l’endettement a permis de maintenir le niveau de consommation aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. Par ailleurs, l’effet richesse généré par l’appréciation de la bourse a contrebalancé l’effet récessif lié à l’augmentation du taux de pauvreté. La politique accommodante aux Etats-Unis et au Royaume-Uni joue également un rôle important.

En Allemagne, il y a deux mondes du travail, celui des services non reliés à l’industrie qui enregistrent des salaires faibles et celui qui dépend des exportations qui offre des rémunérations importantes. La croissance allemande est tirée par les exportations et par la consommation des actifs dépendant des secteurs liés au commerce international.

Les Etats-Unis et le Royaume-Uni s’appuient sur des coûts salariaux nettement inférieurs à ceux de la zone euro. Le salaire horaire toutes charges comprises est de 27,8 euros aux Etats-Unis contre 36,1 en Allemagne et 36,7 en France. Au Royaume-Uni, il s’élève à 24,6 euros.

Par ailleurs, les Etats-Unis bénéficient de réductions de coûts générés par le développement du gaz de schiste. Dans ce pays, un léger processus de ré-industrialisation est constaté qui s’accompagne d’une amélioration de la balance commerciale. Par ailleurs, de nombreux emplois sont créés dans les servies, emplois à faible qualification et à faible rémunération mais qui permettent une baisse continue du chômage.

De combien réduire le coût du travail en France pour s’en sortir ?

Le Gouvernement français s’est engagé à alléger le coût du travail d’environ 40 milliards d’euros sur trois ans ; or, pour effacer la perte de compétitivité accumulée sur une décennie, il faudrait multiplier l’effort par trois. La restauration du taux de marge à son niveau du début des années 2000 suppose une réduction des coûts salariaux soit une baisse de 15 % de la masse salariale. Cette restauration du taux de marge est nécessaire pour la relance de l’investissement et pour l’amélioration de la balance commerciale, sachant qu’une baisse des salaires freine par définition les importations. La France est, aujourd’hui, le pays de la zone euro qui a le déficit commercial le plus élevé. Si, pour le moment, personne n’imagine une baisse des salaires en France, elle a pourtant commencé. Certes, les salaires de actifs ayant un emploi continuent d’augmenter du fait des accords d’entreprise et des conventions de branche mais les salaires sont orientés à la baisse pour les jeunes entrant sur le marché du travail et pour les demandeurs d’emploi qui en retrouvent un. En outre, la multiplication des CDD et le recours croissant à l’intérim comme aux travailleurs détachés en provenance des pays d’Europe de l’Est constituent des moyens de diminuer la masse salariale. Le marché du travail français est fortement dual avec des personnes en poste bénéficiant d’un régime de protection et ceux qui en sont exclus et qui subissent une double peine ; celle d’être sortie du marché du travail et celle de devoir y entrer avec dans un cadre dégradé.

A suivre next week

Lundi 23 juin

Pour la zone euro, il faudra suivre les enquêtes PMI du mois de juin. L’indice PMI serait comme en mai en baisse mais il serait en phase avec un taux de croissance de 0,4 % attendu pour le deuxième trimestre.

L’indice PMI services devrait être en baisse pour la France ; en revanche, celui du secteur manufacturier devrait être en hausse.

Mardi 24 juin

En Allemagne sera publié l’indice IFO de juin. Il pourrait poursuivre son processus de baisse engagé en mai.

Aux Etats-Unis, il conviendra d’analyser l’indicateur de confiance des consommateurs qui devrait être en hausse.

Mercredi 25 juin

Aux Etats-Unis, il faudra étudier les résultats des biens durables de mai.

En France, il faudra évidemment suivre les enquêtes INSEE sur le climat des affaires de juin. Certains espèrent une inversion de tendance avec le retour de la hausse après 8 mois de recul de l’indice.

En Allemagne sera publié l’indicateur de confiance des consommateurs qui devrait rester stable.

Jeudi 26 juin

Il faudra suivre la réunion du Conseil européen qui devrait tirer les conséquences des élections européennes.

Aux Etats-Unis, il faudra regarder les dépenses de consommation de mai.

Vendredi 27 juin

Au Japon, il sera intéressant de suivre l’indice des prix à la consommation de mai et de juin pour Tokyo. Le taux de l’inflation pourrait frôler les 4 % en mai du fait de l’effet retardé de la hausse de la TVA de 3 points TVA intervenue.

Toujours au Japon, sera publiée l’enquête sur les revenus et les dépenses des ménages de mai. Les dépenses de ménages devraient enregistrer un rebond technique avec une forte chute d’avril en raison de la hausse de TVA. Néanmoins, en glissement annuel, la baisse serait de 1 %. Il faudra également regarder le rapport sur l’emploi du Japon pour le mois de mai. Le taux de chômage devrait se situer autour de 3,5 %.

Au niveau de la zone euro, il faudra étudier l’indice du climat économique de juin. L’indice devrait traduire une augmentation du rythme de croissance sur le deuxième trimestre.

En Allemagne, l’indice des prix à la consommation de juin sera rendu public. Il devrait ressortir en hausse.

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