La lettre économique N°76

Comme chaque semaine, retrouver la lettre économique de Philippe Crevel

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Le coin des épargnants

Et non, le CAC n’a pas encore réussi à terminer la semaine au-dessus des 4500 points. L’indice a progressé de 0,83 % sur l’ensemble de la semaine et a terminé à 4493,15 points. Il se rapproche du niveau de septembre 2008 juste avant la faillite de la banque américaine Lehman Brothers. Depuis le début de l’année, l’indice parisien gagne désormais près de 4,6 %.

Le marché supporte assez bien les derniers évènements en Ukraine et les incertitudes liées aux élections européennes. Le marché a été dopé par la hausse des entreprises du secteur de l’automobile et par Alstom.

Cette semaine, il faudra regarder les conséquences électorales et les résultats de l’assurance-vie.

Le Japon plie mais résiste

Les résultats inquiétants de Sony pourraient laisser penser que l’archipel du Levant retourne dans les affres de la crise ; or la situation est très contrastée. L’économie japonaise a connu au premier trimestre son meilleur taux de croissance depuis plus de deux ans.

En effet, les indicateurs sont très mitigés. Le premier trimestre a été marqué par une progression des dépenses du fait de l’anticipation de la hausse de TVA. Les commandes de machines, hors éléments volatils, ont progressé, ainsi, au mois de mars de 19,1%. Pour le moment, l’économie semble résister à l’augmentation de trois points de TVA. La politique monétaire très accommodante favorise l’activité. Néanmoins, le développement du déficit commercial peut, à terme, fragiliser l’économie japonaise. La dépréciation du yen combiné à une dépendance accrue fragilise l’économie nippone. L’insuffisance des gains de productivité et une moindre innovation freinent les exportations. L’épargne privée est drainée au profit de l’Etat au détriment des entreprises.

Le Japon vit, encore sur les acquis des années 80 et 90. En revanche, le vieillissement de la population, la faible ouverture du pays tant au niveau de la recherche, de l’immigration, du capital, constitue un frein structurel à la croissance. L’alliance Renault-Nissan est une exception mais qui a pour limite qu’elle est avant tout une opération financière qui repose sur les épaules de Carlos Ghon qui a sauvé Nissan de la faillite.

La France plus riche, moins endettée sans rien sans rien faire

Les différents Etats modifient, actuellement, les règles méthodologiques retenues le calcul des principaux indicateurs macroéconomiques dont le PIB. Cette modification fait l’objet d’un accord international.

Ainsi, après révision, la France gagne 3,2 % de création de richesse soit 62 milliards d’euros. Cette modification aboutit à rehausser la croissance française de 0,1 point entre 1949 et 2013. Elle atteint désormais 3,3 %.

Bonne nouvelle relative, la dégradation des comptes publics est réduite en raison de l’augmentation du PIB. La dette est réduite de 1,7 point et le déficit de 0,2 point. Ce dernier est encore de 4,2% du PIB en 2013. Le taux de prélèvements obligatoires (PO) s’élève désormais à 44,7% du PIB en 2013 contre 45,9% dans l’ancienne mouture. La part des dépenses publiques dans le PIB s’élève toujours à 57,1% en 2013, sans changement. La dette publique redescend en-dessous de 92 % à 91,8 % du PIB.

Du fait de cette modification des règles comptables, le poids de l’industrie augmente et surtout la désindustrialisation est à l’arrêt depuis 2009. Comme quoi en changeant le thermomètre, le regard peut changer.

Le poids de l’industrie dans la valeur ajoutée est  désormais à 13,8%  soit le même niveau qu’en 2009. Le taux de marge des sociétés non financières est relevé de deux points en moyenne ce qui ne l’empêche pas d’être toujours à un point bas. Il est désormais de 29,7 %.

L’augmentation du PIB provient d’une meilleure valorisation des dépenses de recherche et de développement. Elles expliquent à elles seules à 41 milliards d’euros sur les 62 milliards d’euros d’augmentation.

Si les Etats-Unis ont déjà effectué cette révision, en Europe, seuls les Pays-Bas se sont engagés dans cette opération. Le PIB des Pays-Bas a gagné 7,6 % quand celui des Etats-Unis a progressé de 3 %.

Etats-Unis, alors reprise ou pas reprise, il faudrait savoir ?

Les Etats-Unis sont toujours à la recherche d’un second souffle durant ce premier semestre. Après des résultats décevants au cours des trois premiers mois avec une croissance de 0,1 %, une éclaircie semble se dessiner. L’immobilier donne en particulier des signes encourageants. Ainsi au mois d’avril, les mises en chantier ont enregistré une très forte augmentation avec +13,2% et à +26,4 % sur un an contre une chute de 2,4 % au premier trimestre.

L’inflation qui était passée en-dessous de 1 % au début de l’année a franchi cette barre en mars ce qui est jugé encourageant par la FED. Néanmoins, le faible taux d’activité et sous-emploi de plus en plus structurel constituent des menaces fortes pour l’économie américaine. La consommation qui demeure le principal moteur de la croissance américaine n’est pas affectée par la persistance de ce fort sous-emploi. Avec l’autosuffisance gazière, les Etats-Unis importent de moins en moins d’énergie. Le gaz de schiste génère des gains au niveau de la production estimés à 17 % en cinq ans. Néanmoins, le secteur du gaz qui a connu un engouement sans précédent est en cours de rationalisation avec des concentrations. De ce fait, le potentiel de gains s’amenuise.

Compte tenu des éléments en leur possession et en l’absence de changement de taux par la FED et de durcissement budgétaire compte tenu de la proximité des élections de midterm, les autorités tablent toujours sur une croissance de 2 % cette année.

A suivre, next week

Lundi 26 mai 2014

Il faudra regarder en Allemagne l’enquête sur la confiance des consommateurs qui devrait rester stable en mai.

Mardi 27 mai 2014

Aux Etats-Unis, les résultats des commandes des biens durables devraient être en baisse avec un recul de 0,9 %.

L’INSEE publiera, en France, l’indicateur de confiance des consommateurs pour le mois de mai. Il devrait rester stable à 85 nettement inférieur à son niveau de moyenne période. En Italie, cet indicateur qui sera publié le même jour pourrait ressortir en baisse.

Mercredi 28 Mai 2014

En France, il faudra suivre avec attention les dépenses de consommation des ménages en biens du mois d’avril. Elles sont attendues en hausse après un premier trimestre décevant.

En Allemagne sera connu le taux de chômage qui devrait rester stable à 6,7 %.

Il faudra suivre les résultats de la masse monétaire en zone euro qui pourrait rester sur une progression de 1,1%. Si la progression était plus faible, cela justifierait encore un peu plus l’intervention de la BCE qui est prévue pour le mois de juin.

Au niveau européen, seront publiés l’indicateur de la confiance des consommateurs ainsi que celui du climat des affaires. Ils pourraient être en baisse.

Jeudi 29 mai 2014

Plusieurs indicateurs américains seront publiés dont les promesses de vente de maisons.

Vendredi 30 mai 2014

Au Japon, il faudra suivre les prix à la consommation du mois d’avril et pour Tokyo de mai. Avec la hausse de la TVA de 3 points, les prix devraient, en base annuelle, augmenter d’environ 3 %.

Toujours au Japon seront connus les revenus et les dépenses des ménages pour le mois d’avril. Les dépenses des ménages ont diminué en raison e la hausse de la TVA qui les avait dopées au cours des mois précédents. Il faudra également suivre la production industrielle pour le mois d’avril qui a dû reculer de 2 à 2,5 % toujours en relation avec la hausse de la TVA. Enfin, sera publié le rapport de l’emploi d’avril avec un taux de chômage de 3,7% en légère hausse en raison de la baisse de la demande du personnel temporaire toujours en raison du ralentissement des dépenses de consommation.

En Allemagne, il faudra suivre les résultats des ventes au détail d’avril. Aux Etats-Unis, il sera intéressant de regarder les différents indicateurs avancés (indice de confiance des consommateurs Michigan, indice des directeurs d’achat de Chicago ainsi que les déclarations de la FED.

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