La lettre économique hebdomadaire N°75 de Lorello Ecodata

Comme chaque semaine, retrouver la lettre économique de Lorello Ecodata.

Au sommaire de la lettre N°75 :

  • Le coin des épargnants
  • Zone, euro, en attendant juin
  • Le Royaume-Uni trace sa route
  • L’Allemagne accélère
  • Mais que fait la France pendant ce temps là
  • A suivre, next week

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Le coin des épargnants

Le CAC 40 a terminé à 4 456 points et a perdu 0,46 % en une semaine. Comme la semaine précédente, il n’a pas réussi à tenir la ligne des 4500 points atteinte en début de semaine.

Les investisseurs ont souhaité encaisser leurs bénéfices et ont pris prétexte, pour le faire, de l’annonce de résultats économiques moins bons que prévu.

Néanmoins, le contexte reste favorable aux actions du fait de l’importance des liquidités et du maintien de la politique de faibles taux d’intérêt par les banques centrales. La possibilité de nouvelle baisse des taux par la BCE devrait inciter les investisseurs à s’orienter encore plus fortement vers les actions.

La semaine prochaine, il faudra suivre les résultats du Livret A. Il est à noter que selon les comptes nationaux, le taux d’épargne était de 15,1 % du revenu disponible brut à la fin de l’année 2013 avec une épargne financière de 5,8 %. Le taux d’épargne reste élevé en France grâce au réinvestissement des produits. En revanche, les flux financiers ont tendance à s’étioler.

Le Royaume-Uni trace sa route

Le Royaume-Uni trace sa route avec une croissance de 0,8 % au premier trimestre identique à celle de l’Allemagne à la nuance près que d’un côté il y a un déficit commercial et de l’autre un excédent commercial.

Le taux de chômage est tombé à 6,8 %. Le nombre de chômeurs, au sens du Bureau international du travail (BIT), a baissé de 133 000 au premier trimestre et s’élève à 2,209 millions).  Le taux de chômage est revenu à son niveau de début 2009. Ce résultat est obtenu avec un très bon taux d’emploi à 72,7% soit son niveau le plus élevé depuis juillet 2008.

Cette croissance est favorisée par la politique monétaire accommodante de la Banque d’Angleterre (BoE) et par l’application d’un plan fiscal favorable à l’offre.

Londres pratique une communication très dynamique afin d’attirer les investissements d’origine étrangère. Il y a une concurrence entre l’Irlande et le Royaume-Uni. Il est à noter que les mesures annoncées sont parfois plus de l’affichage qu’un véritable avantage pour les entreprises, le facial tend à l’emporter sur la réalité…

Le taux de l’impôt sur les sociétés est passé de 28 % à 21 % et doit être fixé à 20 % en 2015. Le Royaume-Uni aura alors le taux le plus faible de tous les pays du G20, à égalité avec l’Arabie saoudite, la Turquie et la Russie. Le taux de l’Allemagne est de 29 %, celui de la France avant contribution exceptionnelle de 33 % ou celui des Etats-Unis qui est de 40 %. Mais, en matière d’impôt sur les sociétés, il faut regarder la composition de l’assiette ; or en la matière, le Royaume-Uni est moins avantageux que de nombreux autres pays.

Pour favoriser l’innovation et la recherche développement et attirer les nouveaux secteurs d’activité, le Royaume-Uni a introduit la « patent box » (« boîte à brevet »), permettant d’imposer qu’à 10 % les profits réalisés sur les brevets. La France dispose, en la matière, du crédit d’impôt recherche qui est assez efficace malgré sa légendaire complexité. Avec ce dispositif, Londres veut attirer Google, Apple, l’industrie pharmaceutique. GlaxoSmithKline a ainsi décidé de centraliser toute sa propriété intellectuelle au Royaume-Uni et Pfizer étudie la question.

Par ailleurs, pour attirer les cadres supérieurs et dirigeants, Londres a réduit l’imposition sur les  salaires de plus de 180 000 euros. Le taux marginal est passé de 50 % à 45 %. Par ailleurs, après quelques hésitations, le statut des « non-dom », ces étrangers vivant au Royaume-Uni mais fiscalement domiciliés dans un autre pays, a été maintenu.

L’Allemagne accélère mais craint les lendemains qui déchantent

Le taux de croissance de l’économie allemande a été de 0,8 % au premier trimestre, soit le plus fort taux de croissance enregistré depuis trois ans Sur une base annuelle, le taux de croissance dépasse 2,5 %.  La croissance a été favorisée par un hiver clément, par la bonne tenue de la consommation et de l’investissement qui ont compensé le recul des exportations. Par ailleurs, les entreprises ont reconstitué leurs stocks, après la contraction marquée à la fin d’année dernière.

Pour le deuxième trimestre, la croissance pourrait s’essouffler du fait des problèmes des Pays-Bas, de la France et de l’Italie. Le ralentissement plus important que prévu de la Chine pourrait peser sur les résultats. L’économe allemande qui dépend des commandes de machines et robots de l’Empire du Milieu.

La crise ukrainienne pourrait également gêner l’Allemagne. L’Ukraine est toujours confrontée à de graves troubles qui paralysent son économie qui dépend de deux pays, la Russie et de l’Allemagne.

L’Allemagne tente, de ce fait, de rapprocher Kiev et les pro-Russes. Elle essaie d’éviter une escalade des sanctions sachant qu’elle en serait la première pénalisée.

Afin de veiller à leurs intérêts, les industriels allemands mais aussi les représentants des pouvoirs publics seront cette semaine très présents au Forum de Saint Pétersbourg qui devrait servir de base à de nombreux contacts informels entre les officiels des deux pays. La France est beaucoup plus discrète.

L’Allemagne ne peut pas se priver des relations avec la Russie. Il ne faut pas oublier que l’Allemagne est le premier partenaire européen de la Russie. La Russie fournit un tiers des importations allemandes de gaz et de pétrole, lesquelles transitent largement par l’Ukraine. En outre l’abandon du nucléaire prévu pour 2022 suppose une sécurisation des sources d’énergie. Avec la France, l’Allemagne est un des pays les plus présents en Russie avec 6 000 entreprises allemandes qui y sont implantées et qui y emploient 300 000 personnes. L’Allemagne serait la principale victime du ralentissement de l’économie russe surtout qu’elle se combinerait avec le ralentissement chinois.

Zone euro, en attendant juin et la BCE

Si l’Allemagne rit pour le moment, c’est la soupe à la grimace en France, en Italie mais surtout aux Pays-Bas, ce dernier pays étant pénalisé par la baisse du prix du gaz. Le Portugal n’arrive pas non plus à sortir réellement de la récession.

Au premier trimestre, la croissance n’a été que de 0,2 % pour la zone euro comme au 4ème trimestre 2013. Aux Pays-Bas, le PIB a reculé de 1,4%, en Italie de 0,1 %et t au Portugal de 0,7%.

Le temps clément aurait dû favoriser la croissance en particulier dans le secteur du BTP. Dans les faits, la reprise reste très modérée dans ce secteur et, en revanche,  le secteur énergétique a été pénalisé par de moindres commandes.

La croissance espagnole est une note positive dans ce contexte un peu sombre. Le PIB y a augmenté de 0,4 % au premier trimestre. Cette santé retrouvée de l’Espagne qui s’appuie sur une compétitivité accrue de ses entreprises n’est pas sans poser des problèmes à la France et à l’Italie qui sont nettement en retard dans leur plan d’assainissement. La réduction des déficits publics aussi lente soit elle empêche pour le moment la reprise interne de l’économie française. A la différence de l’Espagne qui réussit à accroitre sa demande externe, les exportations françaises progressent peu et surtout moins vites que les importations.

Avec une inflation qui demeure faible et une croissance qui ne décolle pas, tout le monde attend, au mois de juin, comme le messie le Président de la BCE. Comme cela a été indiqué lors de la dernière réunion de la BCE, le Conseil des Gouverneurs devrait prendre des décisions en fonction des projections d’inflation et de croissance qui seront rendues publiques le 5 juin prochain. La BCE resterait fermement opposée à l’idée d’un programme d’achat à grande échelle de titres de dettes publiques (« quantitative easing »), mais serait en revanche prête pour l’adoption de plusieurs autres mesures, Une baisse du taux refi et taux du prêt marginal, le passage du taux sur la facilité de dépôts en négatif, l’extension de mi-2015 à mi-2016 de la procédure de refinancement à taux fixe avec allocation illimitée, une nouvelle LTRO (opération de refinancement à long terme) à taux fixe, et, enfin, le rachat auprès des banques de portefeuilles de prêts titrisés sont des possibilités. Bien évidemment, la BCE ne les utilisera pas toutes d’un coup. L’option de la baisse du refi et éventuellement du taux de la facilité de dépôt est a priori a plus probable.

Mais que fait donc la France pendant ce temps-là ?

En 2013, les dépenses publiques se sont élevées à 57,2 % du PIB et les prélèvements obligatoires ont atteint un sommet en zone euro avec 44,7 % du PIB. Toujours, en 2013, selon l’INSEE, le déficit public a été de 88,8 milliards d’euros, soit 4,2 % du produit intérieur brut (PIB). Par rapport à 2012, le déficit public a diminué de 12,2 milliards d’euros en raison de l’augmentation des recettes plus rapide que celle des dépenses. Les recettes publiques augmentent de 1,1 point de PIB quand  les dépenses ont progressé de 0,5 point. La diminution du déficit public est imputable aux administrations publiques centrales et, dans une moindre mesure, pour les organismes de sécurité sociale. En revanche, il augmente pour les administrations publiques locales.

Une guerre de mouvement fiscal et social est engagée par le Gouvernement depuis la nomination de Manuel Valls comme Premier Ministre. La succession rapide des annonces ne permet pas d’apprécier la trajectoire suivie en matière de réduction de déficits publics d’autant plus qu’elles ont vocation à s’appliquer selon un calendrier de plusieurs années. L’ensemble des mesures d’allègements d’impôts et de charges sociales portent sur plus de 30 milliards d’euros qu’il faut mettre en parallèle avec le plan d’économies de 50 milliards d’euros. Tout ceci s’inscrit, par ailleurs, dans le cadre du respect de l’objectif des 3 % de PIB de déficit en 2015 sachant qu’une croissance plus faible d’un point génère un déficit supplémentaire de 10 milliards d’euros. La mission du Premier Ministre qu’il a bien voulu accepter est de plus en plus impossible à remplir… La France devrait, dans les faits, bénéficier d’un répit dans la réduction de son déficit d’autant plus que la reprise européenne n’est pas au rendez-vous. Le Gouvernement plaidera qu’un plan de rigueur en France qui est la deuxième économie de la zone euro risquerait de peser sur les résultats de cette dernière. Il faudra de toute façon attendre le mois de juin et la composition de la nouvelle composition de la Commission de Bruxelles pour en savoir plus sur la position de l’Europe et des pays membres sur la situation économique et budgétaire française. A priori, compte tenu de la montée des partis anti-européens, une large coalition partis conservateurs, partis libéraux et partis socio-démocrates est envisageable.

A suivre, next week

Lundi 19 mai 2014

Au Japon, il faudra regarder les résultats de la production et des commandes de machines pour le mois de mars. Un bon résultat est attendu mais qui ne saurait préjuger de l’avenir. Les déboires de Sony démontrent que l’économie japonaise n’est pas sortie de ses problèmes.

Mardi 20 mai 2014

Au Royaume-Uni sera attendu l’indice des prix à la consommation pour le mois d’avril. En mars, l’inflation a été  en repli de 0,1 point et avait rejoint son niveau le plus bas depuis octobre 2009. Il est fort probable qu’elle soit dans les mêmes eaux en en avril.

Mercredi 21 mai 2014

Au Japon, il faudra suivre les résultats du commerce international pour le mois d’avril. Il est possible que le déficit commercial diminue en avril, en raison d’une baisse des importations avec le ralentissement de la demande intérieure de la demande intérieure et l’augmentation des exportations. Néanmoins, le déficit resterait autour de 2,5 % du PIB ce qui est un comble pour l’ex-champion des excédents commerciaux…

Jeudi 22 mai 2014

Les grandes banques centrales ont leur réunion respective jeudi sauf en ce qui concerne la BCE.

Au Royaume-Uni, sera officiellement dévoilé le taux de croissance du PIB du 1er trimestre. Dans les faits, il est déjà connu. Il a atteint +0,8% t/t, après +0,7% t/t au T4 2013.

Après les résultats mitigés de la croissance au 1er trimestre, il faudra regarder de près les enquêtes PMI (France, zone euro, Allemagne) de Mai pour apprécier l’activité du deuxième trimestre. Elles pourraient confirmer l’amélioration de la conjoncture. L’indice composite d’activité (à 54 en avril) devrait avoir progressé à nouveau en mai, grâce principalement à une accélération de l’activité dans les services.

En France, il sera très intéressant de lire les enquêtes INSEE sur le climat des affaires de mai. En avril, l’indicateur composite du climat des affaires de l’INSEE traduisait une stagnation pour son septième mois. En mai, une amélioration est attendue.

Aux Etats-Unis, plusieurs indicateurs avancés seront publiés jeudi

Vendredi 23 mai 2014

En Allemagne, il faudra étudier l’indice IFO de mai. A 111,2 en avril, l’indice IFO avait augmenté pour se placer juste en dessous de son dernier pic de juillet 2011. En mai, il devrait avoir baissé, en raison des problèmes ukrainiens et chinois.

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