La lettre économique hebdomadaire de Lorello Ecodata : 14 juin 2014
Au sommaire de la lettre économique hebdomadaire N°79 de Lorello Ecodata publiée le 14 juin 2014 :
- Le coin des épargnants
- Le Royaume-Uni seul sur son île
- France, en mal d’emplois
- La menace déflationniste
- Les Etats-Unis, l’empire contre-attaque
- A suivre, la semaine prochaine
Le coin des épargnants
La bourse de Paris a connu une semaine un peu plus agitée que les précédentes avec un CAC 40 qui après avoir frôlé 4600 points, est redescendu sur la ligne des 4500 points.
Sur une semaine, le CAC 40 a abandonné 0,83 %. Les évènements en Irak constituent un foyer d’inquiétudes. Les tensions dans ce pays pourraient, en effet, peser à la hausse sur les prix du pétrole et freiner ainsi la croissance.
Par ailleurs, les investisseurs ont également pris en compte les déclarations du FMI sur la possible existence de bulle spéculative dans l’immobilier et celles de la Banque centrale anglaise sur une possible remontée des taux d’intérêt. Cette hausse pourrait freiner la croissance anglaise et surtout lancer un mouvement plus général. Or, surtout, au niveau de la zone euro, une remontée des taux aurait un impact négatif sur l’activité.
Enfin, après quelques semaines de hausses, des prises de bénéfices étaient inéluctables.
Depuis le début de l’année, la CAC est progression de 5,76 % et 19,62 % sur un an.
Le moteur de la déflation s’est-il mis en route
La menace de moins en moins fantôme de la déflation
La BCE avec ses dernières décisions a pris acte que de l’existence de facteurs déflationnistes. Le problème des autorités monétaires comme gouvernementales est d’apprécier à leur juste mesure la déflation qui pourrait miner en profondeur nos économies.
La BCE a dû admettre que le taux d’inflation ne serait que de 0,7 % en 2014 et de 1,1 % en 2015 (contre 1 % et 1,3 % dans les projections du mois de mars). Elle craint ouvertement après l’avoir nié durant des mois l’enclenchement d’une spirale déflationniste. Non seulement les prix baissent dans l’industrie mais également dans les services. Or, pour ces derniers, les salaires constituent le principal poste de dépenses. Une diminution des prix signifie donc une diminution de la masse salariale ou une dégradation du taux de marge des entreprises. Les Etats d’Europe du Sud sont certainement entrés dans une phase de déflation qui est masquée au niveau de la zone euro par l’inflation de l’Allemagne et à celle plus que réduite de la France, ces deux pays représentant 50 % de l’inflation pondérée de la zone.
La déflation se matérialise par une baisse généralisée des prix. Elle devient pernicieuse quand elle s’autoalimente. Ainsi, une baisse des prix a comme conséquence une augmentation des taux d’intérêt réels rendant plus coûteux le remboursement des dettes obligeant les acteurs économiques à réduire leurs dépenses de consommation et d’investissement. Pour contrer l’augmentation du coût du remboursement des emprunts, les entreprises font pression à la baisse sur les salaires ; la moindre consommation contribue à augmenter le chômage ce qui facilite la baisse des salaires. Cette diminution de la rémunération des actifs a pour conséquence une diminution de la demande et aboutit à de nouvelles réductions de prix. Du fait de la baisse de leur rentabilité, les entreprises reportent leurs investissements. Par ailleurs, en déflation, il vaut mieux rembourser que d’investir car le coût des emprunts augmente dans le temps avec en plus un risque de baisse du chiffre d’affaire. La valeur future des investissements est difficile à apprécier. En déflation, le futur n’est pas une source de bénéfices attendus mais un potentiel de perte. Il est donc urgent de ne rien faire.
La volonté des agents privés et publics de réduire leur niveau d’endettement génère automatiquement des tendances déflationnistes. La liquidation des dettes contribue à un ralentissement de la vitesse de circulation de l’argent d’autant plus que depuis la crise de 2008 / 2009 il est demandé aux banques d’accroître fortement leurs fonds propres.
Aujourd’hui, la déflation est, en partie, masquée par l’appréciation des valeurs des actions. Néanmoins, au regard de l’évolution de la consommation, des salaires et de l’emploi, en particulier, au sein de la zone euro, nous ne sommes pas loin de l’enclenchement d’une spirale déflationniste.
La France toujours en mal d’emplois
La France devient de plus en plus une exception sur le plan de l’emploi. Nos partenaires recréent des emplois quand nous sommes encore en train d’en détruire. Ainsi, au premier trimestre 2014, l’emploi dans les secteurs marchands non agricole a diminué de 21 700 postes. Certes, il faut souligner que l’emploi marchand est quasiment stable avec une création nette de 4 500 postes pour ce trimestre contre une destruction de 2 000 postes au trimestre précédent). Il n’en demeure pas moins que sur un an, 44 400 postes ont été supprimés dans les secteurs principalement marchands.
Dans l’industrie, l’emploi continue de baisser avec -7 200 postes au premier trimestre. Sur un an, le nombre d’emplois perdus atteint 46 300 postes.
Ces résultats ne sont que la traduction du faible niveau de la consommation qui demeure étale, de l’investissement qui tarde à repartir et des difficultés des entreprises à regagner des parts de marché à l’exportation. La France a le déficit commercial le plus élevé de la zone euro. Au-delà de la question des charges sociale, c’est celle du positionnement des entreprises notamment industrielles qui se pose. La France intervient trop sur le segment gamme moyenne et est concurrencée tout à la fois par l’Europe du Sud et par les pays émergents. La priorité devrait être donnée à la recherche, l’innovation et au haut de gamme…
Le Royaume-Uni, seul sur son île
Au Royaume-Uni, le taux de croissance pourrait atteindre 3 %, le taux de chômage pourrait descendre vers 6% ce qui le rapprocherait du plein emploi. Les indicateurs avancés sont au vert. La production industrielle a été en forte croissance au mois d’avril avec une progression de 0,4 %.
A l’heure actuelle, le taux de chômage est de 6,6 % soit son plus bas niveau depuis janvier 2009. Le taux d’emploi est e 72,9 % avec des créations d’emploi très fortes (350 000 par trimestre). En outre, contrairement à la tendance de ces dernières années, les emplois créés sont majoritairement des emplois de salariés.
Cette embellie très rapide pourrait inciter le gouverneur de la Banque centrale, Mark Carney à remonter le taux d’intérêt directeur qui a été fixé à 0,50% depuis mars 2009. Les tensions inflationnistes commencent à se faire jour et les prix de l’immobilier sont en hausse. Selon l’indice Halifax, les prix des logements
La croissance du Royaume-Uni se nourrit d’une habile politique de facilité monétaire et de réduction de la fiscalité sur l’offre. Par ailleurs, le Royaume-Uni a réussi à attirer des capitaux étrangers qui contribuent à améliorer la compétitivité des entreprises. Il faut néanmoins souligner que la balance commerciale reste fortement déficitaire. Ce sont encore et toujours les produits financiers qui font la force de l’économie britannique.
Le Royaume-Uni pourrait être néanmoins confronté à une série de problèmes économiques et politiques avec le référendum dans moins de 100 jours sur l’indépendance de l’Ecosse et sur celui qui pourrait être organisée la participation du Royaume-Uni à l’Union européenne. La city a besoin de l’Europe. La seule solution serait de pouvoir négocier un traité de libre-échange commercial et financier avec l’Union européenne. Le traité en cours de négociation avec les Etats-Unis pourrait servir de vecteur à un tel accord mais au vu des difficultés rencontrées pour l’élaborer, cette réponse ne sera pas prête au moment du référendum qui devrait intervenir si le Premier Ministre Cameron tient sa promesse en 2016 ou 2017. En termes économiques, le Royaume-Uni certes gagnerait quelques milliards d’euros en n’étant plus contributeur net de l’Union. En revanche, il pourrait être pénalisé au-delà de la sphère financière dans ses exportations de biens (voitures, chimie, pharmacie…). En outre, si l’Ecosse obtient son indépendance, le Royaume-Uni pourrait se retrouver entourer de pays membres de l’Union avec l’Irlande et l’Ecosse. Il ne resterait plus aux Pays de Galles à faire e même.
L’organisation de ces référendum pourraient peser à terme sur la valeur de la Livre Sterling et freiner la croissance actuellement exceptionnelle du Royaume-Uni.
Etats-Unis, l’Empire contrattaque
Après un début d’année calamiteux en raison, en partie, des mauvaises conditions climatiques, la croissance serait en phase d’accélération au cours de ce deuxième trimestre.
En tendance annuelle, le PIB s’est contractée de 1 % au 1er trimestre (1ère chute depuis le 1er trimestre 2011) non pas du fait d’une diminution de la consommation mais d’un repli des investissements, d’un important déstockage et d’une chute des exportations.
Malgré la contraction du PIB au 1er trimestre, l’emploi a bien résisté au point que les Etats-Unis ont réussi à effacer la crise de 2008/2009. Avec la création de 8,8 millions d’emplois depuis le point bas de 2010, l’économie américaine vient tout juste de dépasser le nombre d’emplois qui avait été atteint six ans auparavant. Il faut remonter à la crise des années 30 pour retrouver un aussi long délai.
La taux de chômage devrait revenir au cours de l’année à 6 % avec une légère accélération des créations d’emploi qui devraient passer de 200 000 par mois à 300 000 en moyenne durant l’année. Du fait de l’appréciation de la bourse et de l’amélioration de la situation de l’emploi, la consommation devrait rester porteuse. Au niveau de la situation de l’emploi, il faut rester vigilant sur les statistiques et étudier le taux d’occupation de la population active qui demeure faible nettement inférieur à 70 %. L’appréciation des cours constitue un autre facteur de vigilance. L’existence d’une bulle spéculative n’est pas impossible. La question se posera avec plus d’acuité quand la FED décidera d’augmenter ses taux directeurs. Pour le moment, aucune annonce permet de penser que cette hausse interviendra dans les prochains mois mais si le taux de chômage revient à 6 %, si l’inflation franchit la barre des 2 % et si la croissance revenait sur un trend de 3 %, sans nul doute que la hausse des taux directeurs redeviendrait d’actualité.
A suivre, next week
Lundi 16 juin
Au niveau de l’Union européenne, il sera intéressant d’étudier le taux d’inflation pour le mois de mais qui devrait ressortir en baisse pour la zone euro à 0,5 % en base annuelle contre 0,7 % au mois d’avril. Le taux d’inflation pour le mois de mai devrait être de -0,1 %. Cette baisse conforte la BCE dans son changement de politique et dans sa décision de lutter contre l’enclenchement d’une spirale déflationniste.
Aux Etats-Unis, il faudra suivre l’évolution de la production industrielle de mai qui devrait avoir augmenté de 0,4 % après une baisse de 0,6 % en avril. Le taux d’utilisation des capacités de production devrait avoir augmenté en passant de 78,6 à 78,8 % d’avril à mai. Ce rebond marquerait le retour de la reprise après la contraction du PIB au 1er trimestre.
Mardi 17 juin
Aux Etats-Unis, il faudra surveiller le taux d’inflation qui devrait se maintenir sur la cible des 2 % en base annuelle. Le taux d’inflation du mois de mai devrait être de 0,2 %. Il faudra analyser également les mises en chantier et les permis de construire qui pourraient marquer un recul en mai.
Il faudra également regarder de près le taux d’inflation du mois de mai pour le Royaume-Uni. Il s’était rapproché de 2 % en atteignant 1,8 %. Il devrait rester autour de ce taux.
Plusieurs indicateurs avancés dont l’enquête ZEW sur le sentiment économique de la zone euro et pour l’Allemagne pour le mois de juin seront publiés ce mercredi. Ils sont attendus en légère hausse.
Mercredi 18 juin
Aux Etats-Unis, la réunion de la FED qui devrait annoncer une nouvelle réduction des injections de liquidités sera, sans nul doute, très suivie. Le montant des injections de liquidités devrait être ramené à 35 milliards de dollars au lieu de 45 milliards de dollars.
Jeudi 19 juin
Seront publiés, au Royaume-Uni, les résultats des ventes au détail de mai. Leur taux de croissance devrait être moins rapide qu’en avril. Il pourrait revenir de 6,9 à 4,2 % en base annuelle.
Vendredi 20 juin
Les Ministres européens des finances se réunissent (Ecofin). Au niveau européen, il sera intéressant d’étudier l’indice de confiance des consommateurs de juin.
En Allemagne, l’indice des prix à la production sera, par ailleurs publié.
Partagez