Inflation au plus bas, qu’en sera-t-il pour le Livret A

10/07/2014, classé dans

L’inflation reste à des niveaux historiquement bas en France. Le taux s’élève à 0,5 %  en juin contre 0,7 %  en mai et avril 2014. La  diminution du taux de croissance annuelle s’explique selon l’INSEE par le décalage de la collecte des prix qui intègre cette année, en juin, un nombre plus élevé de jours de soldes que l’an dernier. Ce décalage touche en particulier les prix de l’habillement-chaussures. Globalement, en juin 2014, la baisse mensuelle des prix des produits manufacturés compense la hausse, saisonnière à l’approche des vacances d’été, des prix des services. Par ailleurs, les prix de l’alimentation et ceux de l’énergie se sont légèrement repliés en juin 2014.

Plus inquiétante est la baisse de l’inflation sous-jacente qui gomme les aléas conjoncturels.  Elle n’est que de 0,1 % en juin traduisant tout à la fois la stagnation économique et les forces déflationnistes.

L’indice d’inflation sous-jacente est un indice désaisonnalisé qui permet de dégager une tendance de fond de l’évolution des prix. Il traduit l’évolution profonde des coûts de production et la confrontation de l’offre et de la demande.
Il exclut les prix soumis à l’intervention de l’État (électricité, gaz, tabac…) et les produits à prix volatils (produits pétroliers, produits frais, produits laitiers, viandes, fleurs et plantes,…) qui subissent des mouvements très variables dus à des facteurs climatiques ou à des tensions sur les marchés mondiaux.L’indice d’inflation sous-jacente est corrigé des mesures fiscales (hausse ou baisse de la TVA, mesures spécifiques sur les produits…) de façon à neutraliser les effets sur l’indice des prix de la variation de la fiscalité indirecte ou des mesures gouvernementales affectant directement les prix à la consommation. L’inflation sous-jacente est ainsi plus adaptée à une analyse des tensions inflationnistes, car moins perturbée par des phénomènes exogènes.

Dans ce climat de faible inflation, le Gouverneur de la Banque de France a réitéré sa demande de baisse du taux de rendement du Livret A compte tenu de l’évolution du taux de l’inflation. En effet, avec un taux d’inflation à 0,6 %, en retenant la formule de fixation du taux du Livret A, ce dernier devrait passer à minima de 1,25 à 1 % à compter du 1er août. Le taux du Livret A évolue en fonction de l’inflation ou en fonction des taux du marché monétaire. En raison des faibles taux d’intérêt, depuis plusieurs années, seule l’inflation est retenue pour le calcul du rendement du Livret A. En vertu de la formule, le taux de rendement du Livret A doit être supérieur de 0,25 point au taux d’inflation constaté.

En abaissant à 1 % voire à 0,75 %, le taux de rendement atteindrait son plus bas niveau historique ce qui politiquement ne sera pas simple à vendre pour le Gouvernement au moment même où ce dernier a décidé de réduire les impôts sur les classes moyennes et les revenus modestes.La baisse du taux du Livret A provoquerait une décollecte comme cela a été constaté après le 1er août 2013 (5 mois de décollecte sur 9 mois). Pour le moment, cette décollecte n’est pas inquiétante compte tenu des montants accumulés depuis 2012. Une diminution du taux incitera les épargnants à laisser leur argent sur leurs comptes courants. Coté avantage pour les pouvoirs publics, la baisse du taux du Livret A réduira le coût du financement du logement social. Actuellement, les organismes d’HLM peuvent trouver avantage à emprunter sur les marchés. Néanmoins, l’impact de la baisse serait assez faible pour la construction de logements sociaux. Aujourd’hui, la rareté du foncier est un élément de blocage plus important que la question du taux. Le Gouvernement ne devrait pas retenir le taux de 0,75 %. Un tel taux en outre ne ferait que confirmer la force des facteurs déflationnistes en France. De ce fait, le Gouvernement pourrait opter pour le taux de 1 % et cela nécessiterait déjà une stratégie de communication pour le faire accepter.

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