Etude sur l’Uruguay (2012)

27/02/2012, classé dans

La superficie de l’Uruguay représente 186 215 km², soit 2,9 fois moins que la France. La population de l’Uruguay s’élève à 3,4 millions d’habitants. Elle est, à 92 %, urbaine. 50 % de la population vit dans la capitale de Montevideo qui assure 60 % du PIB du pays. La moitié sud du pays comprend 75 % de la population. 88 % de la population est d’origine européenne et 4 % est métis.

L’Uruguay est confronté à un problème démographique du fait de sa faible population et de sa répartition déséquilibrée (campagnes sous-peuplées). L’actuel Président de la République a engagé un programme nataliste et fait appel à l’immigration (en provenance du Brésil, de l’Argentine ou du Paraguay). L’objectif est d’accroitre la population de 500 000 à 1,5 million d’habitants dans les dix prochaines années. L’objectif est de maintenir le taux de croissance à un haut niveau et d’éviter les tensions inflationnistes susceptibles d’être provoquées par des goulots d’étranglements dans plusieurs secteurs d’activités dont l’agriculture. Cette politique est contrecarrée par une expatriation des jeunes Uruguayens qui préfèrent travailler en Argentine, au Brésil voire aux Etats-Unis.

Après de nombreux soubresauts politiques et économiques, l’Uruguay est considéré comme un pays stable, démocratique et relativement libéral. Le point noir est lié à la faible transparence financière du fait de sa spécialisation dans le recyclage des capitaux en provenance de ses deux grands voisins, l’Argentine et le Brésil, l’Uruguay étant tenté de devenir une Suisse d’Amérique Latine.

I. SITUATION POLITIQUE, UN PAYS AUTREFOIS AGITE DEVENU DEMOCRATIQUE

1. L’Uruguay est un pays d’Amérique latine et donc connu des années 60 à 80, une période agitée

La vie politique a été longtemps dominée par deux partis : le Colorado et le Blanco avant l’émergence d’un Front de gauche.

Le parti Colorado a été au pouvoir durant près d’un siècle jusqu’à la victoire du parti Blanco en 1958. Ce dernier conserva l’exécutif jusqu’en 1966. Une nouvelle constitution fut appliquée en 1967 mais les libertés individuelles furent alors suspendues avec le retour du parti Colorado au pouvoir. L’Uruguay entra dans une période de troubles avec le développement d’une guérilla urbaine. Le Mouvement de libération nationale, plus connu sous le nom de Tupamaros, intensifia ses offensives en vue de renverser le gouvernement. Les Tupamoros s’engagèrent dans une série d’assassinats et d’enlèvements politiques. La guérilla fut également animée par les Escadrons de la mort (Escuadrón de la muerte) et la Jeunesse uruguayenne de Pie (Juventud Uruguaya de Pie).

Face à l’anarchie croissante, les militaires prirent progressivement le contrôle de l’exécutif et s’en emparèrent définitivement le 27 juin 1973. L’instauration d’un régime dictatorial s’accompagna d’importantes grèves animées par la Confédération nationale des travailleurs (CNT).

2. la démocratie s’est installée depuis 30 ans avec des alternances réussies

La transition démocratique intervient après plusieurs coups d’Etat et l’échec d’un référendum instaurant une nouvelle constitution par les militaires en 1980. En 1984, ces derniers négocièrent avec les représentants des partis les conditions de leur retrait de la scène politique.

Le Président Julio María Sanguinetti, membre du Parti Colorado, rétablit la démocratie en 1985 avec à la clef une loi d’amnistie couvrant les militaires responsables de violations des droits de l’homme (entre 1973 et 1985), puis confirmée par référendum en avril 1989. Le Front de gauche actuellement au pouvoir essaie de revenir sur cette amnistie sans y réussir pour le moment.

Son successeur, Luis Alberto Lacalle, du Parti national (ex Parti Blanco) devint Président. Il négocia l’adhésion, en 1991, de l’Uruguay au Mercosur. Avec le retour au pouvoir du Julio María Sanguinetti, du Parti Colorado, en 1994, l’Uruguay a connu une série de réformes structurelles afin de libéraliser l’économie.

Le 31 octobre 2004, Tabaré Vázquez (Parti progressiste-Front élargi-Nouvelle Majorité) devient le 33ème président constitutionnellement élu. Cette élection marque une rupture car pour la première fois depuis 174 ans, un président élu n’appartient ni au Parti Colorado, ni au Parti national (ex Blanco).

L’actuel Président de la République a été élu en 2009 et se nomme Jose Mujica dit « pépé ». Le Président est un ancien guérillero Tupamaros qui est devenu un adepte de l’économie de marché. Il est membre d’une confédération qui réunit de nombreux partis allant du centre gauche à l’extrême gauche, le Frente Amplio (FA). Il a établi une concertation avec les deux autres partis, le Colorado et le Parti national qui a pris la forme d’un pacte d’union nationale. Les différents partis sont associés pour définir les grandes orientations politiques et économiques du pays.

La constitution en vigueur est assez proche de celle des Etats-Unis avec un exécutif représenté par le Président de la République et deux chambres.

Indice de démocratie en 2008 [/10](Index The Economist)
Rang : 23 sur 165 pays

Pluralisme du système électoral 10,0
Fonctionnement du gouvernement 8,2
Niveau de participation politique 5,0
Degré d’ouverture de la culture politique 7,5
Liberté civile 9,7
Indice global (moyenne) 8,1

Des droits de propriété fortement protégés

Tous les Uruguayens, ainsi que les étrangers quelle que soit leur nationalité sans aucune limitation ou restriction peuvent acheter de la terre en Uruguay. La terre peut être achetée à titre personnel (personne physique) ou par une Société Agricole ou Commerciale (une Société Anonyme, par exemple, dont les actions sont nominatives pour l’achat des biens immeubles ruraux) ou une Société à Responsabilité Limitée (SRL), parmi d’autres.

En Uruguay, le régime juridique de la propriété garantie la certitude et la sécurité d’un négoce juridique. La propriété d’un bien immeuble est prouvée par le Titre de Propriété. Dans la plupart des cas, le titre de propriété est un acte authentique passé par devant notaire.

II. L’ECONOMIE DE L’URUGUAY, UNE ECONOMIE DEPENDANTE DE SON AGRICULTURE

Le pays est membre du MERCOSUR (Brésil, Argentine, Paraguay et Uruguay), de l’Association Latino-américaine d’Intégration (ALADI) et de la Banque Américaine de Développement.

Ses principaux partenaires commerciaux sont l’Espagne, l’Argentine, le Brésil, l’Allemagne et les Etats-Unis. La France n’arrive qu’en 88ème position.

L’Uruguay, du fait de son positionnement géographique et de sa taille, s’est spécialisé dans le recyclage des capitaux en provenance du Brésil, de l’Argentine mais aussi en provenance des pays émergents. L’autre atout de ce pays provient de la richesse de ses terres agricoles.

Le taux de croissance de l’Uruguay tourne autour de 5 et 8 %.

Les risques commerciaux et politiques sont jugés faibles voire nuls selon les différentes agences (MOCI…).

Actualité économique

La question du paradis fiscal

L’OCDE a retiré, au mois de décembre dernier, l’Uruguay de sa liste noire des paradis fiscaux. L’Uruguay y figurait depuis 2009. Nicolas Sarkozy s’était opposé à ce retrait en tant Président du G20 au motif que Montevideo faisait partie des capitales qui «ne se sont pas dotées d’un cadre juridique adapté à l’échange d’informations fiscales ».

L’Uruguay devient un créancier des ex-pays riches

L’Uruguay, auparavant débiteur du Fonds monétaire international (FMI), en est devenu l’un des créanciers. À travers le FMI, quelques dizaines de millions de dollars des fonds uruguayens ont été prêtées à l’Angola et à l’Irlande marquant le changement de statut de ce pays.

A. situation économique générale

Part des principaux secteurs d’activités dans le PIB :

 agriculture et pêche : 30 %
 industrie et mines : 20 %
 services : 50 %

1. la situation économique

L’Uruguay a traversé une crise économique de forte ampleur au début des années 90 avec une spéculation liée à un afflux de dollars. Avec l’appui du FMI, l’économie a été stabilisée. Une nouvelle récession a été enregistrée, au début des années 2000, du fait de la crise en Argentine. L’actuel Président Mujica a poursuivi l’action économique de son prédécesseur à travers une politique budgétaire et monétaire prudente, accompagnée d’un programme de réformes structurelles visant à attirer les investissements étrangers. Il s’appuie sur son Vice-Président Danilo Astori, qui avait réformé le système fiscal en 2007 et permis la création d’un impôt sur les revenus des personnes physiques.

Après avoir connu entre 1999 et 2002 sa récession la plus profonde depuis l’après-guerre, l’Uruguay a bénéficié de taux de croissance élevés entre 2004 et 2008 (croissance annuelle moyenne de 6,7 %), ramené à 2,9 % en 2009 en raison de la crise mondiale. Le pays a connu un rebond en 2010 avec une croissance de 8,5 % avec un PIB de 41 Mds/USD.

Son PIB par habitant (11 000 USD/an en 2010) est l’un des plus élevés d’Amérique du Sud.

Le tissu économique repose essentiellement sur le commerce et les services bancaires (Montevideo), ainsi que sur l’agriculture, l’élevage (dans l’intérieur du pays) et le tourisme (côte est).

Les investissements étrangers (+3,5 % du PIB en 2010) ont fortement augmenté, ces dernières années, en raison de la stabilité politique, de l’environnement des affaires (relative sécurité juridique et fiscalité favorable) et de la main d’œuvre qualifiée. En dehors de l’inflation (+5,9% en 2010), l’ensemble des données macroéconomiques sont saines :

 faible déficit budgétaire (1,2 % du budget en 2010) ;
 taux d’endettement en réduction (de 120% en 2004 à 53 % en 2010, stock de la dette extérieure 29 % du PIB) ;
 chômage peu élevé (7,2 % en 2011) ;
 balance commerciale équilibrée (prévision de + 0,2 % du PIB en 2010

Avec l’arrivée des capitaux étrangers, l’Uruguay essaie, comme le Brésil et l’Argentine, de freiner la progression des importations. Le Mercosur a pris des mesures protectionnistes à la fin de l’année 2011 avec une augmentation des droits de douane de 35 % sur une centaine de biens.

Taux de croissance

B. caractéristiques de l’économie uruguayenne

1. une économie marquée par la prééminence du secteur agricole

L’agriculture constitue la principale source de revenus à l’exportation (65 % des recettes d’exportations). L’agriculture compte pour 9,9 % du produit intérieur brut (PIB). Le PIB lié à l’agriculture et à l’élevage a connu une croissance plus rapide que l’ensemble du PIB pour la période de 2000 à 2008.

Si 63 % des exploitations (agriculture et pêche) sont familiales, celles-ci ne produisent que 17 % des produits agraires et halieutiques, l’essentiel de la production étant réalisée par des fermes détenues par des capitaux uruguayens ou étrangers.

Les produits à base de viande et la laine sont les plus importants. Les produits laitiers sont destinés à l’exportation vers les autres pays sud-américains. Il faut signaler également les exportations croissantes de céréales, de riz, de fruits et de légumes.

L’élevage du bétail

L’élevage bovin : l’élevage bovin couvre 82,4 % (13,5 millions d’hectares) de l’ensemble du territoire de l’Uruguay (16,4 millions d’hectares.) L’Uruguay a le taux le plus élevé de têtes de bétail par habitant au monde : 3,8 têtes de bétail par habitant. Le cheptel total actuel s’élève à 11,6 millions de têtes de bétail. Il y a environ 42 600 fermes d’élevage et 6 700 fermes d’élevage et agricoles

Les principaux marchés d’exportations sont ceux de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) (370 millions $US), de l’Union européenne (UE) (197 millions $US) et du MERCOSUR (67 millions $US) (FOB $US).

De nombreux abattoirs appartiennent à des entreprises brésiliennes et britanniques.

L’élevage ovin compte pour 10,3 millions de têtes, avec une production de viande ovine de 3,1 millions de têtes ou 123 000 tonnes, ainsi que 39 800 tonnes de production de laine. Les ‘exportations ovines sont dirigées vers l’Union européenne et le Brésil ainsi que vers l’Arabie saoudite, la Libye et l’Algérie.

Produits laitiers

L’Uruguay compte plus de 4 600 fermes laitières et occupent 918 000 hectares. Les exportations de produits laitiers représentent 353 millions $US, principalement exportés au Venezuela et au Mexique, soit 34 % et 24 % des exportations totales respectivement. La production laitière est surtout du fromage (48 000 tonnes), du lait en poudre (46 600 tonnes) ainsi que du beurre et de l’huile de beurre (15 800 tonnes).

Poulet

L’Uruguay produit 75 300 tonnes de viande de poulet, dont 94 % est destiné au marché local et le reste (4 600 tonnes) est exporté. Les principaux marchés d’exportation sont le Venezuela (43,4 %), l’Angola (14,5 %) et le Koweït (8,8 %). Le secteur est fortement contrôlé par une entreprise argentine responsable d’un tiers de la production totale de l’Uruguay.

La pêche

L’Uruguay a exporté 114 100 tonnes de poissons en 2008, les principaux marchés étant le Brésil (25,3 %), le Nigéria (21,5 %) et la Chine (10,8 %). L’Uruguay dispose de permis de pêche dans le Sud de l’Atlantique ce qui attire de plus en plus d’entreprises internationales avec la raréfaction des stocks et donc des permis.

Raisins : En 2008, environ 113 000 tonnes de raisins ont été produites, dont la majorité servent à la production de vin. Cette production commence avec la participation de capitaux argentins à enregistrer une forte progression.

Cultures

Riz : production totale : 1,3 million de tonnes, avec 174 000 hectares cultivés et des exportations de 461,7 millions $US. Les principaux marchés de l’exportation sont l’Iran, le Brésil, le Pérou et l’Espagne.

Blé : production totale : 700 000 tonnes, avec des exportations de 300 000 tonnes d’une valeur de 126,5 millions $US.

Maïs : production totale : 335 000 tonnes, dont 6 % était destiné à l’exportation en 2008. Les importations représentaient 110 000 tonnes.

Graine de tournesol : production totale : 773 000 tonnes avec des exportations de 39 000 tonnes qui représentaient 28 millions $US en 2008.

L’Uruguay exporte également du soja.

Problèmes et défis de l’agriculture uruguayenne

L’activité agricole uruguayenne est soumise aux contraintes climatiques (sécheresse qui peut amputer les exportations de 40 à 50 %). Elle doit faire face à un manque de main d’œuvre. Il y a donc un impératif besoin de mécanisation avec un effort d’investissement à réaliser dans les prochaines années. Il faut noter que pour les machines agricoles, ce pays dépend totalement de ses voisins directs et des Etats-Unis.

Des investissements étrangers croissants dans le domaine de l’agriculture

L’activité agricole a été marquée par une forte progression des investissements étrangers en particulier en ce qui concerne l’élevage des animaux. Les entreprises de Nouvelle-Zélande ont investi essentiellement dans le secteur laitier ; celles de l’Argentine et du Brésil dans le secteur du soja, du blé et autres fourrages ainsi que dans le riz.

Actuellement, les Uruguayens souhaitent développer les investissements afin d’atténuer l’utilisation massive des terres consacrées à la plantation de cultures et à l’élevage de bétail. Il y a également des recherches engagées pour augmenter la production du bétail, notamment par la génétique. La recherche et le développement dans le domaine du fourrage des animaux et des récoltes est en progression. Les firmes américaines et canadiennes se sont positionnées sur ces sujets.

Depuis 2006, la société de gestion française « Pergam Finances » a investi dans des terres agricoles en Uruguay et en Argentine à travers sa société « Campos Orientales » (4 fermes en Uruguay).

Le Canada entend également accroître sa présence en Uruguay. Les autorités canadiennes ont placé au cœur de leur stratégie de développement économique l’Uruguay compte tenu du poids du secteur agricole et du savoir-faire en la matière des sociétés de ce pays.

La montée en puissance des capitaux étrangers dans l’agriculture entraine une progression du mécontentement des petits agriculteurs qui demandent des accès protégés aux exportations.

2. le secteur industriel

L’Uruguay doit faire face à une diminution du poids de l’industrie qui emploie 20 % des actifs en 2010 contre 33 % en 1986.

Le premier secteur industriel est lié à l’agriculture. Les industries agro-alimentaires occupent la moitié des salariés de l’industrie.

Les autres secteurs industriels présents sur le territoire sont la transformation du pétrole, du charbon, des produits chimiques, des textiles, les biens d’équipement du transport et les articles en cuir.

Le pétrole et le charbon sont importés pour la transformation et pour la consommation interne.

Les ressources minérales actuelles sont peu abondantes et se limitent à des matériaux de construction, minéraux industriels et un peu d’or. Des prospections ont été réalisées et elles indiquent qu’il y a des réserves d’autres minéraux précieux qui n’ont toujours pas été extraits.

3. les services

Le secteur tertiaire emploie 70 % des actifs.

L’Uruguay dispose d’un important secteur financier du fait de son rôle de place off shore pour l’Argentine et le Brésil. Ses établissements bancaires n’ont pas rencontré de difficultés apparentes ces dernières années.

L’Uruguay joue aussi la carte du tourisme avec sa façade atlantique en ciblant la clientèle en provenance de l’Argentine, du Chili ou des Etats-Unis. La ville balnéaire à la mode est « Punta del Este ». Les autorités uruguayennes mettent également en avant les espaces préservées de leur pays.

4. la place « off shore » de l’Amérique latine

L’Uruguay a un système fiscal territorial incitatif pour les sociétés domiciliées en Uruguay qui ne réalisent que des affaires avec l’étranger. A l’exception des «prestations techniques», il n’est pas prélevé d’impôt sur les bénéfices étrangers.

Les investisseurs étrangers peuvent se servir de:

 sociétés anonymes uruguayennes (S.A.U. – sociedad anónima uruguaya or compañía residente)
 sociétés d’investissements financiers (SAFI – sociedad financiera de inversión)

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