UN EMPRUNT, POUR QUOI FAIRE ?

23/06/2009, classé dans

Nicolas Sarkozy, devant le Congrès de Versailles, le 22 juin 2009, a annoncé le lancement d’un grand emprunt national afin de financer de grands projets d’investissement et contribuer à bien sortir de la récession.

Parier sur l’investissement, sur l’innovation constitue, en effet, une nécessité.

Au-delà de l’éclatement de la bulle financière, la crise actuelle est avant tout une crise de productivité et d’épuisement du précédent cycle d’innovations.

Les pays anciennement industrialisés n’ont pas face à la concurrence des pays émergents n’ont pas réussi à améliorer leur productivité et surtout à retrouver des espaces de compétitivité.

L’argent peu cher offert par les banques centrales après le 11 septembre 2001 a favorisé la recherche de gains rapides, spéculatifs. Les innovations financières ont ainsi supplanté les innovations techniques.

Si le grand emprunt par sa force symbolique permet aux acteurs de redonner de la valeur au temps et de se projeter économiquement dans l’avenir, il aura servi à quelque chose.

En revanche, bien évidemment, le grand emprunt n’est rien d’autre que de la dette en plus. Bien évidemment, l’Etat empruntera cette année pour financer son quotidien plus de 100 milliards d’euros.

Un emprunt national se distingue des lignes classiques d’obligations assimilables du Trésor par l’appel direct à l’épargne des particuliers. Il se distingue également par les conditions ou les modalités d’émission (indexation sur les prix ou l’or, régime fiscal, taux d’intérêt…).

Les grands emprunts nationaux ont eu leurs moments de gloire sous la IIIIème République (au nom de la défense nationale durant la 1ère guerre mondiale). Ces emprunts visaient à mobiliser les capitaux afin de préparer la prochaine guerre et de financer les conquêtes coloniales.

Plus rares après 1945, certains sont néanmoins restés célèbres en particulier en raison de leur clause d’indexation ou leur régime fiscal incitatif (emprunts Pinay, emprunts Giscard 1973). Ils avaient comme objectifs de freiner l’inflation et de financer les grandes infrastructures publiques.

Les derniers grands emprunts sont ceux émis par Edouard Balladur durant la première cohabitation (1986-1988) d’un montant de 100 milliards de francs.

La mutation des marchés financiers à partir de 1985 lancée par Pierre Bérégovoy a sonné le glas des emprunts destinés au grand public. Les lignes d’obligations assimilables du trésor qui sont émise en flux continu ont remplacé les grandes opérations. Les investisseurs institutionnels achètent les OAT pour les intégrer dans leurs différents produits (SICAV, FCP, fonds de fonds…)

L’emprunt Sarkozy sera Les grands emprunts nationaux sont avant tout symboliques. Ils servent à mobiliser l’opinion en faveur des objectifs fixés par le Gouvernement.

L’emprunt peut avoir un impact positif s’il sert réellement à financer les investissements (infrastructure, recherche, éducation…). En revanche, il risque de freiner la consommation. Il faut pour éviter cet écueil qu’il mobilise l’épargne à court terme en la transformant en épargne à long terme.

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