L’Europe à la recherche de son nouveau fédéralisme

14/05/2016, classé dans

La seule structure véritablement fédérale est, au sein de l’Union européenne, la Banque centrale européenne. Institution officiellement indépendante, elle est devenue avec la crise de 2008 / 2009 et la crise des dettes souveraines de 2011 / 2012 le sauveur en dernier ressort. La politique de quantitative easing que Mario Draghi a imposé au nom de la lutte contre la déflation palie, dans les faits, l’absence de système de gestion des crises asymétriques géré au niveau de la Commission. Certains pourraient considérer que la BCE s’est accaparée un pouvoir qui revient de fait à des institutions démocratiquement élus quand d’autres pourraient mettre en avant que la politique monétaire ne peut pas régler tous les problèmes économiques voire politiques de l’Union européenne..

Depuis la crise de 2008/2009, la convergence au sein de la zone euro est en panne. Ainsi, si de 1999 à 2008, les États membres se rapprochaient des uns des autres en matière de PIB par habitant, tel n’est plus le cas depuis. En 2007, l’écart entre le PIB par habitant de l’Allemagne et celui de la France ne dépassait pas quelques pour cents, aujourd’hui, il est de plus de 10 % en faveur de la première. L’écart de 15 points qui prévalait entre l’Allemagne et l’Italie est désormais de près de 30 points, évidemment en faveur de la première. Le PIB par habitant espagnol qui représentait 68 % du PIB par habitant allemand en 2002 en représentait 77 % en 2008 avant de rechuter à 63 % en 2016.

La spécialisation économique tend à s’accroître avec d’un côté l’Allemagne, les pays d’Europe du Nord et certains pays d’Europe de l’Est qui restent industriels et de l’autre des pays de consommation, en Europe du Sud et en France.

Cette divergence ne serait pas en soi problématique s’il n’était pas tenu à l’équilibre des balances des paiements. Or, la segmentation des marchés financiers et plus particulièrement du financement des dettes a pour conséquence de remettre au cœur de la problématique de la politique économique et financière la balance des paiements courants des États avec en outre, en toile de fond, la question de l’endettement.

Or, du fait de la spécialisation économique au sein de l’Union, la résorption des déficits commerciaux est très lente.De ce fait, pour éviter tout blocage sur les dettes publiques et pour éviter l’éclatement de la zone euro, la BCE n’a pas d’autres solutions que de maintenir, par tous les moyens, les taux d’intérêt les plus bas possibles. Tout relèvement des taux poserait la question de la soutenabilité des dettes accumulées au sein de certains États. Les spreads entre taux nationaux et taux allemands augmenteraient fortement. Les pays seraient acculés du fait d’une augmentation du service de la dette.

La BCE organise donc ainsi un transfert des pays à forte capacité d’épargne au profit des pays à consommation élevée. Dans un système fédéral, des transferts financiers seraient réalisés soit sous forme de plan de soutien, soit par l’intermédiaire des prestations sociales.

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