Les Jeux Olympiques et Paralympiques, une catalyseur de changements
2024 est pour l’Ile de France non seulement l’année des Jeux Olympiques et Paralympiques, les premiers en France depuis cent ans, mais aussi celle de l’ouverture au public des premières lignes du Grand Paris. Symbole des changements initiés par l’organisation des Jeux, la Tour Pleyel à Saint Denis qui s’élève en lieu et place d’une ancienne usine de pianos, a été transformée en un hôtel de luxe avec un bar en « rooftop ». A quelques encablures, le village des athlètes pouvant accueillir plus de 10 000 personnes a été inauguré par Emmanuel Macron. Longtemps coupée en deux par les voies ferrées reliant Paris au Nord de la France, la commune de Saint Denis a été réunifiée par la construction d’une passerelle reliant la station de métro Pleyel, futur nœud de métros, avec la station du RER D, Stade de France Saint Denis. En face de ce stade, a été également achevé le centre aquatique des Jeux qui crée ainsi un complexe dédié au sport au Nord de Paris.
Dès le lancement du projet de candidature aux Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024, les collectivités publiques (l’Etat et les collectivités locales impliquées) ont, avec l’appui d’urbanistes, souhaité réaménager une partie du territoire francilien. Cette action s’inscrit dans le processus plus large du Grand Paris initié en 2008 par le Président Nicolas Sarkozy qui visait à doter la région parisienne d’un vaste réseau de métros reliant les principales zones d’habitation et de travail de manière transversale sans passer obligatoirement par Paris. L’autre objectif du Grand Paris était de faciliter les liaisons entre les deux grands aéroports de la région et les gares. La région parisienne rattrape ainsi son retard en matière de transports publics en facilitant les déplacements de nombreux ménages souvent modestes situés au Nord ou au Sud de la capitale. Depuis la réalisation des grands axes autoroutiers et des lignes de RER dans les années 1970 et 1980, l’Île de France avait connu peu d’opérations d’aménagement malgré l’augmentation de sa population. Les autorités ont privilégié le rééquilibrage des infrastructures au profit du reste de la France avec la création de plusieurs lignes à grande vitesse et de plusieurs autoroutes transversales comme l’A28.
Lutter contre la marginalisation de la Seine Saint Denis
La Seine Saint Denis, 1,7 million d’habitants, est le département le plus pauvre de la France métropolitaine avec un taux de pauvreté de 28 %, soit le double de la moyenne nationale. Le taux de de chômage y est plus de trois points au-dessus de la moyenne. Un quart des familles sont monoparentales. Etant le département le moins bien doté en piscines par habitants, la moitié des enfants de Seine-Saint-Denis ne savent aujourd’hui pas nager. Les pouvoirs publics ont donc à travers les Jeux et le Grand Paris profondément agir sur le niveau d’équipements de ce département. Il deviendra ainsi un important nœud de transports publics. La station Pleyel (Saint Denis) sera un pôle de correspondances reliant les lignes, 13, 14, 15, 16 et 17. Elle sera également raccordée au RER D (Stade de France) via le franchissement des voies ferrées. Cette station sera également desservie par de nombreuses lignes de bus. La ville de Saint Denis sera ainsi connectée aux aéroports d’Orly et de Roissy, à la Défense et à Paris intramuros. Abritant déjà de nombreux sièges sociaux dont ceux de la SNCF, Saint Denis sera sans nul doute dans les prochaines années, dotée d’une gare ferroviaire grandes lignes pouvant alléger le trafic de la gare du Nord. La gare de correspondances Pleyel a été, par ailleurs, pourvue d’un équipement culturel de 4 000 m2 ainsi que d’une zone commerciale. Plus de 250 000 personnes par jour sont attendues dans cette gare dans les prochaines années qui est censée devenir un nouveau centre économique pour la partie Nord de la Région parisienne.
Améliorer l’attractivité des territoires les plus pauvres de la région parisienne
Au-delà de la gare Pleyel, le Grand Paris comportera au terme de sa réalisation plus de 68 stations et 200 kilomètres de ligne, aboutissant au doublement du réseau de métros actuels. Ce chantier est actuellement un des plus grands d’Europe. Le coût de ce chantier a été évalué à 42 milliards d’euros. Même si en raison notamment du covid et des contraintes financières, la livraison des travaux a été retardée à l’exception de la ligne 14 et du RER E, ce projet a déjà dynamisé les villes qui en sont bénéficiaires. Les Jeux Olympiques et Paralympiques ont également joué un rôle d’accélérateur. Saint Ouen où se situe en partie le village olympique et paralympique est désormais un des pôles les mieux connectés de la banlieue parisienne. Cette ville jusqu’à maintenant pauvre a été choisie par Elon Musk pour implanter le nouveau siège social de Tesla en France. L’ancien basketteur, Tony Parker y a ouvert une nouvelle académie sportive. Le développement des infrastructures reste aujourd’hui un des meilleurs moyens pour aménager durablement les territoires. Londres et Hambourg ont dans le passé mené des projets similaires à ceux de la région parisienne pour sortir de la misère certains de leurs quartiers.
Pour des Jeux utiles
Dans le passé, les Jeux Olympiques ont donné lieu à la réalisation d’ouvrages de prestige devenant rapidement des friches comme ce fut le cas avec le stade à Athènes. Le Comité d’Organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris a privilégié les sites existants ou temporaires. Seuls deux équipements ont été construits pour les épreuves, le centre nautique de Saint de Denis et l’Adidas Arena dans le 18e arrondissement à Paris auxquels il faut ajouter le village olympique. Dès leur conception, le principe de leur exploitation après les Jeux a été retenu. Les chambres de athlètes sont censées être transformées en appartements après la fin des épreuves. Les ventes ont été lancés depuis plusieurs mois. Pour le moment, en pleine crise immobilière, les acheteurs sont rares. L’image du département de la Seine Saint Denis n’aide pas. L’implantation des sièges sociaux de plusieurs grandes entreprises après la Coupe du Monde de Football en 1998 n’a pas réellement changé la donne. Les cadres débarquent le matin et repartent le soir. Peu ont acheté des logements sur place même si des résidences de standing ont été construites. L’insécurité, le caractère ultra-urbain avec d’importantes saignées autoroutières ou ferroviaires n’incitent pas les cadres à s’y installer. Pour autant, Levallois-Perret, Montreuil, Aubervilliers ou Montrouge ont, ces trente dernières années, réussi à changer d’image.
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