Le problème c’est comment bien sortir de la crise

07/06/2009, classé dans

Le problème de la crise, ce n’est pas quand nous en sortirons mais comment

En conclusion de cette réunion, je tiens à vous indiquer de suite que je ne pourrai pas vous dire quand nous sortirons de la crise.

Aucun expert n’avait annoncé son arrivée et son ampleur. Rappelez-vous il y a dix huit mois, les plus pessimistes des experts affirmaient que le problème des Subprimes, c’était 400 milliards d’euros, que la crise serait américaine…

Depuis les pertes en matière de capitalisation boursière ont atteint 31 000 milliards de dollars et le patrimoine des américains a fondu de 60 000 milliards de dollars.

Depuis et vous le savez, un grand nombre de pays sont entrés en récession avec des reculs de PIB sans précédent depuis plus de 100 ans.

Les derniers résultats de l’INSEE ont indiqué que le PIB français avait reculé de 1,2 point au 1er trimestre 2009.

Même la crise des années 30 n’avait pas provoqué un recul aussi rapide : – 6 points au Japon, de 5 à 7 points en Allemagne, de 3 à 4 points en Europe, 3 points aux Etats-Unis.

La crise est tout à la fois : mondiale, financière, monétaire, économique, sociale. C’est une véritable crise systémique.

Pourquoi cette rapidité et cette profondeur de crise ?

• L’économie s’est mondialisée avec la chute du Mur et le décollage de la Chine, de l’Inde
• L’économie est plus flexible avec le recours accru à l’externalisation • Avec les nouvelles technologies de la communication et de l’information, la circulation de données est immédiate tout comme l’effet de contagion.

Face à cette crise, il y a donc trois options :

• Se suicider (solution à déconseiller)
• Fermer les yeux en attendant que cela passe, la politique de l’Autruche aux résultats bien connus • Réussir la sortie de crise et se poser la véritable question : Comment bien sortir de la crise ?

La réunion du Cercle, j’en suis convaincu, vous a démontré qu’au-delà de la sinistrose, il y a des raisons d’espérer.

Il y a une convergence de vues entre les Etats (Etats-Unis, Chine, Europe) face à la situation.

La réaction des Etats a été rapide et forte (surtout aux Etats-Unis, plan de 5,7 points du PIB, en Chine, en Russie : phénomène sans précédent.

Déjà, il ne faut pas sur-réagir à la crise : éviter le cercle dépressif

Certes, l’effondrement du CAC 40 atteint plus de 60 % par rapport à 2007. A ce titre, l’affaissement des premiers mois de l’année a été effacé. Nous avons atteint un pallier.

Mais, les ménages français sont faiblement concernés par cette chute. La part actions dans leur patrimoine est plus faible que celle des Anglais, des Américains ou des Allemands. Notre goût pour l’OAT a parfois du bon.

Contrairement aux idées reçues, le pouvoir d’achat des ménages a augmenté en 2008 et augmentera en 2009. 0,7 point en 2008 et en 2009.

Cette hausse est liée :

• À la baisse des cours des matières premières et de l’énergie
• A l’accroissement des emplois aidés.

Inquiétude + hausse du pouvoir d’achat -> augmentation de l’épargne.

Les Français avec les Allemands figurent parmi les champions du monde de l’épargne. Avec la crise, le taux d’épargne des ménages progresse. Il devrait atteindre près de 17 % du revenu disponible brut à la fin de l’année contre 15 % en 2008.

Epargner plus certes mais cela ne doit pas signifier, épargner n’importe comment.

La tendance naturelle : le court terme et le financement de l’Etat

Le court terme : comptes sur livret ; livret A… les grands succès de l’année 2008 et encore de ce début d’année. Des rendements en baisse ; 1,75 point pour le Livret A

Le financement de l’Etat : les obligations d’Etat : notre sport national

A ce titre, aujourd’hui, tous les investisseurs institutionnels, tous les épargnants placent leur argent en titres d’Etat au nom de la sécurité.

C’est un très mauvais service rendu aux Etats : l’argent facile est toujours une source de gaspillage. Cet engouement pour les titres d’Etat crée un effet d’éviction au détriment des PME. La dette publique de l’Etat atteindra près de 80 % du PIB en 2009 et 86 % fin 2010. En 1981, elle était de 20 %. Jamais, en période de paix, un tel niveau avait été atteint.

Faiblesses françaises : pas de fonds souverain, pas de fonds de pension

Du fait qu’à défaut de trouver du pétrole ou des gisements de matières premières, il n’y a pas lieu d’espérer que nous pourrons concurrencer les Norvégiens.

Double conséquence :

• Problème de financement de l’économie • Problème de financement des retraites et des dépenses liées au vieillissement de la population

En période de resserrement du crédit, les PME sont fragilisées d’autant plus que leurs fonds propres sont faibles.

La réglementation européenne ne favorise pas le financement actions

Et malheureusement, nous ne sommes pas aidés par l’Europe. Il serait d’ailleurs plus que temps que la campagne européenne commence pour aborder quelques vrais sujets.

Solvency II restreint les possibilités pour les compagnies d’assurance d’investir en actions. Or cette directive ne s’applique pas aux fonds de pension, ni aux fonds souverains.

Financement de l’économie : la situation actuelle est ubuesque

Des Etats surendettés mais la holding se porte à merveille. L’Europe comptabilise les déficits et les dettes excessifs ; voire sanctionne mais en revanche n’apporte pas de solutions.

L’Europe devrait être au cœur de la bataille de la compétitivité : elle devrait être un moteur dans la modernisation de l’offre, dans la modernisation des infrastructures…

La crise est avant tout une crise d’offre. La Chine a capturé une part importante de la production industrielle. L’Occident doit y répondre en élevant son niveau technologique. Le plan de Barack Obama comporte un important volet en faveur de la recherche. Et l’Europe ?

L’Europe manque de souffle, manque de projet et d’ambition.

Il y a le court terme, mais aussi le moyen terme. Pour éviter la multiplication des ouragans, il faut agir.

Le financement des retraites, plus que d’actualité

Un phénomène mondial.

Les premiers concernés sont les Chinois du fait de la politique de contrôle des naissances mise en œuvre après la seconde guerre mondial par Mao.

Quelques chiffres clef :

• D’ici 2050, le nombre de retraités doublera
• D’ici 2050, si rien n’est fait, le déficit de l’assurance vieillesse passera de 5 à 70 milliards d’euros. L’assurance-vieillesse est déjà en déficit. Chaque année, c’est 800 000 retraités supplémentaires.

A ce déficit, il faut ajouter celui de l’assurance-maladie et de la dépendance.

En tout, le gouffre est de 100 milliards d’euros d’aujourd’hui.

A la vitesse actuelle, le cap de la dette publique de 100 % du PIB se rapproche à grande vitesse : ce n’est pas tenable.

De manière égoïste, vous pouvez toujours vous dire que vos enfants et vos petits-enfants paieront pour vous… Il n’est pas certain qu’ils apprécient et puis de toute façon cela ne vous mettra pas à l’abri de quelques désillusions.

Le taux de remplacement (le montant de la pension par rapport au dernier salaire d’activité) baissera de 10 à 20 points dans les trente prochaines années sans changement de la législation (si on conserve les règles actuelles et les déficits qui vont avec).

Le taux de remplacement d’un cadre sera voisin de 40 % ; celui d’un employé de 50 à 60 %.

Or dans un, deux ou cinq ans, il y aura des réformes.

• Passage du régime général en système par points afin de lisser plus facilement les dépenses
• Fusion de la CNAV avec les complémentaires
• Recul de l’âge légal à 62 ans (tous les autres pays sont à 65 ans voire au-delà).

Quel avenir pour l’épargne retraite à la française ?

J’aurais aimé un paysage de l’épargne retraite moins tourmenté, moins compliqué.

L’épargne retraite est partout et nul part

L’épargne retraite a été mise à toute les sauces

Au sein de l’entreprise, elle peut être facultative ou obligatoire, salariale ou pas

En individuelle, elle peut s’appeler PERP, contrat Madelin, Prefon voire assurance-vie ou Livet A

Comme Jérôme Jaffré l’a indiqué les Français sont pour un système mixte (ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier).

Il faut leur en donner les moyens :

Le PERP, 5 ans d’existence 2 millions de titulaires, un encours de 4 milliards d’euros, 54 000 souscriptions en 2008 ; un bon produit mais mal bâti avec des frais de gestion trop élevés et les primes sont faibles. Un produit de niche….

Le PERCO 350 000 bénéficiaires, produit collectif qui se rajoute à l’épargne salariale.

Il faut donner du souffle.

Pourquoi ne pas imaginer créer un compartiment retraite à l’assurance-vie, produit réellement populaire qui permet une sortie défiscalisée. Les épargnants s’engageant avant 50 ans de l’utiliser après leur retraite pourraient avoir un bonus sur les contributions sociales.

Au sein de l’entreprise, il faut simplifier la donne en créant un produit portable universel, compatible avec la réglementation européenne qui remplace tous les dispositifs actuels : retraite chapeau que le Gouvernement veut supprimer (500 000 bénéficiaires et pas que des PDG du CAC 40…), article 82, 83, PERCO….

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