LE CAPITALISME EST MORT, VIVE LE CAPITALISME
LE CAPITALISME EST MORT, VIVE LE CAPITALISME
Pour certains analystes ou hommes politiques, la crise financière, la crise économique, la remontée du chômage, la stagnation du pouvoir d’achat…, c’est bien évidemment de la faute du capitalisme. Il serait urgent de changer de système mais Ils sont bien en mal de dire quel système ils souhaitent. Rêvent-ils d’un retour du communisme…
Avant de jeter le bébé avec l’eau du bain, il n’est peut-être pas inutile de rétablir certaines vérités.
Revenons au point de départ. La crise des subprimes trouve son origine dans la politique d’abaissement des taux d’intérêt décidée après les attentats du 11 septembre 2001 par les autorités monétaires. Certaines banques américaines ont été ainsi amenées à prêter à des clients modestes de l’argent afin qu’ils puissent acquérir un logement ou un pavillon ; l’appréciation de l’immobilier constituait alors une garantie en cas de défaut de paiement. Ces mêmes banques pour diminuer leur engagements risqués ont titrisé ses prêts permettant ainsi à d’autres établissements financiers d’accéder à des produits rémunérateurs qu’elles ont proposé à leurs clients. La bulle immobilière s’est ainsi muée en bulle financière ; les subprimes se comportant comme des virus corrompant l’ensemble de l’économie. D’un côté du crédit pas cher, de l’autre des placements rémunérateurs, certains ont cru trouver la poule aux œufs d’or.
La remontée des taux d’intérêt du fait de l’augmentation des menaces inflationnistes et la saturation du marché immobilier américain ont enrayé ce processus fou. Des acheteurs se sont retrouvés incapables de vendre leur maison et de rembourser leurs prêts et de l’autre les banques voyaient fondre la valeur de leurs actifs. Par effet domino, en raison des participations et des financements croisés, les banques et les assureurs sont devenus vulnérables. Il faut souligner que la majorité des établissements financiers français en privilégiant les réseaux de détail se sont prémunis des assauts de cette vague spéculative.
Cette crise, aussi sévère soit-elle, ne sonne pas le glas du capitalisme ; elle est avant tout une dérive d’un capitalisme financier qui a oublié ses fondamentaux. La finance, le crédit sont des éléments indispensables au bon fonctionnement de l’économie. Il n’ya pas de capitalisme sans marché financier. Mais, la finance doit être au service de l’économie et non d’elle-même.
La crise actuelle est une correction de comportements déviants. Depuis plus de sept ans, la croissance n’a que trop reposé sur l’illusion de gains rapides, sur des innovations financières, sur une spéculation immobilière. Or, la croissance, c’est la combinaison de trois facteurs, l’offre, la demande et le progrès technique.
L’offre et le progrès technique ont été les grands perdants du dernier cycle de croissance. Accaparé par l’obtention de gains rapides, les financiers ont négligé les véritables créateurs de richesse, les entrepreneurs et en particulier les PME qui sont les maillons clefs du tissu économique de notre pays. Ils ont oublié leur métier celui de financer des investissements productifs et non de générer des profits virtuels.
Contrairement aux idées reçues, les auteurs classiques libéraux comme Adam Smith condamnent fortement la spéculation et l’argent facile. Ils sont opposés à la pratique de faibles taux d’intérêt qui aboutit à privilégier des investissements de court terme non rentable et qui fausse l’appréciation des risques. L’argent a un prix qu’il convient de ne pas galvauder. Le taux d’intérêt a vocation à rémunérer un risque source de créations de richesses réelles et non une bulle spéculative.
La dictature de l’immédiat qui s’est emparée de la sphère financière a découragé la recherche et l’innovation. Le dernier de cycle de croissance s’est nourri de la spéculation et d’un abaissement des coûts par le transfert de coûts de production au profit des pays émergents. D’un côté, une financiarisation à outrance déconnectée du réel, de l’autre une désindustrialisation à grande vitesse et tout cela au prix de déséquilibres croissants et insupportables. Les Etats-Unis enregistrent ainsi des déficits commerciaux supérieurs de 700 milliards de dollars chaque année quand la Chine accumule des excédents supérieurs à 200 milliards de dollars comme l’Allemagne. La France, de son côté, du fait d’une dégradation de sa compétitivité et de la facture pétrolière supporte un déficit commercial, 39 milliards d’euros en 2007.
La sortie de la crise passe non pas l’abandon du libéralisme qui n’a jamais été, par ailleurs, appliqué en France mais la mise au banc des comportements anti-économiques et anti-PME. Il faut redonner à l’entrepreneur les moyens de faire son travail, celui d’investir et d’embaucher. Il convient, une fois de plus de revenir aux leçons de Schumpeter. L’entrepreneur et l’inventeur sont au cœur du capitalisme et non Wall Street ou la City.
Les banques doivent comprendre qu’il y a plus de gains à attendre d’un investissement productif dans une PME que dans un placement spéculatif composé de morceaux de prêts douteux. De même, les grandes entreprises doivent cesser de délocaliser pour réduire leurs coûts. Il s’agit de politique à court terme. Elles seront et sont déjà concurrencées par les entreprises des pays émergents et de toute façon à terme les gains de salaire ont vocation à se réduire. Le devoir des grandes entreprises est de maintenir l’avance technologique de la France et de valoriser les compétences et le savoir de leurs salariés. Elles doivent être des moteurs de la recherche faute de quoi notre pays risque de devenir un désert économique ou, au mieux, un parc d’attraction.
Si l’Allemagne a mieux résisté que la France en particulier en matière de commerce extérieur, elle le doit à la vitalité de son tissu économique. A nous, de tirer les conséquences de cette crise financière pour densifier économiquement notre territoire.
Le libéralisme ne se résume pas à la formule « du laisser faire, laisser passer » et « être libéral, ce n’est pas la liberté de faire n’importe quoi ». L’éclatement de la bulle financière va permettre de nous réconcilier avec le capitalisme, un capitalisme à taille humaine, plus simple, plus centrée sur le progrès réel. Les champs de croissance ne manquent pas avec le défi environnemental, avec l’épuisement de l’énergie pétrolière, avec l’allongement de la vie. Le retour à un capitalisme humain, de proximité, sera sans nul doute la conséquence des dévoiements enregistrés ces dernières années.
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