La nouvelle ruée vers l’or

08/12/2009, classé dans

L’once d’or tourne autour des 1200 dollars, un record. Il y a un an l’once ne valait que 771 dollars. Certes, entre temps, le dollar s’est déprécié mais pas aussi rapidement que la hausse du métal précieux.

Pour avoir une telle flambée de l’or, il faut revenir aux années 80 avec le deuxième choc pétrolier et l’effondrement du dollar.

Sur longue période, l’once d’or est resté relativement constant de 1791 à 1968. La mise à mal du système de Bretton Woods s’est accompagné du flambée de l’or au moment même où il perdait son statut d’étalon monétaire. Redevenu matière première comme une autre, l’or n’en demeure pas moins un des outils de réserver privilégié par les banques centrales.

Symbole de puissance, les banques centrales des pays occidentaux ont conservé leur or. Les ventes ont été jusqu’à maintenant réduites. Même quand des initiatives publiques ont été prises afin de liquider tout ou partie de l’or, elles ont avorté. L’accroissement de l’indépendance des banques centrales ont empêché ces dernières années que les gouvernement fassent main basse sur le stock d’or.

Aujourd’hui, il y a plusieurs facteurs qui expliquent l’envolée des cours.

La dépréciation du dollar comme dans le passé concourt à l’augmentation du prix de l’or qui joue le rôle de réserve. Il y a un effet direct. L’or étant évalué en dollar, la baisse de ce dernier entraîne une augmentation en valeur relative du premier. Par ailleurs, l’or est une valeur refuge. Dans les périodes troublées, dans les périodes de faibles taux d’intérêt, l’or a toujours eu tendance à s’apprécier.

Les pays émergents qui disposent d’importantes réserves achètent de l’or d’autant plus qu’ils n’en avaient que peu en stock. Il y a un rééquilibrage des réserves en or qui s’opère doucement. Les pays occidentaux demeurent les principaux détenteurs de réserve d’or, la France se situant au 5ème rang.

Début novembre, l’Inde achetait 200 tonnes d’or mises en vente par le FMI, pour un prix de 6,7 milliards de dollars. Cette transaction a fait passer son stock d’or du 14e au 11e rang mondial. Ses réserves atteignent désormais 557 tonnes. En mars, la Chine annonçait en avoir acquis 424 tonnes. D’autres pays émergents comme le Kazakhstan, l’Ukraine, le Mexique et surtout la Russie font partie des gros acheteurs réguliers. Les vendeurs sont plutôt les banques centrales des pays développés. La France, avec ses 500 tonnes vendues depuis la fin 2004, est le pays qui a le plus puisé dans ses réserves. Sur le seul premier semestre 2009, la Banque de France a écoulé 83 tonnes de métal jaune, ce qui en fait le plus gros pays vendeur au monde

En cinq ans, la France a vendu 500 tonnes d’or, soit un sixième de ses réserves. Des ventes qualifiées de « techniques », donc sans réelle stratégie. Dans le même temps, la Russie a acheté près de 100 tonnes d’or, faisant passer ses réserves de 480 à 568 tonnes.

Les pays émergents diversifient leurs actifs et tentent de se prémunir des effets de la baisse du dollar en achetant de l’or dont le prix n’est pas à l’abri d’amples fluctuations…

Les Banques centrales occidentales ont été incitées à vendre tant pour des raisons financières du fait du cours élevé de l’or que pour financer certaines de leurs opérations de sauvetage des places financières. Par ailleurs, il faut savoir que si la Banque de France est indépendante, ses bénéfices sont récupérées en grande partie par l’Etat…

Une autre raison de l’appréciation de l’or est liée à sa demande comme matière première qui demeure élevée en particulier dans l’informatique et du fait de ses caractéristiques dans des instruments techniques de précision or l’offre stagne. De nombreuses mines ont été fermées ces dernières années faute de rentabilité. Il faut plusieurs années pour les remettre en service. Avec le développement économique de l’Asie et de l’Amérique Latine, la demande en or ne peut que s’accroître.

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