La dangereuse tentation de la démission économique
Plus du tiers des électeurs a choisi de voter en faveur de candidats récusant d’une manière ou d’une autre le système économique actuelle. Ils semblent ainsi cautionner la sortie de l’euro, le protectionnisme, l’étatisme ou le dirigisme…
Ce vote témoigne d’une peur, d’une incompréhension mais il est également le produit d’un décalage croissant entre le discours politique et la réalité. A force de promettre que tout est possible, que la France peut continuer de vivre au-dessus de ses moyens, peut continuer à accroitre indéfiniment ses dépenses publiques ou ses impôts, il n’est pas surprenant que les Français ne comprennent pas pourquoi il leur est demandé de réaliser des efforts. A force d’avoir fait de l’Europe, des banquiers, des marchés financiers de parfaits boucs émissaires, il ne faut s’étonner que les Français demandent moins d’Europe et des sanctions sur les soi-disant profiteurs.
Le premier tour de l’élection présidentielle démontre qu’une part croissante de la population récuse le modèle de l’économie de marché. Or, la France est un des pays d’Europe le moins ouvert sur l’extérieur. Notre pays importe deux fois moins que l’Allemagne qui, grâce à sa meilleure intégration au sein du commerce international, a réussi à conserver une industrie dynamique. La fermeture des frontières amputerait le pouvoir d’achat des Français et les empêcherait d’accéder à de nombreux biens de consommation à bas prix.
Aujourd’hui, le débat ne devrait porter que sur l’amélioration de la compétitivité de l’économie, sur le renforcement de l’offre, sur l’augmentation de l’investissement, sur la montée en gamme de nos produits et de nos services.
Dans le vote extrémiste, il y a une perte de confiance en soi, il y a un renoncement évident. Il y a comme une volonté de sortir du jeu. Pourtant, LVMH, Hermès, Airbus prouvent, chaque jour, que la France peut gagner à l’exportation. De même, les étrangers ont bien souvent plus confiance en nous que nous en nous-mêmes. La France compte parmi les pays qui reçoivent le plus d’investissements d’origine étrangère.
La France est un pays socialiste et de longue date. Le poids des dépenses publiques dépasse 50 % du PIB depuis plus de 25 ans. Les prélèvements obligatoires pèsent plus de 43 % du PIB. L’Etat, les collectivités locales, les régimes sociaux ont dépensé sans compter pour atténuer les crises ; il est certainement plus que temps de se demander si le maintien d’une telle couverture sociale est tenable, justifiée et efficace. Le problème est que le démontage d’un tel édifice fera des victimes. Compte tenu du mur de dettes, de toute façon, de manière plus ou moins explicite, une remise à plat s’imposera.
La croissance, c’est du travail, du capital et du progrès technique ainsi que de l’énergie. Nous avons décidé de limiter le travail avec la loi sur les 35 heures. Le capital est un mot toujours honni dans notre pays ; les bénéfices sont considérés comme uns spoliation réalisée au détriment des travailleurs. Le progrès technique n’a la cote que sous forme de biens importés comme les I Phone ou les I Pad ; en revanche dès qu’il s’agit d’innovations à mettre en œuvre sur notre territoire, les oppositions se déchainent. Il en est ainsi avec les OGM, le gaz de schiste, les pétroles bitumineux… Dans ces conditions, il est assez logique que la croissance fasse défaut depuis plusieurs années. Les Etats-Unis ont renoué avec la croissance grâce à une flexibilité de leur force de travail, grâce à un rebond de l’investissement et également du fait d’une énergie abondante. L’Allemagne a réussi à accumuler des excédents commerciaux en maîtrisant ses coûts et en maintenant un niveau élevé d’investissement.
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