Juin 2008 : Oser Dire Stop
OSER DIRE STOP
Payer les retraites, payer le logement social, la dépendance, l’insertion, les dépenses d’assurance maladie, le navire craque. A défaut de remettre en question le fonctionnement même de notre système d’Etat providence, les pouvoirs publics gèrent avec plus ou moins de réussite la pénurie. La Défense est mise à contribution, le second porte-avion est reportée sine die, les effectifs sont diminués ; les investissements publics sont réduits au minimum… Depuis plus d’un quart de siècle, la politique économique et budgétaire repose sur un non choix. Keynésienne dans l’âme, elle s’habille de rigueur. Tous les gouvernements de droite comme de gauche promettent le retour à l’équilibre à trois, quatre ou cinq ans sans jamais y parvenir. La fatalité du déficit et de la dette hante les finances publiques. Le retour à l’équilibre ne pourra être réalisé qu’en remettant en cause en profondeur les modes d’action. Ce n’est pas en rognant les dépenses que l’on casse la spirale dans laquelle se meut l’Etat depuis plus de trente ans.
Les pouvoirs publics préfèrent répondre aux demandes de l’opinion même si la réponse est partielle faute de moyens. La tentation hégémonique et omnisciente est toujours présente sauf que l’absence de ressources rend la réalisation insatisfaisante. L’incapacité de hiérarchiser, de supprimer des dispositifs, de revenir sur des avantages constituent les symboles de l’impuissance étatique.
L’absence de consensus sur la remise en cause des avantages, l’ultra sensibilité aux différences de revenus et de capital associé à un esprit jaloux des Français rendent difficiles l’assainissement des finances publiques. La réforme est vécue comme uen injustice au sein de la société de défiance décrite par l’économiste Pierre Cahuc. Les Français ne sont pas fières de leurs patrons, de leurs responsables politiques. Ils sont accusés de s’enrichir sur leur dos. La communauté nationale est fissurée de toute part. Les émeutes à répétition dans les banlieues, les sifflets à l’encontre des ministres au début des matchs nationaux caractérisent le mal français.
« La France ne peut pas accueillir toute la misère du Monde » affirmait Michel Rocard ; de même, l’Etat ne peut pas résoudre tous les problèmes. Les ressources financières sont rares…
Il n’est plus possible de tout payer de l’éducation à la mort en passant par le logement, la CMU. Il faut savoir dire stop faute de quoi la croissance disparaitra à jamais du territoire français.
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