Etats-Unis, la croissance s’embrume

25/04/2015, classé dans

La croissance américaine n’est pas menacée mais elle n’est pas aussi euphorique qu’escompté. Certes, les ménages bénéficient de la diminution des cours pétroliers mais restent très raisonnables au niveau de la consommation. Les dépenses réelles de consommation des ménages, après des progressions faibles en décembre et en janvier (+0,1% en moyenne), ont baissé de 0,1 point en février. Pour mars, les économistes ne s’attendent pas à un réel rebond. Les ventes de détail hors éléments volatils (automobile, carburant, matériaux de construction et services alimentaires), n’ont progressé que de 0,3% en mars faisant suite à deux mois de baisse. Leur niveau reste inférieur à celui du mois de novembre.

Les investissements sont également sur la mauvaise pente. En mars, l’investissement pour l’industrie des biens d’équipement (hors défense et aéronautique) a connu une septième baisse mensuelle consécutive. Sur le premier trimestre, l’investissement est attendu en baisse.

Deux autres mauvaises nouvelles sont la contraction trimestrielle de l’activité industrielle et le repli persistant du taux d’utilisation des capacités de production. Ce taux, qui a atteint un point haut cyclique (79,8%) en novembre dernier, a reculé à 78,4% en mars. Cette évolution concerne, sans surprise, l’industrie minière en recul de 3,1 points. L’ensemble du secteur énergétique suit le mouvement qui tend également à se diffuser à l’industrie manufacturière dont le taux d’utilisation des capacités de production est passé de 79% à 77,9% de novembre à mars.

Si les commandes de biens durables ont augmenté en mars de 4 % après un recul de 1,4 % en février, cette hausse est un peu en trompe l’œil. En effet, hors défense et aéronautique, les commandes de biens durables sont encore en baisse de 0,5 %.

Dans la construction, les mises en chantier comme les ventes de logements neufs ont été inférieures aux prévisions. Dans ces conditions, ce n’est pas étonnant que seulement 126 000 emplois aient été créés au mois de mars soit deux fois moins que la moyenne des douze mois précédents.

Plusieurs indicateurs avancés confirment qu’il y a bien un ralentissement de l’économie américaine. Par ailleurs, les Etats-Unis sont plus sensibles qu’auparavant aux aléas climatiques. La dureté des deux derniers hivers a eu des effets prononcés sur la conjoncture. Il est trop tôt pour intégrer cette sensibilité dans l’analyse conjoncturelle américaine mais si cela était amené à se répéter il faudrait l’intégrer dans le calcul des prévisions annuelles de croissance. Depuis début 2010, la croissance moyenne du PIB a été d’à peine 0,6% au cours des premiers trimestres (rythme trimestriel annualisé) contre 2,9% pour les trois autres. L’économie américaine semble également assez sensible à l’appréciation du dollar et dans des proportions qui n’ont pas été bien prises en compte dans les prévisions. La croissance pourrait se situer être en-deçà de l’objectif des 3 %. Certains experts prévoient même une croissance proche de 2 %. La forte amplitude de croissance d’un trimestre à un autre ne permet pas de conclure définitivement sur ce sujet. Néanmoins, cette situation devrait inciter la FED à la prudence et de ne pas précipiter la hausse des taux.

Une France de petits boulots…

Selon les données publiques de Pôle Emploi, les 10 métiers qui recrutent en cette année 2015 appartiennent à deux secteurs d’activité, l’agriculture et les services de proximité. Ainsi, figurent parmi les métiers faisant le plus l’objet d’offres d’emploi, les métiers de viticulteurs, d’arboriculteurs, d’agents d’entretien de locaux professionnels, de l’animation socioculturelle, de serveurs de cafés restaurants, d’aides et d’apprentis de cuisine, d’employés polyvalents de la restauration d’agriculteurs salariés, d’aides à domicile et d’aides ménagères, d’aides-soignants, d’ouvriers non qualifiés de l’emballage et manutentionnaires et d’employés de libre-service.

Ces métiers ont la particularité d’être à faible productivité avec des basses rémunérations. Il s’agit d’emplois fragiles peu générateurs de croissance. Cela concourt à diminuer la croissance potentielle du pays. Les emplois se concentrent de plus en plus dans le secteur tertiaire à faible valeur ajoutée. Cette évolution n’est pas spécifique à la France. Elle se rencontre aux Etats-Unis comme au Royaume-Uni. Elle est moins  prononcée en Allemagne même si le nombre de mini-jobs s’est fortement accru ces dix dernières années.

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