Endiguement ou effet domino
En 2010, il ne s’agit pas de lutter contre la tentation hégémonique de l’URSS mais d’éviter la contagion de la crise grecque à d’autres pays de la zone euro.
La Grèce qui représente environ 2 % du PIB de l’Union européenne et compte 11 millions d’habitants menace avec sa dette publique de 300 milliards d’euros la stabilité de la principale puissance économique et commercial mondial dont le PIB dépasse 18 000 milliards de dollars.
Or, aujourd’hui, il y a une nécessité d’endiguer la Grèce pour éviter un effet domino. L’Europe et surtout la zone euro traversent sa première grande crise.
Que la Grèce puisse avoir un déficit public excessif ne devrait surprendre personne car ce Etat, depuis son indépendance, n’a que très rarement enregistré des excédents budgétaires.
Que ce déficit soit supérieur à 10 % voire 12 % du PIB en 2009 quand il était annoncé à 8 % n’est pas non plus une surprise car les statistiques ont toujours été élastiques dans ce pays.
Il n’en demeure pas moins que la zone euro est sous tension du fait que la Grèce pour faire face à ses engagements doit emprunter à hauteur de 8 % soit plus de 5 points au-dessus du taux pratiqué pour les emprunts allemands à 10 ans. Or, avec une inflation de 2 ou 3 points, le taux réel pratiqué est de plus de 5 points, soit une prime de risque importante et difficilement supportable à moyen terme.
L’Allemagne a renâclé à venir en aide aux Grecques afin d’éviter le précédent. La population allemande qui a du supporter des efforts importants tant pour réaliser l’unification et pour améliorer la compétitivité de l’économie (baisse de salaire, augmentation de la TVA) ne veut pas payer pour les Grecques considérés comme peu vertueux. Les Allemands ne veulent pas devenir les pompiers des Etats laxistes.
Les Etats membres de l’Union ont décidé d’accorder une enveloppe de prêts pouvant aller jusqu’à 30 milliards d’euros au taux de 5 % en contrepartie de quoi la Grèce était invitée avec le concours du FMI de restaurer ses finances.
La Grèce se caractérise par le poids de son secteur public, environ 40 % du PIB et par le rôle du travail au noir.
Les services qui représentent plus de 70 % de la valeur ajoutée sont dominés en ce qui concerne le secteur privé par le tourisme.
Il y a de ce fait peu de relais de croissance d’autant plus que la population stagne du fait d’un des plus faibles taux de fécondité de l’Union , 1,29 ce qui rapproche ce pays de l’Allemagne.
La mise en œuvre du plan de rigueur devrait se traduire par une contraction du PIB de plus de 2 points cette année et de plus d’un point en 2011.
Après la Grèce, la zone euro compte-t-elle d’autres maillons faibles ?
Certains pensent à l’Espagne et au Portugal. L’Espagne souffre d’une hypertrophie du secteur du bâtiment et de la spéculation immobilière de ces dernières années. En revanche, sa dette et sa duration sont mieux maîtrisées qu’en Grèce. Le Portugal, du fait de sa taille réduite, constitue une menace relative tout comme l’Irlande.
Les Etats européens disposent d’une arme que les Etats d’Amérique latine n’avaient pas dans les années 80 et 80 pour assainir leurs finances, les impôts. La base taxable de l’Irlande, de l’Italie, de la France ou de l’Espagne est beaucoup plus large que celle qui prévalait en Argentine ou au Brésil à l’époque.
Néanmoins, les Etats de l’Union pensaient avoir deux ou trois ans de répit pour passer de la pire crise depuis 1929 à l’indispensable assainissement de leurs finances publiques. Ce délai de grâce a été supprimé avec comme conséquence une croissance en berne.
La zone euro risque d’être le parent pauvre de la reprise économique faute d’avoir pu mettre en place des politiques structurelles à l’échelle européenne.
L’Union opte pour un régime de basse pression économique avec comme danger une déstructuration progressive de son système de protection sociale.
A force de ne pas s’adapter, les pays européens préfèrent que les marchés et la Commission de Bruxelles décident à leur place.
L’effet domino ne devrait pas intervenir tout comme la sortie d’un Etat de la zone euro. Le prix à payer serait supérieur aux gains. Si la Grèce sortait, elle pourrait certes déprécier sa monnaie mais elle serait poussée à la banqueroute. Elle devrait rembourser en euros et les taux pour s’endetter dépasserait de loin les 8 % actuels. Si jouer sur la valeur de la monnaie est impossible et si la mobilité du travail est faible ce qui est le cas au sein de la zone euro, il faut instituer des mécanismes de correction. Il y a un devoir européen de doper la croissance grecque car à 5 ou à 8 % cet Etat ne pourra pas rembourser sauf à provoquer une révolution de la part d’un peuple au sang chaud qui ne supportera pas longtemps la rigueur.
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