De Syriza à « Nuit Debout », le renouveau de la pensée alternative

09/04/2016, classé dans

Internet permet de diffuser en instantanée des informations, des prises de position, des programmes mais pour la création d’un mouvement il n’y a rien de mieux qu’une grande place que ce soit la Plazza del Sol à Madrid pour les indignés, la place Tahir pour les Egyptiens ou la Place de la République des « Nuits Debouts ». A chaque fois ces mouvements alternatifs aspirent à renouveler le débat public et le cas échéant à créer une brèche au sein des lignes traditionnelles de la vie politique. En Grèce, le parti d’Alexis Tsipras a pris le pouvoir et Podemos, en Espagne, a mis fin au bipartisme en ayant recueilli, au mois de décembre dernier, 20 % des suffrages lors des élections législatives.

En France, le mouvement « Nuit Debout » commence à faire tâche d’huile en province et en Belgique. Si le point de départ a été la lutte contre le projet de loi de réforme du code du travail, rapidement les participants souhaitent un débat de société de fond sur les orientations de la politique économique et sociale. Il y a une volonté de rebattre les cartes en considérant que la classe politique n’est plus légitime et n’entend plus les besoins et les attentes de la population. Sur la place de la République, des ateliers se sont mis en place où tout à chacun peut exprimer ses opinions, le tout étant évidemment relayé sur Facebook et Internet. Des représentants de l’extrême gauche et des écologistes participent au mouvement. Participent aux réunions des associations intervenant en faveur des mal-logés, des sans-abris ou des migrants.  De nombreuses discussions concernent le vivre ensemble, la gouvernance, le respect de l’autre. Il y a une remise en cause du système institutionnel actuel. Il y a une volonté de revoir la notion de souveraineté et de légitimité.

 Il y a un côté soixante-huitard sans l’illusion ou le rêve de 68. Au niveau de l’économie, les participants souhaitent l’engagement de mesures visant à lutter contre la pauvreté et la précarité. L’instauration d’un revenu minimum comme en Finlande est souvent mentionné. Une lutte contre l’évasion fiscale, un contrôle strict des entreprises, la réaffirmation du rôle de l’Etat comme garant de l’unité sociale figurent aussi dans certaines propositions ;

 Pour se développer, le mouvement « Nuit Debout » doit fédérer et rassembler au-delà des jeunes. Les jeunes actifs, une partie des classes moyennes se sentant menacée et perdue par l’évolution de la société pourrait être tentée par des mouvements alternatifs bobo-écolo-citoyens. Pour le moment, il n’y a pas de leader ce qui limite la possibilité d’incarnation du mouvement. Que ce soit en Espagne, en Grèce ou au Portugal, les mouvements d’extrême gauche ou anticapitalistes ont du se structurer pour passer le cap des élections.

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