Croissance, rien n’est jamais sûr !

07/06/2015, classé dans

Larry Summers, l’ancien Secrétaire d’Etat au Trésor, à l’occasion d’une conférence à Paris, s’est montré, cette semaine, assez pessimiste sur l’évolution de l’économie mondiale. Il a répété qu’il y avait un réel risque de stagnation séculaire au niveau des pays industrialisés. « Nous sommes confrontés à une croissance faible alimentée par des taux bas et des conditions financières débridées ». En cas de survenue d’une nouvelle crise, les pouvoirs publics ne disposeraient pas, selon lui, des outils traditionnels puisque les taux d’intérêt sont au minimum et que le niveau de l’endettement demeure élevé.

Larry Summers considère qu’il est indispensable d’accroître les investissements en particulier dans le domaine des infrastructures. Il faut relancer l’activité afin de réduire le ratio de dettes par rapport au PIB. Sur l’Europe, il a indiqué que de nombreux facteurs jouaient en faveur de la reprise mais que cela ne signifiait pas que le malade était guéri. Il considère que la sortie de la Grèce de la zone euro serait une mauvaise opération tant pour les Grecs que pour l’ensemble des Européens.

Les économistes de l’OCDE partagent, en partie, les conclusions de Larry Summers. Dans leurs dernières perspectives économiques, ils ne sont guère plus optimistes et réclament une reprise de l’investissement.

L’organisation internationale a revu à la baisse ses prévisions pour 2015 et 2016 sauf en ce qui concerne la zone euro. Le sous-investissement chronique mine la croissance potentielle de nombreuses économies.

L’OCDE prévoit donc que la croissance mondiale s’établira à 3,1 % en 2015, avant d’atteindre 3,8 % en 2016 (dans les précédentes perspectives, les taux de croissance étaient respectivement de 3,6 % et de 3,9 %)

Aux États-Unis, la croissance devrait s’établir à 2 % en 2015 et à 2,8 % en 2016, soit une révision à la baisse des prévisions de novembre 2014 qui tablaient sur un rythme de 3,1 % cette année et de 3 % l’an prochain.

Dans la zone euro, la production devrait croître de 1,4 % cette année et de 2,1 % en 2016, soit une amélioration par rapport à l’édition antérieure des Perspectives de l’OCDE, qui prévoyait respectivement 1,1 % et 1,7 % pour ces deux années. Les mesures d’assouplissement monétaire de la BCE ont été plus énergiques que prévu et ont été assorties d’une forte dépréciation de l’euro, ce qui devrait renforcer les effets positifs sur la demande de la moindre rigueur budgétaire et du recul des prix du pétrole.

La croissance japonaise devrait s’établir à 0,7 % en 2015 (contre 0,8 % selon l’édition antérieure des Perspectives) et à 1,4 % en 2016 (contre 1 %). Les facteurs alimentant la reprise sont notamment la baisse des prix du pétrole, la progression des exportations à la faveur de la dépréciation du yen, et la hausse des salaires réels.

En Chine, la prévision de croissance du PIB passerait en-dessous de 7 % en 2015, avec une prévision à 6,8 % contre 7,1 % dans les Perspectives de novembre dernier, et 6,7 %, et non plus 6,9 %, pour 2016. Cette décélération s’explique par la réorientation actuelle de l’économie chinoise, dans laquelle les activités de services se substituent au secteur manufacturier et à l’investissement immobilier comme principal moteur de la croissance.

La croissance devrait rester à la fois soutenue et stable en Inde en 2015 (avec 7,3 %) puis en 2016 (7,4 %). La Russie et le Brésil devraient sortir de la récession et retrouver en 2016 une croissance positive qui serait néanmoins faible.

La BCE maintient sa ligne

De son côté, la BCE n’a pas modifié ses prévisions de croissance. La croissance attendue du PIB est maintenue à 1,5 % cette année et à 1,9 % en 2016. Pour 2017, une petite correction à la baisse a été opérée. Elle passe de 2,1 à 2 %. En revanche, l’inflation, pour cette année, a été réévaluée à 0,3 % contre 0 % précédemment. Cette correction est justifiée par une remontée des cours du pétrole et par un euro plus faible par rapport aux prévisions précédentes. Pour 2016 et 2017, le taux d’inflation serait respectivement de 1,5 % et 1,8 %. De ce fait, le retour de l’inflation dans la cible des 2 % n’est pas prévu avant deux ans. Mario Draghi a souligné que le niveau excédentaire des capacités de production demeurait élevé ce qui rend d’autant plus long le retour à la normale.

France, vers un deuxième trimestre acceptable

Selon la Banque de France, la croissance de l’économie française devrait être de 0,3 % au deuxième trimestre après avoir atteint 0,6 % au premier. Pour l’année 2015, le PIB devrait s’accroître de 1,2 %. En 2016, la hausse serait de 1,8 % ; pour 2017, une croissance de 1,9 % est attendue. La Banque de France reste relativement confiante sur la reprise de l’économie française après trois années de stagnation.

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