Babybelliser les oligopoles européens

13/07/2009, classé dans

Jacques Attali dans l’Express du 9 juillet propose la fusion de la SNCF avec la Bundesbahn afin de constituer un grand groupe européen du transport ferroviaire. Ainsi, avec cette fusion, la SNCF bénéficierait du savoir-faire en matière de fret de son homologue allemand. Ce dernier éviterait une concurrence frontale dans le domaine de la grande vitesse. Il n’est pas certain du tout que le projet Attali soit apprécié de l’autre côté du Rhin. En effet, la Bundesbahn en voie de privatisation regarde plus l’Est que vers l’Ouest. Je ne suis pas convaincu que la gestion des statuts des salariés de la SNCF enchante nos amis allemands. Au-delà du symbole de l’amitié franco-allemande que ce projet serait censé porté, il convient de s’interroger sur le bienfondé de la création de nouveaux oligopoles.

L’Europe souffre non pas de trop de concurrence mais de pas assez de concurrence. La possibilité pour EDF après avoir levé plus de 3 milliards d’euros d’emprunt d’annoncer un relèvement de ses tarifs de 20 % sur trois ans démontre que les jeux du marché sont insuffisants.

Ce que EDF n’a pas pris aux épargnants, il le prendra aux consommateurs. Certes, la marché est libre mais est faussé par le maintien des tarifs réglementés qui lient les anciens consommateurs. Ce qui est bien avec l’électricien national, c’est qu’il se comporte en concurrent offensif sur les autres marchés et que son marché national il a opté pour un régime de seigneuriage.

La SNCF est dans une situation de monopole qui devrait s’achever à la fin de l’année. L’idée de la fusion avec la Bundesbahn qui après avoir accumulé des pertes est aujourd’hui rentable vise à empêcher l’émergence d’un véritable concurrent. Certes, Air France si la crise lui permet fera circuler quelques TGV pour mieux relier la province à Roissy mais cela ne changera pas la donne.

Aux Etats-Unis, l’éclatement d’ATT et d’ITT en association avec la déréglementation a permis l’émergence des nouvelles technologies de l’information et de la communication. Les Babybells ont été source de croissance dont il conviendrait de s’inspirer en Europe.

Depuis plus de vingt ans, le quasi monopole de Microsoft est une source de sclérose. L’arrivée de nouveaux concurrents avec Linux et Google, heureusement, offrent de nouvelles perspectives.

Les Etats-Unis ont soit la capacité juridique, soit la capacité technologique de mettre un terme aux monopoles ou aux oligopoles. Or, en Europe et tout particulièrement en France, il y a un goût prononcé pour la création de méga-entreprises. L’alliance GDF-Suez a conforté les marchés des entreprises fusionnées sans aboutir à la création de nouvelles offres pour les consommateurs.

L’idée que seules quelques grandes firmes doivent survivre est un contre-sens économique. Les fusions de grands groupes ne sont pas créateurs d’emplois bien au contraire. Ils ne sont créateurs de richesse pour les actionnaires et encore ce n’est pas évident sur le long terme. Cela fait beau sur le papier, c’est tout.

Le dynamisme économique de la France et de l’Europe passe par plus de concurrence. Il faut avoir le courage de mettre un terme aux oligopoles qui nuisent à la fois aux consommateurs et à la croissance en passant éventuellement par leur scission.

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