Start-up Nation ?

20/01/2018, classé dans

Après plusieurs années de faible croissance, la France a renoué avec une croissance de 2 %, gage d’amélioration de la situation de l’emploi et des comptes publics. L’actuel gouvernement fera-t-il mentir la loi des séries en refusant de s’engager dans le débat de l’utilisation de la cagnotte fantôme qui serait alimentée par les fruits retrouvés de la croissance ? En 2000 et en 2006, Lionel Jospin et Dominique de Villepin n’avaient pas échappé à cette épineuse question. Le niveau actuel du déficit et de la dette publique devrait inciter à la prudence mais en la matière, et après plusieurs années de dure stagnation, rien n’est certain.

Pour maintenir un rythme de croissance autour de 2 %, le développement du secteur digital constitue une priorité. Les pouvoirs publics rêvent de créer un environnement favorable pour l’essor des start-up et rattraper notre retard en la matière.

Si la France est distancée pour la valeur ajoutée et les emplois dépendant du numérique, en revanche, elle arrive en deuxième position pour les levées de fonds. En 2017, 2,56 milliards d’euros ont été levés dans l’Hexagone pour 605 opérations en capital-risque. Avec 18 % des montants levés en Europe, la France se situe, selon le cabinet EY, derrière le Royaume-Uni (40 %) mais devant l’Allemagne (12 %). L’Île-de-France est la première région d’accueil de ces investissements (77 %) suivie par la Auvergne-Rhône-Alpes (4 %) et PACA (3,9 %). Dans 25 % des opérations de levée de fonds, des grands groupes ont pris des participations en jouant ainsi leur rôle d’incubateur.

Lors du salon « Consumer Electronic Show  » (CES) de Las Vegas de ce début d’année, dans l’espace dédié aux start-up, la France comptait presque autant de représentants que les États-Unis (275 contre 289), tandis la Chine n’en avait que 50, le Royaume-Uni 30 et l’Allemagne 20. Une trentaine de start-up françaises ont bénéficié de nominations dans les différents concours du CES 2018, et deux ont été primées (Blue Frogs Robotic pour un robot domestique et Lancey Energy Storage pour un radiateur « intelligent »). Les entreprises françaises ont été remarquées dans les domaines de la maison connectée, de la santé et des transports. Elles sont reconnues pour leur innovation et leur capacité à associer technologie et confort d’utilisation.

Néanmoins, comme pour le reste de l’économie, les entreprises du digital sont freinées par leur petite taille. Les levées de fonds françaises peinent à dépasser les 100 millions d’euros, contrairement aux start up britanniques (qui ont réalisé 8 opérations comprises entre 100 et 500 millions en 2017). La France compte peu de jeunes entreprises valorisées à plus d’un milliard d’euros quand elles sont une quinzaine au Royaume-Uni et une dizaine en Allemagne.

Par ailleurs, la Commission européenne publie un classement annuel  (European Innovation Scoreboard), fondé sur une trentaine d’indicateurs (intégrant R & D, brevets, emplois, création de richesse) selon lequel la France ne figure qu’au 11e rang au sein de l’Union européenne loin derrière l’Allemagne, la Grande-Bretagne, les Pays-Bas et les pays scandinaves.

Si la France, se caractérise depuis une dizaine d’années par un niveau élevé de créations d’entreprise (cf. supra), ce dynamisme ne se traduit pas par une montée en puissance du secteur des technologies de l’information et de la communication. Même si, à juste titre, elles sont mises en avant, les start-ups représentent une faible part des créations. A l’échelle macroéconomique, la taille du secteur des Nouvelles Technologies reste faible. L’investissement des entreprises dépendant des NTIC pèse 0,5 % du PIB contre 1,5 % aux États-Unis.

Les NTIC sont à l’origine de 4,3 % de la valeur ajoutée des entreprises françaises. Ce poids devrait atteindre 5 % d’ici 2020. Néanmoins, les entreprises butent sur des goulots d’étranglement en matière de main d’œuvre.

Le problème des compétences

Selon plusieurs organismes internationaux, la croissance française est de plus en plus entravée par les mauvais résultats de son système de formation. Cette situation rejaillit tant sur les jeunes actifs que sur l’ensemble de la population active.

La France arrive en 35e position pour les performances des enfants de CM1 en mathématique et en 34e position pour les performances des enfants de CM1 en compréhension écrite.

La France, pays essentiellement tertiaire et de TPE, est moins avancée que l’Allemagne ou les pays d’Europe du Nord sur la robotisation de la production. Le nombre d’entreprises recourant à des systèmes informatiques (robots, cloud, gestion connectée des stocks, gestion connectée des flux) y est plus faible qu’en Europe du Nord.

Pour le moment, le fourmillement de start-up ne modifie pas la situation macroéconomique de la France qui se caractérise toujours par une dégradation de sa balance commerciale et par un retard en matière d’intégration des nouvelles technologies. Les questions de financement et donc de croissance des start-up françaises peuvent également expliquer le léger décrochage de la France vis-à-vis des NTIC. En règle générale, les phénomènes de rattrapage s’effectuent par à-coups. Une possible mise à niveau est donc attendue même si la question de formation des actifs constitue un réel handicap.

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