Le nuclaire en plein doutes

11/12/2009, classé dans

LE NUCLEAIRE EN DESHERENCE

53 centrales nucléaires sont en cours de construction à l’échelle mondiale ; plus d’une douzaine de nouvelles centrales devrait être lancée l’année prochaine. Le nucléaire constitue, en l’état actuel des techniques, la source d’énergie de substitution au pétrole la plus facilement mobilisable. Or, force est de constater que le nucléaire souffre aujourd’hui du désinvestissement effectué en la matière depuis vingt ans. Cette situation s’applique à la France mais aussi aux autres pays industrialisés.

Le monde compte aujourd’hui 436 réacteurs nucléaires dont 356 dits de deuxième génération à eau pressurisée. Les techniques utilisées datent des années cinquante. Si elles sont bien maîtrisées, elles ne sont pas exemptes de problèmes dont le principal est le retraitement des déchets. Par ailleurs, les réacteurs de seconde génération sont des consommateurs non négligeables d’uranium qui comme toute matière première n’est pas inépuisable.

Le lancement des centrales de 3ème génération devrait aboutir à améliorer le rendement énergétique sans tout en conservant les fondements des centrales actuelles. Des chercheurs contestent l’utilité de développer ces nouvelles centrales et demandent que les entreprises et les Etats investissent sur les réacteurs de 4ème génération qui n’utiliseraient plus l’eau pour refroidir mais des gaz comme l’hélium et le graphite comme modérateur. Ironie de l’histoire, ces réacteurs remettraient à l’honneur des techniques que la France avait développé en vain dans les années soixante.

Aujourd’hui, la France qui avait grâce au programme lancé sous Pompidou et Valéry Giscard d’Estaing acquis une avance technologique a faute d’avoir investi perdu son leadership. Depuis 20 ans, il y a eu un désinvestissement financier et humain au point qu’il n’y a pas assez d’ingénieurs formés aux techniques de l’énergie nucléaire.

Ce désinvestissement est la conséquence du refus des pouvoirs publics de relever pour des raisons sociales le prix de l’électricité et la volonté d’EDF de conquérir des parts de marché à l’étranger. La France devenue exportatrice d’électricité a vécu sur la rente du nucléaire jusqu’à s’apercevoir qu’elle n’était pas éternelle. Il y a surtout une sous-évaluation de la progression de la demande en électricité et du coût d’entretien du parc vieillissant. Avec l’arrêt de la construction de nouvelles centrales depuis vingt ans, il a fallu allonger la durée de vie des centrales existantes aux prix de coûteux travaux et de rendements décroissants. La France est ainsi en passe de devenir importateur et de connaître les affres des délestages électriques…

La filière nucléaire est à reconstruire ce qui passe sans nul doute par une révision des tarifs et aussi par des efforts dans les domaines de la formation des ingénieurs et de la recherche.

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