La croissance a frappé à la porte mais restera-t-elle ?

18/05/2015, classé dans

Comme prévu mais mieux que prévu, la croissance est de retour, en France, avec une augmentation du PIB de 0,6 % au premier trimestre, après une stabilité au quatrième trimestre 2014. C’est le meilleur résultat enregistré depuis le deuxième trimestre 2013 (+0,7 %). Cette croissance repose en grande partie sur la bonne tenue de la consommation des ménages qui a augmenté de +0,8 % après +0,1 % au 4ème trimestre.

L’investissement reste toujours le point noir de l’économie française avec un recul de -0,2 % après -0,4 %. L’investissement des ménages continue de baisser (-1,4 % après -1,1 %) tandis que celui des entreprises progresse péniblement de +0,2 % après -0,1 %. L’investissement en construction recule davantage avec -1,3 % au premier trimestre après -0,9 % au 4ème trimestre 2014.

Les dépenses en biens manufacturés augmentent à nouveau (+1,2 % après -0,3 %). Celui des services marchands est également en petite hausse (+0,4 % après +0,2  %). Au total, la demande intérieure finale (hors stocks) a contribué à la croissance du PIB pour +0,5 point après +0,1 point fin 2014.

Les variations de stocks contribuent favorablement à la croissance de l’activité au premier trimestre 2015 : +0,5 point après -0,3 point au quatrième trimestre 2014. Les seuls matériels de transport contribuent pour +0,4 point de PIB, faisant ainsi plus que compenser la contribution du solde commercial de ces biens (–0,3 point).

Malgré la dépréciation de l’euro, le commerce extérieur n’a pas joué favorablement sr la croissance du 1er trimestre. En effet, les exportations ralentissent avec une hausse de 0,9 % après +2,5 % quand  les importations augmentent de 2,3 % après +1,5 %. De ce fait,  le solde extérieur contribue négativement à l’évolution du PIB à hauteur de -0,5 point, après +0,2 point le trimestre précédent.

Au premier trimestre 2015, la production totale de biens et services a augmenté de 0,7 %, après avoir stagné fin 2014. La production manufacturière se reprend avec une hausse de +1,3 % après +0,1 %. Cette augmentation s’explique par les bons résultats des matériels de transports (+5,6 % après –2,4 %) ainsi que de la production d’énergie. Dans les services marchands, la production ne croît que de +0,6 % après +0,3 %. En revanche, l’activité dans la construction recule de –1,0 % après –0,9 %. Le secteur du bâtiment continue à souffrir malgré les taux bas.

La croissance n’a pas été assez forte et assez structurante pour empêcher la poursuite des destructions d’emploi au 1er trimestre.

Au premier trimestre 2015, l’emploi dans les secteurs marchands non agricoles diminue de 0,1 % soit une perte de 13 500 postes, après une perte de 1 300 au quatrième trimestre 2014).

L’emploi continue de reculer quasiment au même rythme qu’au trimestre précédent dans l’industrie (–0,2 % contre –0,3 % au quatrième trimestre 2014) et dans la construction (–1,0 % contre –1,3 % au quatrième trimestre 2014). L’emploi du secteur tertiaire dans son ensemble est stable (après +0,2 % au trimestre précédent). Hors intérim, l’emploi du secteur tertiaire augmente même légèrement sur le trimestre (+0,1 %). Sur un an, l’emploi marchand hors intérim diminue néanmoins de 73 000 postes, soit –0,5 %.

L’emploi intérimaire se replie au premier trimestre 2015 (-9 200 postes, -1,7 %), après une forte hausse le trimestre précédent (+24 100 postes, +4,7 %). Il augmente très légèrement sur un an (+4 500 postes, +0,8 %).

Et pour la suite…

La Banque de France prévoit, pour le deuxième trimestre, une croissance plus lente avec un taux de 0,3 %. L’industrie et les services marchands devraient, selon la Banque centrale, rester bien orientés quand le bâtiment stagnerait à un niveau de faible activité.

Avec l’augmentation des prix pétroliers, le taux d’inflation est repassé en territoire positif. Cette hausse pourrait légèrement freiner la croissance dans les prochains mois si elle se confirmait. Néanmoins, le retour de l’Iran sur le marché devrait peser au cours du second semestre sur les cours pétroliers.

L’augmentation des taux d’intérêt constatée depuis quelques semaines ainsi que la légère appréciation de la monnaie commune ne sont pas en mesure de pénaliser l’activité économique. Les taux sur l’OAT à 10 ans sont revenus à leur niveau de début d’année, niveau qui est plus conforme à la réalité économique et financière que le taux de 0,4 % atteint au mois d’avril.

Compte tenu de l’acquis de croissance, la barre des 1 % devrait être franchie en 2015. Est-il possible d’atteindre 1,5 % ? Tout dépend de la reprise de l’investissement ainsi que de l’effet de la croissance sur l’emploi ? Une augmentation des créations d’emploi serait à même de renforcer la consommation et de doper la production. A cet effet, il faudra suivre l’évolution du taux d’utilisation des capacités de production qui est actuellement de 76,6 % selon la Banque de France. Il faudrait qu’il atteigne 78 % assez rapidement afin d’inciter les chefs d’entreprise à accroître leurs investissements. Sur ce sujet, il faut souligner que la France a accumulé un grave retard en ce qui concerne la modernisation de son outil productif.

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