La chute libre de l’épargne financière

30/04/2014, classé dans

Les flux financiers des ménages sont au plus bas. En 2013, ils n’ont été que de 71 milliards d’euros en chute de 25 milliards d’euros en deux ans. Les flux financiers des ménages s’élevaient à 87 milliards d’euros en 2012 et à 95,9 milliards d’euros en 2011. En 2010, ils atteignaient 129 milliards d’euros. Cette forte réduction des flux financiers s’explique par la crise financière qui a dissuadé les ménages à acquérir des titres financiers et par la stagnation du pouvoir d’achat qui pèse sur les capacités des ménages. Au regard de cette baisse franche et massive, le taux d’épargne reste assez élevé. Ce paradoxe s’explique par le poids de la composante immobilière au sein de ce taux. En effet, les deux tiers du taux d’épargne correspond au remboursement en capital des emprunts immobiliers, 9 point sur 15,2 points. Par ailleurs, les intérêts capitalisés et les dividendes réinvestis sont considérés comme de l’épargne et gonfle d’autant le taux.

Néanmoins, le taux d’épargne a baissé au cours de l’année. Le taux est, en effet, passé de 15,6 à 15,2 % du revenu disponible brut du 4ème trimestre 2012 au 4ème trimestre 2013.

En 2013, les  ménages français ont cédé des actions cotées à hauteur de 6 milliards d’euros malgré la hausse du CAC 40 de 18 %. Ils ont continué à se désengager des OPC monétaires  mais aussi des OPC non monétaires (SICAV, FCP). Ils sont, en revanche mis davantage d’argent sur les fonds euros d’assurance-vie, 38 milliards d’euros en 2013 contre 24 milliards d’euros en 2012. De même, toujours dans le cadre de l’assurance-vie, ils ont repris le chemin des unités de compte avec une collecte nette de 1,2 milliard d’euros  contre une décollecte de 4,2 milliards d’euros en 2012.

Les ménages ont joué l’extrême prudence en laissant plus d’argent en dépôt à vue (comptes courants). 16,6 milliards d’euros ont été ainsi laissés en 2012 quand en 2012, il y avait eu 5 milliards de retraits au profit essentiellement du Livret A et du LDD. L’engouement en faveur de l’épargne réglementée s’est, en effet, calmée, au cours de l’année avec la baisse du taux de rendement. En revanche, l’épargne logement a repris quelques couleurs. les premiers résultats du premier trimestre 2014 confirme cette tendance.

Ces faibles flux financiers sont assez inquiétants pour le financement à terme de l’économie qui est de ce fait de plus en plus dépendant des capitaux extérieurs. La volonté des pouvoirs publics de réorienter l’épargne vers les actions (PEA porté à 150 000 euros, création du PEA-PME) et vers des placement longs (eurocroissance, Vie-génération) trouve tout son fondement avec les résultats de l’épargne en 2013. La France souffre d’une absence de fonds de pension pour drainer l’épargne vers les entreprises. Par ailleurs, cette baisse des flux financiers intervient au moment même où les banques sont amenées à être beaucoup plus sélectives dans l’octroi du crédit en raison du durcissement des normes prudentielles.

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