Excès d’épargne et sous-investissement, deux faces d’un même problème

24/12/2016, classé dans

Depuis plusieurs années, l’Europe souffre d’un excès d’épargne. L’accumulation d’excédents commerciaux explique en partie cette situation. Mais celle-ci est avant tout provoquée par le recul de l’investissement des entreprises, des pouvoirs publics et des ménages. Malgré la forte baisse des taux, la reprise de l’investissement au sein de l’Union européenne n’est pas réellement intervenue.

La baisse de l’investissement dans les pays avancés est de nature structurelle. Le vieillissement de la population réduit les besoins en logement. La stagnation de la population limite également les besoins en équipements collectifs.

Au sein d’une économie tertiaire, le besoin d’investissements est plus faible que dans une économie industrielle. Or, le secteur tertiaire représente au sein de l’Union européenne plus de 75 % du PIB. La digitalisation de l’économie accentue cette tendance. Les goulots d’étranglement sont plus rares dans une économie dématérialisée que dans une économie de production de biens physiques. Par ailleurs, le développement des plateformes collaboratives, de la société d’usage en lieu et place de la société de la propriété réduit les besoins d’investissement. Le niveau sans précédent de l’endettement public réduit, par définition, les marges de manœuvre des collectivités publiques en matière d’équipements. Les épargnants privés et institutionnels, depuis la crise de 2008, éprouvent une aversion aux risques plus élevée ce qui les conduit à ne pas s’engager sur le long terme.

Pour favoriser la croissance et éviter une dégradation de la qualité des infrastructures, une orientation des excès d’épargne vers l’investissement tant privé que public apparaît souhaitable. Cette réorientation suppose un changement de comportement des investisseurs. Il faudrait sans nul doute une fiscalité plus sélective en ce qui concerne les produits d’épargne : moins d’incitation pour les produits de court terme et une fiscalité allégée sur les produits à risque de long terme. Les pouvoirs publics devraient également améliorer la rentabilité de leurs investissements afin d’attirer plus facilement les capitaux privés. Un accroissement des dépenses d’investissement public à l’échelle européenne aurait un indéniable effet d’entraînement. Cela supposerait un consensus en la matière au sein de l’Union européenne qui ne pourrait intervenir qu’après les élections prévues en France et en Allemagne.

A défaut de pouvoir relancer l’investissement au sein de l’Union européenne, les épargnants ont intérêt à prêter au reste du monde pour obtenir des revenus sur les actifs extérieurs nécessaires pour financer les déséquilibres commerciaux et les dépenses sociales (retraite).

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