Des solidarités intergénérationnelles inversées ?

07/07/2018, classé dans

En vertu des articles 205 et suivants du Code civil, tout enfant doit aider ses parents dans le besoin, selon ses capacités financières et les besoins des bénéficiaires. Cette obligation peut être invoquée par le ou les parents à qui elle est due, mais aussi par les collectivités chargées de l’aide sociale et les hôpitaux (art. L. 6145-11 du code de la santé publique). C’est au nom de ce principe que les collectivités sont en droit de récupérer sur succession les sommes dépensées au moment d’une éventuelle dépendance. Dans les faits, aujourd’hui, ce sont les retraités qui sont amenés à aider financièrement ou logistiquement leurs enfants et leurs petits-enfants. Près d’un tiers des retraités sont amenés, au-delà des cadeaux liés aux anniversaires et aux fêtes de fin d’année, à aider financièrement un membre de leur famille non-retraité, essentiellement enfants et petits-enfants. 14 % des non-retraités aident également leurs aînés. Parmi les retraités les plus aisés, près de 40 % affirment effectuer des donations, principalement au sein de la famille. Plus de la moitié de ceux gagnant 3 500 euros net par mois en ont réalisé une contre près d’un quart pour ceux vivant avec moins de 2 500 euros. Afin de venir en aide à leur famille, les retraités maintiennent un effort d’épargne. Ils sont ainsi 55 %  à continuer d’épargner pour améliorer leur pension (enquête du Cercle de l’Épargne – Amphitéa – AG2R LA MONDIALE). Parmi les motivations, figurent la possibilité d’aider ses proches, le financement des dépenses de santé et de dépendance et la constitution d’un patrimoine pour ses enfants.

Le soutien des retraités n’est pas que monétaire. Ils interviennent surtout de manière gratuite en gardant les petits-enfants après l’école ou durant les vacances. Ils sont souvent appelés à l’aide pour des travaux de bricolage. Leur rôle est d’autant plus important qu’ils vivent à proximité de leurs enfants. Quand le trajet entre le domicile des parents et celui de leurs enfants dépasse 30 minutes, leur soutien diminue fortement (écart de 34 points).

Selon la direction des études du Ministère des Solidarité et de la Santé, les grands-parents effectuent 16,9 millions d’heures de garde par semaine auprès des enfants de moins de 6 ans, 70 % des enfants de moins de 6 ans sont gardés au moins occasionnellement, d’après leurs parents, par un membre de la famille dans neuf cas sur dix par les grands-parents.

Les interventions des grands-parents peuvent être de nature très diverse. Trois grandes catégories d’aides sont distinguées :

  • les recours réguliers, qui s’inscrivent dans le cadre de l’organisation hebdomadaire de la garde de l’enfant (« organisation régulière ») ;
  • les recours ponctuels, motivés par des contraintes imprévues de l’organisation quotidienne (« dépannage ») ;
  • les recours occasionnels (« vacances et week-ends »), motivés en partie par le souhait de créer du lien entre les jeunes enfants et les grands-parents ou par le manque d’autres modes de prise en charge durant ces périodes de l’année.

Au regard de l’étude du Ministère des Solidarité et de la Santé, les grands-parents interviennent essentiellement durant les vacances ; 64 % des grands-parents s’occupant de leurs petits-enfants sont ainsi sollicités. Néanmoins, les grands-parents sont également appelés à l’aide au cours de l’année sur le mode du dépannage (63 % des grands-parents s’occupant de leurs petits-enfants concernés. En revanche, seuls 28 % sont amenés à garder de manière organisée leurs petits-enfants. 8 % des enfants de moins de 6 ans sont confiés aux grands-parents à la fois de façon régulière, en dépannage et pour les vacances.

Le recours aux grands-parents dépend aussi de la situation professionnelle des mères. Si elles sont actives, cadres et diplômées de l’enseignement supérieur, la probabilité que les enfants soient gardés par les grands-parents est forte. Les grands-parents ont par ailleurs plus de chances d’être sollicités sur une base régulière dans les ménages monoparentaux. Durant les vacances, l’intervention des grands-parents est dictée tout à la fois par des considérations de liens familiaux et d’absence de structures publiques d’accueil ainsi que par des motivations financières.

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