Sur les grands boulevards de l’ennui

02/04/2012, classé dans

En marchant sur les grands boulevards, à Paris, je ne finis pas de m’étonner de voir des jeunes, des moins de 25 ans, portés des t-shirts à la gloire des Rolling Stones. Pour s’identifier, les jeunes de cette deuxième décennie du 21ème siècle s’affichent avec le logo lippu d’un groupe dont les membres pourraient être leurs parents voire leurs grands parents.

De même, ces jeunes accompagnent leurs parents aux concerts des idoles des années soixante et des années soixante-dix.

Serions-nous allés voir Maurice Le Chevalier, Montant… Déjà, nous trouvions Michel Sardou et Julien Clerc ringards

A quinze ans, à la fin des années soixante-dix, il fallait écouter AC DC, Van Halen, Motorhead, Saxon ou Led Zep. Les Stones étaient considérés comme de vieux bourgeois, jet-secteurs.

A défaut d’avoir pu participer à Mai 68, nous nous opposions à travers le choix de nos groupes musicaux. Avoir une place pour un concert d’AC-DC marquait la vie des adolescents. Nous étions par ce geste membre d’une communauté de laquelle étaient exclus les adultes. En guise de déguisement, nous marquions sur nos jeans les noms de nos groupes favoris et avions comme cartable la sacoche de l’US Army.

Il ne nous serait jamais venu à l’esprit d’être accompagnés par nos parents pour aller à un concert de rock. Déjà, nous trouvions la situation insupportable quand nos grands frères se joignaient à nous.

Il faut avouer que notre esprit révolutionnaire ne dura pas longtemps. Les enfants de la fin du baby boom, c’est-à-dire nés entre 1962 et 1968, rentrèrent très rapidement dans le rang. Nos parents pour la très grande majorité d’entre eux n’avaient pas fait mai 1968 mais ils étaient suffisamment jeunes pour comprendre qu’une nouvelle époque s’ouvrait. Notre génération s’est mue dans une entre-deux-périodes, entre la période de la fin de la seconde guerre mondiale et de la reconstruction et celle qui se développa à la fin des années soixante, plus libertaire.

Notre éducation fut conventionnelle mais des brèches s’ouvraient. A l’école primaire, les coups de règles, les punitions, les classements pleuvaient encore tout comme le tablier et les uniformes mais dans le même temps la mixité, la priorité à l’expression orale s’imposait. Je me souviens quand j’étais en CM1 mon école de garçons est devenue mixte. La première année, il y avait trois ou quatre filles par classe. Je suis certain que quarante ans plus tard, elles n’ont pas oublié cette expérience.

Nos parents tentaient d’adopter les nouveaux codes post-soixantuitards. La priorité était donnée à la jouissance immédiate, à la liberté mais à l’intérieur du foyer l’ancien paradigme n’avait pas complètement disparu en particulier en ce qui concerne la répartition des rôles entre les époux et la place des enfants. Il n’était pas rare que dans de nombreuses familles, les enfants soient contraints de manger en silence et à part.

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