Référendum Smart sur les 35 heures : Billet Eco Sud Radio du 14 septembre 2015 avec Philippe Crevel
56 % des salariés de l’usine Smart de Hambach en Moselle ont accepté de passer temporairement de 35 à 39 heures payées 37 heures. En contrepartie, les dirigeants de l’entreprise s’engage à maintenir l’emploi jusqu’en 2020.
Cette méthode rappelle celle qui a été mise en œuvre dans l’industrie automobile en Allemagne et ce n’est pas un hasard car Smart appartient à Mercedes. A ce sujet, en l’état du droit, l’entreprise SMART n’étant pas en difficulté, il n’est pas dit qu’elle puisse déroger aux 35 heures de la sorte. Mais, ce sera aux juges de se prononcer.
Pour résoudre les problèmes de l’économie française, faut-il généraliser cette solution, c’est-à-dire in fine revenir aux 39 heures !
A première vue, cette solution apparaît alléchante. Le référendum chez Smart permet de réduire de 5 % la masse salariale et d’améliorer la compétitivité de l’entreprise… Nous savons que les problèmes de l’économie française se sont aggravés à partir du début des années 2000 avec la généralisation des 35 heures. Le déficit commercial s’est profondément creusé et la France accumule depuis un important retard de croissance avec l’Allemagne.
Mais attention aux illusions d’optique.
Le coût du travail, dans l’automobile ne représente que 25% du coût final d’un véhicule. De ce fait, le référendum de la semaine dernière n’allège le coût final que de 1,5% par voiture.
La durée du travail n’est qu’un facteur parmi d’autres. A ce titre, le pays en Europe où on travaille le plus, c’est la Grèce, ce n’est pas un gage de bonne santé économique.
Il faut prendre en compte la productivité du travail. Or, la Grèce arrive en dernière position.
Certes, la France est un des pays où la durée du travail est la plus faible avec l’Allemagne ce qui n’empêche pas ce dernier pays d’accumuler des excédents commerciaux. Ce n’est pas une question de coût du travail. L’Allemagne comme la Suède ou le Danemark ont des coûts similaires aux nôtres
Alors comment obtiennent-ils de meilleurs résultats ?
C’est avant tout une question de positionnement.
L’Allemagne a un positionnement haut de gamme. L’industrie allemande est présente sur des créneaux et des secteurs où il y a moins de concurrence.
La France se bat avec des concurrents qui se situent dans des pays émergents. Or, la combat est perdu d’avance. Ce n’est pas 37 ou 39 heures qui sauveront la mise.
Le downsizing est plus que dangereux. Il est démotivant pour les salariés. Et baisser les salaires, c’est moins de pouvoir d’achat, moins de consommation et donc moins de croissance.
Il ne faut jamais oublier que Ford n’a jamais autant gagner de l’argent quand il a augmenté les salaires car ses ouvriers ont pu acheter des votures.
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