Quand l’immigration n’est pas l’ennemi de l’emploi !

10/01/2017, classé dans

Quelles sont conséquences de l’immigration au niveau de la croissance ? Quels sont ses effets sur le marché de l’emploi ? Plusieurs études reposant sur d’importantes données statistiques donnent quelques éléments de réponse. Pour mesurer l’impact des travailleurs immigrés, dans les analyses retenues pour ce papier, il n’est pas pris en compte les conséquences des travailleurs détachés qui ne sont pas des travailleurs immigrés.

 

L’arrivée massive de migrants est communément considérée comme un facteur déstabilisant pour le marché du travail. Cet argument est souvent mis en avant pour freiner l’entrée de nouveaux immigrés au sein de nombreux pays de l’Union européenne, voire aux Etats-Unis. Plusieurs études économiques sur le sujet prouvent pourtant l’inverse. Ainsi, selon les économistes Pierre Cahuc et André Zylberberg, en 1980, plus de 125 000 Cubains ont quitté leur île pour s’installer essentiellement en Floride dont la moitié d’entre eux à Miami. La population active s’est accrue dans cette ville de 7 % en quelques mois. Une étude a été réalisée afin de comparer les zones affectées par les mouvements migratoires et des zones similaires aux Etats-Unis n’ayant pas connu d’afflux de migrants. Miami a été ainsi comparée avec 43 autres villes américaines (article de David Card « the impact of the Mariel Boatlift on the Miami Labor Market » 1990). Or, il y a apparait que les salaires et le chômage n’ont pas été affectés par l’accroissement rapide de la population active. Cela vaut pour toutes les catégories d’emplois y compris ceux n’exigeant pas de qualification. Les nouveaux entrants ont soit créé de nouvelles activités, soit permis à des employeurs de pourvoir des emplois pour lesquels ils ne trouvaient de main d’œuvre local. Les effets de substitution ont été faibles tout comme la concurrence salariale.Ce résultat n’est pas spécifique aux Etats-Unis. Ainsi, entre 1992 et 1995, l’Autriche a accueilli plus de 100 000 réfugiés bosniaques ce qui a eu peu d’effets négatifs. Il en a été de même en Suisse avec l’arrivée des réfugiés du Kosovo et de Bosnie entre 1992 et 1997. Même si le suivi statistique était de moins bonne qualité, il n’en demeure pas moins que la croissance française s’est accélérée après l’arrivée massive des rapatriés d’Algérie. Un afflux rapide de population en âge de travailler génère tout à la fois une offre de travail ainsi qu’une demande de biens et de services. Une population jeune et relativement bien formée est une source de gains de productivité.

 

Ces résultats positifs en termes économiques de l’arrivée de migrants prouvent, une fois de plus, que la théorie de Malthus sur les effets négatifs de l’augmentation de la population ne se vérifie pas dans les faits. Le travail n’a jamais été un gâteau à partager entre convives ; c’est un espace dynamique qui s’accroît en fonction de la taille de la population et de la productivité.

 

Le caractère perturbateur de l’arrivée massive de migrants intervient quand le marché du travail est sur-réglementé empêchant l’intégration d’éléments extérieurs. Les immigrés, en règle générale, occupent des emplois délaissés par les nationaux du fait de leur pénibilité ou de leur faible rémunération. A défaut d’immigrés légaux, les employeurs sont contraints de recourir à des travailleurs détachés ou à des travailleurs illégaux.

 

Il sera donc intéressant d’étudier statistiquement l’évolution du marché du travail et la croissance de l’Allemagne dans les prochaines années. Du fait d’un vieillissement rapide de sa population, le nombre d’actifs était en diminution avant l’arrivée des migrants.

 

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