Quand le non conventionnel monétaire devient d’une troublante banalité !
Avec les crises de 2008 et de 2011, les grandes banques centrales sont devenues des points d’ancrage pour l’économie mondiale. Du fait du surendettement des Etats, elles sont devenues les principaux acteurs du jeu économique. Elles ont été amenées à intervenir pour assurer le bon fonctionnement des marchés interbancaires, à lutter contre la déflation et, même si pour certaines d’entre-elles cela ne figurait pas dans leurs missions, de relancer l’économie en jouant sur les taux d’intérêt et les rachats d’obligations.
Les résultats des politiques monétaires non conventionnelles, qui le sont de moins en moins du fait qu’elles se sont généralisées, restent ambigus surtout en ce qui concerne l’Europe. La reprise économique reste modérée et est, en partie imputable à la baisse du prix du pétrole. Certes, les menaces déflationnistes se sont estompées, le crédit progresse et la crise des dettes souveraines s’est atténuée.
Les politiques non-conventionnelles ont permis de donner du temps aux Etats
Les Etats ont été les principaux gagnants. Les intérêts privés sur la dette publique, pour l’ensemble de la zone euro, sont passés de 3,4 à 2,2 % du PIB de 2002 à 2016. Sur la même période, les intérêts bruts reçus par les ménages sont passés de 3,2 à 1 % du PIB. En prenant en compte les intérêts versés au titre de leur dette, les ménages ne reçoivent plus que 0,5 % de PIB en 2016 d’intérêts contre 1,2 % en 2002.
La baisse des taux a été pratiquée afin d’alléger le poids des dettes et afin de relancer le crédit mais il ne faut pas oublier que toute variation des taux d’intérêt est un jeu à somme nulle entre les emprunteurs et les prêteurs. Les emprunteurs allègent la facture des remboursements quand les prêteurs enregistrent une perte de leurs revenus. Pour avoir alors un effet économique, la baisse des taux doit s’accompagner par une augmentation de la propension à consommer. En Europe et tout particulièrement en France, les ménages ont eu plutôt tendance à épargner davantage, ces dernières années, par effet de précaution et effet d’encaisse (les ménages épargnent plus pour compenser la baisse de rendement de leurs placements).
Une reprise du crédit très modérée
La politique des taux bas n’a pas, surtout en Europe, contribué à une relance du crédit. Sa progression au sein de la zone euro se situe depuis 2015 entre 1 et 2 %. Certes, il a été mis fin à sa contraction. Les emprunteurs ont pu renégocier une partie de leurs crédits ce qui a amélioré leurs marges. En revanche, la relance de l’investissement demeure limitée en Europe.
Le principal levier économique du Quantitative Easing, le taux de change
Le Quantitative Easing avec les rachats d’actifs obligataires par les banques centrales conduit à une diminution du taux de change L’euro, depuis la crise de 2008, a perdu près de 30 % de sa valeur. Cela a amélioré les termes de l’échange et a profité aux pays fortement exportateurs comme l’Allemagne. Cette baisse du taux de change qui s’est accompagnée par une déflation salariale dans certains pays comme l’Espagne a permis un accroissement des exportations. Néanmoins, cette dépréciation du taux de change a eu comme limite la réduction de la demande adressée aux pays avancés. En effet, les pays producteurs d’énergie et de matières premières ont diminué leurs importations. Le ralentissement de l’économie chinoise a également freiné les échanges.
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