Quand la Chine s’engage dans la guerre des changes, le monde tremble !
La Chine a décidé de déprécier sa monnaie afin de freiner la décroissance de son économie. Le pays ainsi s’engage dans une bataille des changes qui pourrait impacter le commerce international mais aussi toute la région asiatique
Chine a, en effet, abaissé le taux de référence du yuan face au dollar à deux reprises provoquant une dépréciation de facto de sa monnaie. Celle-ci a atteint son plus bas niveau en quatre ans, à 6,43 yuans pour 1 dollar, mercredi 12 août. Le yuan a désormais perdu 3,5 % en Chine au cours entre lundi et mercredi et environ 4,8 % sur les marchés mondiaux.
A la différence des Etats-Unis ou de la zone euro, la monnaie chinoise n’est pas une monnaie qui évolue en fonction de l’offre et de la demande sur les marchés des changes. La Chine fixe administrativement chaque matin un cours pivot autour duquel sa monnaie ne pourra pas s’écarter de plus de 2 %, à la hausse ou à la baisse.
Les Chinois avaient accepté depuis plusieurs années de relever le cours de leur monnaie tout à la fois à la demande des grands pays importateurs comme les Etats-Unis mais aussi afin de réduire le coûts de ses importants notamment énergétiques et pour faciliter la politique d’achats d’actifs à l’étranger.
Pourquoi la Chine favorise la dépréciation de leur monnaie ?
Le changement de pied des autorités chinoises est lié à la baisse de la croissance, baisse qui s’explique tant par la stagnation des exportations que par le changement de modèle économique.
Depuis 2011, le commerce international stagne voie recule. Il a été pénalisé la crise de la zone euro et par la chute des cours des matières premières. En outre, la Chine ne peut plus guère espérer augmenter ses parts de marché à la fois parce qu’elle est déjà pour de nombreux produits industriels en position dominante et qu’elle est confrontée à une augmentation de ses coûts la contraignant à opérer des délocalisations.
L’économie chinoise est de plus en plus dépendante des services or, ces derniers génèrent moins de gains de productivité que l’industrie. Il en résulte une moindre croissance. Le vieillissement de la population devrait également peser sur la croissance.
Si les pouvoirs publics sont conscients que la croissance devrait s’amoindrir dans les prochaines années, ils souhaiteraient que cette baisse soit très progressive or, depuis 2014, la chute a plutôt tendance à s’accélérer. Une croissance plus faible prévue à des conséquences économiques, sociales et politiques.
Au niveau économique et financier, une activité moins soutenue que prévue signifie que les plans d’investissement sont à revoir, que des projets montés sur la base d’une croissance de 8 à 10 % ne sont plus rentables à 7 % et que de ce fait, les remboursements d’emprunt ne pourront pas être tenus. Il en résulte un risque bancaire d’autant plus que le niveau d’endettement est élevé pour les structures financières.
Au niveau social, une moindre croissance signifie des salaires plus faibles et l’apparition d’un sous-emploi. Or, le gouvernement chinois est craint toujours qu’un malaise social se transforme en agitation politique.
Les craintes économiques, financières et sociales ont poussé les autorités chinoises à agir sur le cours de la monnaie.
Quelles conséquences ?
La baisse du RMB devrait améliorer la compétitivité des produits chinois et donc les exportations. Cela devrait nuire à l’Allemagne, la Corée et le Japon mais également voire surtout aux pays émergents concurrents de la Chine.
Cette dépréciation de la monnaie chinoise devrait conduire à une baisse bourses des pays émergents mais aussi occidentales.
La dépréciation devrait pénaliser le pouvoir d’achat des consommateurs chinois qui devraient être confrontés à une augmentation plus rapide des prix (augmentation du prix des importations). Cette dévaluation si elle devrait provoquer un coup de fouet pour la production industrielle pourrait dissuader les entreprises chinoises à monter en gamme. Elle pourrait aussi réduire les possibilités de rachat à l’international en raison d’une baisse du pouvoir d’achat de la monnaie chinoise.
En revanche, les ménages chinois peuvent espérer une baisse des taux d’intérêt sauf si l’inflation s’élevait trop fortement.
L’enclenchement d’une guerre des changes
La guerre des changes déclarée par la Chine peut provoquer par réaction, des politiques monétaires plus expansionnistes dans les pays asiatiques concurrents de la Chine (Japon, Corée, Thaïlande, Cambodge…).
La dépréciation du RMB pourrait aussi conduire la Réserve Fédérale américaine à reporter de quelques mois la décision de relever les taux qui ne ferait qu’accélérer l’appréciation du dollar ;
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