L’Islande vote non sans surprise
Les Islandais ont rejeté, à 93 %, par référendum le 7 mars 2010, sans surprise, l’accord Icesave, visant à organiser le remboursement des 3,5 milliards d’euros aux Etats anglais et néerlandais. La banque en ligne Icesave a fait faillite obligeant les pouvoirs publics du Royaume-Uni et des Pays-Bas à dédommager leurs ressortissants, les principaux clients de la banque.
Le gouvernement islandais avait conclu un accord avec le Royaume-Uni et les Pays-Bas afin de régler le différend financier.
Or, ce plan a été mis à mal par le référendum demandé par le Président de la République.
Les Islandais n’ont pas admis de devoir contribuer au remboursement de créances au profit d’Etats étrangers dont les habitants ont profité de l’Islande comme place off shore. Par ailleurs, l’Islande, après avoir connu une croissance très rapide au point d’avoir le 6ème PIB par habitant le plus élevé est confrontée à une récession sans précédent. Le PIB a reculé de 7 % l’année dernière et les revenus des Islandais seraient en recul de 20 %.
Ce rejet par référendum n’est pas une surprise. Il était prévu par les sondages même s’ils tablaient sur un vote à 75 %. Néanmoins, quel électeur est prêt à accepter que ses impôts serviront à rembourser des Etats étrangers du fait de la banqueroute d’une banque en ligne ?
Ce rejet avait été anticipé ; les Etats concernés ont relancé le processus de négociation afin de trouver un nouvel accord.
L’Islande ne peut pas compte tenu de son niveau d’endettement (dette publique de 300 % du PIB) s’offrir le luxe d’une banqueroute. Ce pays est sous respiration artificielle. Il a obtenu l’appui du FMI qui a délivré une aide de plusieurs milliards de dollars. Si l’Islande refusait de rembourser , sa monnaie plongerait tout comme son économie et son PIB. L’Islande dépend de la pêche qui traverse une grave crise avec le problème de surexploitation des fonds marins, du tourisme et du secteur financier.
De ce fait, afin d’être moins dépendants des fluctuations de sa monnaie et de bénéficier des dispositifs de régulation européenne, l’Islande entend intégrer l’Union européenne puis la zone euro. Or, cette intégration passe par un accord avec Londres et La Haye.
Les Européens sont aussi intéressés à trouver dans les meilleurs délais un accord pour éviter un effet de contagion à d’autres Etats comme la Grèce.
En effet, même si le Parlement et le Gouvernement ont tenté d’empêcher ce référendum, le Président islandais a tenté une opération populiste pour peser sur le Royaume-Uni et les Pays-Bas.
En cas de contagion, la suspicion gagnerait les marchés qui joueraient contre les Etats européens.
Les réticences allemandes pour venir en aide à la Grèce démontrent que la solidarité au sein de la zone euro donne lieu à de âpres négociations. L’Allemagne n’a guère envi de jouer le rôle de pompier au profit des Etats peu vertueux.
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