Le report logique de l’âge légal de départ à la retraite
La croyance de la fin du travail était communément acceptée en France. Ces trente dernières années avaient donné raison aux partisans de cette religion. Le passage de la retraite à 60 ans et les 35 heures en constituaient les deux symboles les plus visibles. Il faut y ajouter l’entrée de plus en plus tardive dans la vie active. De ce fait, depuis 1970, la vie active s’est raccourcie de plus de 8 ans. Dans le même temps, l’espérance de vie a gagné plus de 10 ans.
En portant progressivement de 60 à 62 ans, l’âge de départ à la retraite, le Gouvernement a pris une décision courageuse mais qui ne remet en rien et loin de là l’équilibre travail/loisirs (dans le sens société du loisir). En effet, d’ici 2018, l’espérance de vie devrait s’accroitre de deux ans soit justement l’allongement prévu sachant que les gains sont essentiellement réalisés après 65 ans grâce aux progrès sanitaires et au meilleur suivi des seniors.
Les mauvais grincheux soulignent que du fait de faible taux d’emploi des seniors, en lieu et place des retraités, nous aurons des chômeurs en fin de droit. Or, dans tous les pays, c’est-à-dire tous nos partenaires, qui ont relevé l’âge de départ à la retraite, le taux d’emploi s’est amélioré. Si la France a un faible taux d’emploi des seniors, c’est avant tout la conséquence d’anticipations tant de la part des employeurs que de la part des salariés. Les employeurs n’investissent pas en formation sur des salariés de plus de 50 ans ou de 55 ans du fait de leur départ programmé autour de 60 ans. Les salariés ne sont pas enclins à se remettre en cause après 50 ans sachant les difficultés à trouver un emploi mais aussi en raison de la proximité de la retraite. Le relèvement de l’âge légal modifiera la donne.
Les recettes malthusiennes ont échoué. La France a, durant des années, pratiqué avec délice les préretraites afin de favoriser l’emploi des jeunes. A la clef, le taux de chômage des moins de 25 ans a toujours été dans notre pays supérieur à la moyenne européenne. La mise à la retraite ou en préretraite crée des coûts publics sans garantie aucune qu’ils soient couverts par une création de richesse dans le secteur privé.
La sortie de la crise, tout comme la résolution du problème de financement des retraites ne passeront que par la croissance et par l’emploi. La France mais plus largement l’Europe doivent générer des gains de productivité pour effacer les ardoises du passé et dégager des recettes pour financer les dépenses sociales de demain. Ce n’est pas en bridant le moteur économique que de tels gains pourront être trouvés. Il faut au contraire améliorer le fonctionnement du marché du travail et favoriser l’investissement productif à long terme.
La pénibilité est mise en avant pour rejeter cette réforme. Or, pour se convaincre qu’un actif de 60 ans, d’aujourd’hui, n’a rien à voir avec un actif de 60 ans de 1950, il suffit de regarder des photos d’époque, de remémorer nos grands-parents. Il y a une réelle amélioration des conditions de vie et de travail qui joue en faveur d’un maintien au travail. Certes, il demeure des métiers pénibles, certes, la pression morale a remplacé la violence physique du travail mais les actifs ont bénéficié de la tertiarisation de l’emploi ainsi que la diminution du nombre d’heures.
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