Le Mondial de l’Automobile : 120 ans, quelques rides mais toujours aussi incontournable
L’industrie automobile est sans nul doute celle qui a marqué le XXe siècle. La voiture, moyen de transport, symbole de liberté et marqueur social, a façonné l’économie durant des décennies. Le secteur automobile est un véritable carrefour. Pour produire une voiture, il faut faire appel à la sidérurgie, à la plasturgie, à des électriciens, à des spécialistes de la sellerie, etc. L’industrie automobile nécessite de nombreux points de vente et également des garages pour le service après-vente. Ce secteur a également tissé des liens avec les banques et les assurances. L’automobile a toujours été en mouvement en intégrant les dernières technologiques, électronique dans les années 60 et 70, digitales depuis les années 90. Elle est un puzzle infini où les pièces n’en finissent pas de s’ajouter les unes aux autres.
Phare des 30 Glorieuses, l’automobile doit faire face à une contestation croissante depuis une vingtaine d’année. Elle est accusée d’être une source majeure de pollution et de gaz de carbone. Son succès s’est traduit par un engorgement des villes contraignant les responsables locaux à prendre des mesures pour limiter son accès. La voiture individuelle subit une critique sociologique et économique. Elle est accusée d’être une dérive individualiste de la société capitaliste. Dans le cadre d’une société plus respectueuse de l’environnement, l’usage est censé primer sur la propriété. Le secteur de l’automobile doit donc faire face à un double défi, énergétique avec le passage à des modes de propulsion plus propres et systémique avec le développement de flottes de voitures sans conducteur. Cette double révolution devrait intervenir entre 2020 et 2040. Les difficultés actuelles de Tesla pour lancer un modèle électrique grand public prouvent que la transformation de l’industrie automobile ne sera pas simple et que les anciens opérateurs disposent encore d’atouts non négligeables. Si la disruption par un acteur extérieur sur le modèle semble être pour le moment écartée, les associations entre les géants du digital et les grandes firmes automobiles sont de plus en plus nombreuses. Ainsi, au mois de septembre, l’Alliance Nissan – Renault – Mitsubishi a noué un accord avec Google.
Autrefois, les grands salons de l’automobile étaient des évènements incontournables qui rassemblaient tous les acteurs du secteur. Avec le développement des nouveaux canaux de distribution et de communication, les grands constructeurs attachent moins d’importance à ces grands évènements. Le salon des nouvelles technologies à Las Vegas qui se tient chaque année au mois de janvier est aussi important pour l’industrie automobile que le Mondial de Paris dont le cru 2018 se déroulera du 4 au 14 octobre prochains.
Pour les 120 ans du salon, plusieurs marques non des moindres feront défaut. Volkswagen, Opel, Fiat, Jeep, Alfa Romeo, Ford, Nissan, Volvo, Mazda, Mitsubishi ont notamment renoncé à tenir un stand cette année à la Porte de Versailles, des absents qui pèsent ensemble près de 40% du marché automobile européen. Les constructeurs mettent en avant pour justifier leur absence le coût prohibitif des salons au regard du retour sur investissement. Pour cette édition, la durée a été raccourcie à 11 jours au lieu de 16, afin de réduire les coûts pour les constructeurs. Un certain nombre d’entre eux privilégient désormais les salons asiatiques. Pour dévoiler un modèle, les salons sont de moins en moins utilisés. Il est plus facile de communiquer en dehors des évènements en ayant recours aux moyens moderne d’information. Autrefois, les salons étaient le seul moment où les consommateurs pouvaient admirer de près un très grand nombre de modèles, s’installer à l’intérieur des voitures exposées et interroger les constructeurs sur leurs caractéristiques. Aujourd’hui, Internet permet un contact certes dématérialisé mais permanent permettant y compris de configurer le modèle de son choix. Les salons souffrent également de certaines polémiques liées à la présence à côté de voitures de mannequins féminines. Plusieurs constructeurs ont indiqué qu’ils n’emploieront plus de mannequins.
Cet absentéisme n’est pas une spécificité de Paris. Il touche aussi bien Detroit que Francfort ou Genève. Malgré tout, le Mondial de Paris qui est le doyen des salons automobiles, devrait attirer environ un million de visiteurs et 10 000 journalistes internationaux. Pour maintenir son audience, les deux roues sont, à nouveau, présentes. Le salon est également ouvert aux services de mobilité et aux entreprises de technologie. Dans le cadre du Mondial Tech, 64 startups du monde entier présenteront leurs innovations. Un partenariat avec le Consumer Electronic Show (CES) de Las Vegas a été institué. Ce dernier présentera à Paris les innovations grand public. Une partie du salon sera destinée aux transports en commun
La contestation de l’utilité des salons n’empêche pas les marques de luxe comme Aston Martin, Jaguar, Ferrari, Lamborghini ou Maserati d’être au rendez-vous. De même, Tesla, devrait présenter « le Model 3 ». Le Mondial de l’automobile reste avec la Foire de Paris et le salon de l’agriculture un évènement familial où les parents se rendent avec les enfants. Mais face à la concurrence du digital, les organisateurs sont conscients de la nécessité de faire évoluer le concept. Les visiteurs demandent de plus en plus des expériences, des moments forts, des surprises, des services. La juxtaposition de voitures ne suffit plus pour attirer le chaland.
Le Président de la République, Emmanuel Macron, a décidé de profiter du Mondial pour valoriser l’importance de l’industrie automobile au sein de l‘économie. Pour la première fois, un Président français conviera le 1er octobre prochain, à un dîner au palais de l’Élysée tous les dirigeants du secteur. Même si en termes de production nationale, la France ne figure plus parmi les premiers constructeurs automobile, le pays peut s’enorgueillir de posséder deux grands groupes figurant parmi les dix premiers du secteur. L’Alliance Renault – Nissan – Mitsubishi dispute la première place mondiale au groupe Volkswagen, PSA occupe, de son côté, le huitième rang. Le Président devrait profiter de ce dîner pour délivrer un message sur la lutte contre la pollution.
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