Le mal-être économique français !

12/03/2016, classé dans

La croissance française est désormais inférieure à celle de la zone euro, Ainsi, en 2015, elle n’a été que de 1,1 % pour une moyenne au sein de la zone euro de 1,4 %.

Un potentiel mal valorisé

Compte tenu de son potentiel géographique, démographique et économique, la France devrait obtenir de meilleurs résultats. En effet, l’augmentation de la population, la qualité de ses infrastructures et le niveau correct de formation des actifs constituent d’indéniables d’atouts. Par ailleurs, de manière plus conjoncturelle, la chute du prix du pétrole et la dépréciation de l’euro sont des facteurs qui auraient dû avoir un impact positif plus important, l’économie française répondant en règle générale, assez bien aux baisses des prix de l’énergie et aux dépréciations de la monnaie.

Le changement de l’orientation de la politique économique et fiscale du Gouvernement aurait pu également conduire à une reprise plus forte de l’activité. Ainsi, le poids des prélèvements supportés par les entreprises (cotisations sociales, impôt sur les bénéfices, impôts sur la production, impôts divers) est passé, de 2014 à 2016, de plus de 18 % à 17,5 % du PIB. Ce taux était de 17 % avant la crise de 2008. Il en résulte une amélioration du taux de marge et des profits. Le taux de marge est ainsi passé pour l’industrie manufacturière de 29 à près de 35 % de la valeur ajoutée de 2009 à 2016. Les profits après taxes, intérêts et dividendes ont atteint plus de 10 % du PIB en 2016  contre 8 % en 2013. Les entreprises bénéficient, enfin, d’une baisse des taux du crédit qui en moyenne s’élève en ce début d’année 2016 à 2 % contre 6 % en 2008. Même si cela donne lieu à débat, l’accès aux crédits ne semble pas poser réellement de problème.

Quels sont alors les facteurs de blocage de la croissance en France ?

Le coût élevé du travail (tout particulièrement celui des non qualifié) est mis en avant. Cela expliquerait le taux de chômage des jeunes sans qualification qui atteint plus de 40 %.

Le coût horaire est de 35 euros de l’heure en France contre 29,6 aux Etats-Unis, 23,1 au Royaume-Uni, 21,4 en Espagne et de 32,3 en Allemagne. La comparaison des coûts doit être relativisée. Il faut tenir compte de la productivité horaire et des coûts indirects. La productivité par tête est ainsi élevée en France même si elle a tendance à stagner depuis deux ans. Elle compense en partie le surcoût salarial avec comme conséquence une difficulté d’insertion pour les actifs les moins productifs. La stagnation actuelle de la productivité proviendrait pour certains du fait que les entreprises n’ont pas complètement ajusté leurs effectifs. Cela pourrait, à terme, amener à une augmentation du nombre de demandeurs d’emploi. Pour des raisons sociales ou du fait de la rigidité de la réglementation, les entreprises auraient, en effet, choisi de se maintenir en sureffectif qui sont évalué entre 100 000 et 150 000.

Trop pas de gamme

La France souffre du mauvais positionnement de son activité économique. Les entreprises demeurent positionnées sur des marchés où le critère prix est premier. La France est deux fois moins présente que l’Allemagne sur le haut de gamme. Les entreprises françaises sont concurrencées par leurs homologues espagnoles, d’Europe de l’Est voire des pays émergents. Ce mauvais positionnement se traduit également par un poids très important d’emplois à faible qualification, la France en compte deux fois plus que l’Allemagne.

Mode de fixation des salaires

Les modalités de fixation des salaires et leur évolution constituent un frein à l’adaptation de l’économie française. Les services qui représentent plus de 78 % de la valeur ajoutée imposent leurs règles quand, en Allemagne, la fixation des salaires s’effectue branche par branche. En France, le SMIC et la fonction publique (avec la revalorisation du point et le  glissement, vieillesse, technicité)  donnent le « la ». Du fait des plus faibles gains de productivité dans les services, la progression des salaires devrait y être sensiblement plus faible que dans l’industrie. Les salaires sont assez insensibles à la conjoncture en France à la différence de ce qui est constaté chez plusieurs de nos partenaires.

Retard dans les TIC

La France est pénalisée par le retard pris dans les techniques de l’information et de la communication (TIC). En France, ce secteur représente 4,33 % du PIB contre 5,5 % du PIB dans les autres pays de l’OCDE. 3,5 % des emplois en France dépendent des TIC quand ce poids est de 5 % aux Etats-Unis et aux Pays-Bas, de 6 % en Suède et de 7% en Finlande, la moyenne européenne étant à 3,7 %. De même, l’investissement dans les TIC (hors logiciels) reste inférieur à 1 % du PIB quand la moyenne est proche de 2 % au sein des pays d’Europe du Nord

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