L’allergie libérale
RECHERCHE DESESPEREMENT UN LIBERAL
L’allergie libérale
En France, ceux qui parlent le plus du libéralisme, ce ne sont pas ceux, comme toujours, qui ne le connaissent pas. Ce sont des détracteurs au manichéisme accentué, des nostalgiques de la grande époque du communisme et qui tentent de retrouver un combat à leur mesure. Ces spécialistes de la contestation ont tendance à voir des libéraux, ou il faudrait plutôt écrire des ultra-libéraux, partout. Ils seraient dans tous les gouvernements de droite ou de gauche, dans les cabinets ministériels, à l’université, dans la presse, à la télévision, dans les entreprises. Ils parlent d’un grand complot pour renverser les l’Etat providence et instituer une dictature libérale.
Mais, ces ennemis du libéralisme que chassent-il ? Des fantômes ! Ils ressemblent à Don Quichotte avec ses moulins à vent. Les penseurs libéraux, les universitaires libéraux, les hommes politiques libéraux, les centres de réflexion libéraux se comptent sur les doigts d’une main. Par rapport à la force de frappe médiatique des antilibéraux primaires, les libéraux sont des petits artisans qui travaillent avec leurs mains et qui n’ont guère accès aux grands médias. Il n’y a pas de véritable culture du libéralisme en France, Jean-François Revel dans son livre « la grande parade, le démontre parfaitement. On est presque obligé de lancer un appel à témoin, de mener des recherches pour trouver des auteurs libéraux en France. Ils ont si peur d’être jetés dans la fosse commune des mauvaises idées qu’ils se cachent. Les auteurs libéraux sont souvent méconnus, passent dans les dernières pages des quotidiens ou des hebdomadaires. Ils abordent le libéralisme essentiellement sous un angle politique et peu sous l’angle économique ; toujours notre méfiance séculaire vis à vis de l’économie. S’il y a complot, il est le fait des antilibéraux.
Le libéralisme est au mieux au sein de la population considéré comme un mal nécessaire qu’on doive, à défaut de pouvoir s’en débarrasser, en limiter les effets. La progression de l’extrême gauche, la sympathie d’un grand nombre de Français vis à vis d’Arlette Laguiller ou de José Bové sont les meilleures preuves de cette volonté de ne pas succomber au virus du libéralisme. La France fait bande à part dans ce rejet du modèle libéral.
Pourquoi le libéralisme ne prend pas en France, pourquoi autant de haine, pourquoi autant de réactions violentes dès que l’on prononce ce mot ? Pourtant, par son caractère égoïste et indépendant, par son côté terrien et profondément indépendant, le Français pourrait être un bon avocat du libéralisme moderne. Or, pas de doute et pour le grand bonheur de toutes les Viviane Forrester du monde, notre pays reste réfractaire au libéralisme.
Le Français est jaloux de la richesse de son voisin ; mais à défaut de pouvoir avoir ce que son voisin possède, il demande à l’Etat d’appauvrir ce voisin indélicat. Avoir la même voiture que son voisin ou en avoir une plus rapide, plus grande est un leitmotiv. Maison, vêtements, chaîne hifi, téléphone portable autant de biens dont nous épions la présence comme autant de signes de richesses ostentatoires chez nos voisins. Si nous sommes dans l’incapacité de les avoir par nos propres moyens, demandons à l’Etat de nous aider. Autrefois cantonné à l’essentiel, le devoir d’assistance de l’Etat ne finit pas ainsi de s’accroître. On ne peut plus vivre sans électricité, sans téléphone, sans eau… Ainsi, il faut ajouter au droit au logement, un droit au téléphone, un droit à l’électricité et bientôt peut-être un droit à vivre comme son voisin.
Cette jalousie est le meilleur moteur de notre soif d’égalitarisme, de réglementation. Elle est à la base de notre goût pour le toujours plus d’allocations, le toujours plus d’assistance. Il n’y a pas de culture libérale en France. Il y a, en revanche, une culture étatiste vernie de poujadisme. Le Français est surtout un affreux conservateur. François Mitterrand l’avait bien compris en prenant le soin, grâce aux conseils avisés de Séguela, de placer sur ses affiches électorales pour l’élection présidentielle de 1981, le mot « changement » avec comme fond un village typique de la France éternelle ; le changement sans changement. Comment être populaire pour un dirigeant politique ? Ne rien faire. Reporter les réformes. Dire oui à tout et attendre. La dernière expérience volontariste d’exercice du pouvoir remonte à la période 1986/1988 et s’est soldée par un échec électoral. Edouard Balladur qui était Ministre de l’Economie de 1986 à 1988 tira les leçons de cette expérience et fit preuve de 1993 à 1995 d’une extrême prudence. Alain Juppé fut populaire tant qu’il fut Ministre des Affaires étrangères ; à ce poste, il avait vocation à ne mettre aucune réforme qui puisse toucher concrètement les Français. A partir du moment où il se mua en Premier Ministre voulant repenser de fond en comble la Sécurité sociale et les régimes de retraite des fonctionnaires, sa côte de popularité auprès des Français chuta.
Les Français ont peur de l’innovation, peur des réformes qui remettent en cause non pas obligatoirement des droits acquis mais des situations acquises, peur du progrès lorsqu’il n’est pas clairement identifiable…
C’est pourquoi ils sont toujours en retard d’une révolution, non pas par bêtise, un peu par esprit de contradiction mais par peur.
L’industrialisation, la taylorisation, la mondialisation, l’informatisation que des mots barbares que nous avons récusés ou que nous récusons encore. Les slogans la machine supprime les ouvriers, les ordinateurs tuent les secrétaires, les importations ruinent les entreprises françaises font toujours un tabacs. Internet, OGM, start-up, des mots barbares dont il faut se méfier. Face à une découverte, un progrès, le Français éprouve toujours un sentiment de répulsion. Internet, c’est le symbole de la toute puissance américaine, c’est big brother qui vous espionne, c’est compliqué et ce n’est pas contrôlé. Les OGM, les Organismes Génétiquement Modifiés, c’est, par définition, dangereux. Nous ne savons pas ce que c’est, quels sont les avantages et les inconvénients, mais nous n’en voulons pas au nom du respect de notre terroir. On a pourtant admis un grand nombre de manipulations sur la nature, croisements entre espèces, création de nouvelles plantes, de nouveaux fruits. Il a été introduit sur notre fameux terroir la pomme de terre ou le kiwis. On a ainsi modifié la nature en y important des paquets de gènes inconnus auparavant. Il y a une sacralisation de l’état de nature qui a été magnifié par Jean-Jacques Rousseau. Ce qui est soi-disant naturel est parfait ; il ne faut pas y toucher.
Les Français ne sont pourtant pas totalement allergiques au progrès, au marché et la concurrence. Ils peuvent même le prouver de manière surprenante. Ainsi, la folie du téléphonie portable et du net prouve que la concurrence peut être acceptée. La libéralisation du marché du téléphone ne les a pas choqués, bien au contraire, ils se sont jetés sur les portables et leurs multiples abonnements d’une complexité rare. Personne n’a demandé le retour au monopole. De même, pour Internet, personne ne critique la multiplication des fournisseurs d’accès qui, au nom de la concurrence, se livrent un combat sans merci pour attirer les utilisateurs. Il n’est pourtant pas aisé de s’y retrouver dans la dédalle des formules proposées. Mais, entre la folie du marché et le 22 à Asnières, les Français ont opté pour la modernité ou plutôt pour la logique. N’a-t-on pour acheter une voiture le choix entre une grosse vingtaine de marques qui proposent une dizaine de gammes de voitures différentes au sein desquelles on peut choisir entre une centaine de voitures différentes en fonction des options et des couleurs. De même, personne n’est scandalisée à l’idée de comparer les tarifs et les services des différentes compagnies aériennes. Demain, en vertu de quoi, ne pourrait-on pas avoir plusieurs compagnies ferroviaires. Une voie ferrée et un couloir aérien fonctionnent selon les mêmes règles. Les oléoducs qui transportent des produits pétroliers sont aujourd’hui utilisés par différentes entreprises sans que cela pose problème. Les câbles électriques peuvent très bien véhiculer de l’électricité produite par EDF ou de l’électricité d’une autre compagnie. Les monopoles ne sont plus que des illusions juridiques qui techniquement, économiquement et socialement n’ont plus de justification. Les monopoles d’EDF, les quasi-monopoles de GDF et de la SNCF permettent à des syndicats d’avoir des rentes de situation. Ils ne protègent ni les salariés de ces entreprises, ni les consommateurs. Sous couvert d’emploi à vie, les perspectives de carrière sont moindres que dans le secteur privé. Certes, il est plus facile pour des salariés peu motivés de rester dans ces entreprises ; en contrepartie, les salariés les plus efficaces sont certainement moins encouragés. Le personnel de Bouygues Telecom ou de Cegetel ne se plaint pas de ses conditions de travail. Les privatisations, les plans de redressement dans le public ont clairement montré qu’il n’y a pas d’un ôté le nirvana public et de l’autre l’enfer privé.
L’entreprise publique sacralisée en France joue, bien souvent, à l’affreux capitaliste à l’extérieur de nos frontières. EDF s’arroge, ainsi, des parts de marché importantes en Europe et au Royaume-Uni. L’électricité utilisée par le Premier Ministre anglais au 10 dowing Street n’est pas produite par une firme britannique mais par une firme française. France Telecom rachète à coup de centaines de milliards de francs des entreprises de communication tout autour de la planète. Cette entreprise participe à des enchères publiques pour acquérir des licences de téléphone portable de troisième génération à l’étranger alors qu’elle fait du lobbying en France pour obtenir ce type de licence au moindre coût et à travers un concours qui ressemble à un concours de beauté organisé par une bande de copains. Libéral à l’extérieur, conservateur à l’intérieur. Nos partenaires européens et américains sont en droit d’exiger de notre part un peu plus de réciprocité. A chaque fois qu’il y a eu ouverture à la concurrence, le client est gagnant. Pourquoi, le prix d’un billet d’avion Paris Ajaccio aller, retour vaut presque aussi cher qu’un billet Paris New York. C’est du fait que d’un côté il y a un monopole et de l’autre une concurrence acharnée. Les arguments contre l’ouverture des marchés sont toujours les mêmes : la sécurité, le respect du client, les obligations de service publics. Or, il n’y a pas plus d’accidents d’avions aux Etats-Unis qu’en France, il n’y a pas plus d’accidents entre Paris, Ajaccio et Paris, New York. Le respect du client n’a pas lieu d’être cité compte tenu du nombre de grèves que connaît le secteur public. Enfin, les obligations du service public en matière en particulier d’aménagement du territoire peuvent être imposées à une entreprise privée par contrat. Les fameuses obligations de service public qui sert à justifier le maintien de monopole et la propriété par l’Etat de certaines grandes entreprises nationales pourraient être assurées, aussi bien voire mieux, par des sociétés privées. En Allemagne, l’électricité est produite par plusieurs entreprises dont certaines appartiennent au secteur privé. Les pouvoirs publics ont les moyens juridiques d’imposer aux entreprises quel que soit leur statut des obligations dites de service public en ayant recours au contrat. Ainsi, le marché de l’électricité pourrait être ouvert à la concurrence, les consommateurs seraient sans nul doute gagnant sans pour autant que notre idéal républicain périsse. L’argument des antilibéraux primaires pour s’opposer à ce type d’ouverture du marché est le problème de la distribution de l’électricité dans les zones rurales à faible densité non démographique et donc peu rentables. C’est par le contrat que les pouvoirs publics peuvent résoudre ce type problème, soit en imposant la distribution faute de quoi, l’entreprise ne peut avoir d’autorisation de distribution, soit en instituant une taxe de solidarité permettant le financement de la desserte des zones rurales. De toute façon, l’introduction de la concurrence a toujours permis une baisse des tarifs et une meilleure prise en compte des consommateurs.
Certes, depuis dix ans, des gouvernements de droite comme des gouvernements de gauche ont ouvert à la concurrence certains services publics. Mais, ces ouvertures se sont toujours fait à reculons, toujours sous la menace de sanction de la part de la Commission de Bruxelles. Heureusement qu’en 1957, la France a signé le traité de Rome et a depuis participé à la construction de l’Union européenne, faute de quoi notre pays serait devenu un petit mausolée soviétique.
Ouverture, certes mais ouverture timide. Ainsi, la transformation de l’administration chargée du téléphone en société anonyme encore majoritairement détenue par l’Etat s’est effectuée en permettant aux fonctionnaires des postes et des télécommunications de conserver leur statut de fonctionnaire. Il a fallu attendre dix ans après le début du processus de libéralisation pour que le gouvernement de Lionel Jospin accepte d’ouvrir à la concurrence les communications locales. France Telecom bénéficie, encore pour des années, d’une rente de situation avec les communications locales. A ce titre, il n’en finit pas de relever le tarif de l’abonnement se sachant que les Français souhaitent conserver pour l’instant une ligne de téléphone fixe afin de diminuer le prix des appels longue distance.
Il n’en demeure pas moins que les Français, les allergiques au libéralisme, ont accepté le passage à la concurrence d’un service public. De même, les privatisations menées depuis 1986 qui ont permis de réduire la taille du secteur public n’ont pas donné lieu à des émeutes ; il faut l’avouer l’Etat actionnaire après de belles promesses s’est décrédibilisé avec les scandales du Crédit Lyonnais et les licenciements par dizaine de milliers dans la sidérurgie publique.
Les privatisations ont permis de rendre privé des pans entiers de notre économie. Mais c’est l’Etat qui a choisi les dirigeants, c’est l’Etat qui a choisi la composition des noyaux durs et donc la composition des conseils d’administration et non les marchés. Les anciens élèves de l’ENA y ont trouvé des débouchés lucratifs intéressants. Le processus de privatisation a permis à l’Etat de récupérer des ressources qui lui manquaient pour faire face aux besoins croissants tant dans le domaine du fonctionnement que pour secourir les entreprises restées publiques. Les Pays Tchèques en mettant aux enchères les participations détenues par l’Etat se sont montrés plus libéraux et plus respectueux des contribuables que la France. Dans notre pays le libéralisme est avant tout un libéralisme de façade ; derrière l’administration n’entend perdre son pouvoir.
Le marché est, en France, subordonné à l’Etat. Est-il possible d’imaginer de redonner la parole et le pouvoir de décision aux acteurs sociaux. Le MEDEF a, depuis 1999, compris que s’il n’était qu’un interlocuteur de l’Etat, il disparaîtrait d’où ses tentatives de sortir de cette relation mortelle à travers son projet de « refondation sociale » qui ne vise qu’à affirmer que les négociations sociales sont conduites par les syndicats et les représentants du patronat et non par l’Etat.
La fin des grandes structures, la fin des grands ateliers, la fin de la taylorisation, l’élévation du niveau intellectuel des salariés modifieront en profondeur les rapports sociaux dans les prochaines années. Les lois sur les 35 heures sont les dernières lois autoritaires et générales de l’époque moderne. L’ère est au sur mesure, à la souplesse et à l’adaptable. La révolution économique qui s’installe, depuis une dizaine d’années, devant nos yeux, aura obligatoirement des incidences sur la façon de faire des lois. Elle aura des incidences sur notre façon de concevoir le rôle de l’Etat. Avec la loi sur la réduction du temps de travail, le Gouvernement de Lionel Jospin a défendu une conception déjà morte de l’Etat providence, il a défendu une conception déjà dépassée des relations, dirigeants d’entreprises, salariés ; or il est fort coûteux de défendre des ruines.
La mutation économique est en marche et contrairement aux peurs de certains, elle s’effectue au profit de l’Homme car elle repose sur une meilleure utilisation de ce qui lui est spécifique : l’intelligence.
Dans le secteur privé, l’emploi a vie au sein d’une même entreprise que l’on transmet de père en fils n’existe plus. En 1980, un cinquième des salariés avait changé d’emploi dans les cinq dernières années. Maintenant, c’est plus d’un quart des salariés. En 1970, à la fin de sa carrière, un salarié avait connu, en moyenne 3 à 4 employeurs, en 1998, il en a, en moyenne, connu plus de 5.
Par ailleurs, nous sommes entrées dans une nouvelle ère économique qui se caractérise par la diminution de la population employée dans les grandes entreprises, par le maintien et le développement d’un fort tissu de PME et par l’augmentation du nombre des travailleurs indépendants. Les grandes entreprises qui étaient les principales créatrices d’emploi durant les trente glorieuses doivent aujourd’hui, en permanence, se réorganiser pour conserver leur rang et pour maintenir leur compétitivité. Elles se spécialisent dans les métiers dans lesquels elles possèdent de véritables avantages comparatifs. Les conglomérats ont laissé la place à des structures ultraspécialisées. Pour une entreprise automobile, il ne sert à rien de produire des cafetières électriques, des perceuses qui peuvent être produites à moindre coût par d’autres entreprises. En revanche, le savoir-faire de Peugeot, de Renault, c’est la fabrication de voitures qui est avant tout un puzzle. Leur capacité à assembler des pièces mécaniques, de l’informatique, des blocs moteurs, des sièges, des instruments de sécurité dans un minimum de place constitue une véritable prouesse qui génère de la valeur ajoutée. Des bureaux d’études indépendants des grandes marques peuvent aujourd’hui dessiner des voitures, les pièces mécaniques comme électroniques sont fabriquées à l’extérieur mais la réussite d’une voiture dépend de la faculté à coordonner l’ensemble des sous traitants qui sont de plus en plus des associés.
La diminution des effectifs dans les grandes entreprises ne doit pas être dramatisée car souvent le travail y était effectué de manière anonyme, les talents des salariés y étaient difficilement reconnus. Comment se plaindre de la disparition du système taylorien qui faisait de l’homme ou de la femme une annexe de la machine. Des emplois disparaissent dans les grandes structures, mais d’autres sont créés dans le même temps chez les sous-traitants. De nouveaux métiers apparaissent. Toujours dans le secteur automobile, en moins de vingt ans, les dispositifs de freinage assistés, les airbags sont apparus, la climatisation s’est généralisée, ce qui a eu pour conséquences de créer des nouveaux emplois.
Dans tous les corps de métiers, on exige plus des actifs. Le travail est de moins en moins bestial pour devenir intellectuel. La mutation technologique touche tous les secteurs ; ainsi, un conducteur de char Leclerc se doit d’avoir aujourd’hui des connaissances en informatique et en électronique. Par bien des aspects, les commandes de ce type de char sont aussi complexes que celles que l’on peut trouver sur un avion. De même, dans le secteur du bâtiment, il est fait appel de plus en plus appel à des techniques sophistiqués pour forer, renforcer, couler du béton ou pour élever un immeuble. Il n’y a pas que les star-up qui ont le privilège d’utiliser internet.
Face à cette révolution, les Français craignent pour leur emploi. Apeurés par la rapidité des changements, ils doutent de leur capacité d’adaptation et veulent conserver ce qu’ils ont. Cette prudence, souvent suicidaire, est le résultat de notre système éducatif qui n’est pas mauvais en soi, mais qui ne nous incite pas à la remise en cause. Durant leur scolarité, les élèves ou les étudiants acquièrent des connaissances générales, de caractère très encyclopédique. Une fois le diplôme acquis et quel que soit le niveau du diplôme, le Français est libéré de ses obligations éducatives comme on pouvait l’être à la fin du service national en ce qui concerne ses obligations militaires. La formation continue, l’apprentissage sont dans de pays perçus de manière négative.
Le diplôme, le concours sont de véritables passeports qui ouvrent des portes pendant toute la période active. L’autodidacte devra faire preuve de volonté pour forcer certains passages et on lui fera toujours remarquer qu’il ne dispose pas de sésame d’infaillibilité. Comme tout est commandé par le niveau de diplôme obtenu, il est normal, surtout pour ceux qui n’en ont pas, de jouer la sécurité et donc pour opter pour le statu-quo professionnel.
Le poids de la fonction publique entretient cette volonté de sécurité. Au nom de cette jalousie toute française, pourquoi les salariés des grandes entreprises ne profiteraient-ils pas de l’emploi à vie ? Pourquoi n’auraient-ils pas accès aux même avantages ?
La génération start-up qui se développe aujourd’hui réussira-t-elle à créer un électrochoc et à faire tomber certains préjugés économiques ? Immanquablement, cette génération qui épouse son temps tend à s’affranchir des clichés des précédentes, par réaction. Les jeunes qui créent leurs entreprises ne perdent par leur temps à réclamer des subventions, à exiger des baisses de charges sociales. Ce qu’ils veulent, c’est développer leur affaire. Cette révolution ne concerne que quelques milliers de jeunes, souvent diplômés mais l’important est qu’un déclic a eu lieu au pays de Colbert.
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