La croissance américaine est-elle éternelle ?
La situation de l’économie américaine, en cette fin de premier semestre, est difficile à décrypter. Plusieurs indicateurs soulignent qu’elle l’économie américaine est loin d’un haut de cycle. Même si les prix sont en hausse, le marché de l’immobilier n’a pas encore complètement digéré la crise de 2008. Le nombre de logements neufs mis en vente reste très en-deçà de son niveau d’avant crise. Les salaires et les prix malgré la situation de plein emploi ne progressent que faiblement. Les taux monétaires restent en territoire négatif ; la courbe des taux est relativement pentue. Le taux d’activité demeure faible, de nombreux Américains étant encore découragés de chercher du travail.
La croissance n’a pas réellement rebondi ces dernières années ; elle n’a pas permis de compenser le manque à gagner lié à la crise. Le retard de croissance est évalué à près de 6 points de PIB.
Mais, d’autres signes semblent prouver que les États-Unis, après plus de six ans de croissance, se rapprochent voire auraient déjà franchi un point de retournement de croissance. Le taux de chômage est de 4,3 %. Les entreprises souffrent d’une érosion de leurs marges et, en contrepartie, l’endettement des entreprises est en forte hausse. Le crédit à la consommation atteint des sommets en raison d’une forte augmentation des achats d’automobile. Néanmoins, la dette des ménages, hors logement, représente moins de 20 % du passif financier du secteur privé, soit un taux modeste au regard des errements passés. La dette étudiante constitue également une menace même si elle ne doit pas être exagérée. Entre les premiers trimestres de 2010 et de 2017, l’encours de prêts s’est accru de 338 % contribuant pour 66 % à la croissance du crédit à la consommation. Le risque financier est réduit car ce sont des structures fédérales plutôt bien notées qui sont à l’origine de ces prêts.
L’économie américaine est devenue dépendante de la production de pétrole et de gaz de schiste. Cette dépendance pourrait masquer les évolutions de fond de l’activité. Depuis 2010, trois secteurs générant à eux seuls la moitié des dépenses en capital fixe des entreprises ont largement eu recours aux marchés : l’énergie (exploration et production d’hydrocarbures non conventionnels), les services de distribution et les infrastructures. L’augmentation des prix du baril de pétrole au cours du premier trimestre a eu un effet positif sur l’investissement. En revanche, la rechute de ces dernières semaines pourrait avoir un effet inverse même s’il apparaît que le seuil de rentabilité des gisements de pétrole de schiste s’est abaissé nettement en-deçà de 60 dollars le baril.
La hausse des taux d’intérêt, combinée au maintien d’un faible prix du pétrole, pourrait modifier les anticipations des acteurs économiques qui prendraient d’avantage en compte les signaux de fin de cycle.
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