La Chine doute, l’économie mondiale tremble
La Chine est entrée dans une nouvelle ère. La mutation en cours provoque d’importantes turbulences d’autant plus que les places financières chinoises ont connu jusqu’au mois de juin 2015 une croissance spéculative.
La Chine, en quelques années, est devenue une puissance industrielle hégémonique. Elle détient 85 % des parts de marchés pour le textile, les tracteurs, les montres et les jouets. Elle détient 55 % des parts de marchés pour les appareils photographiques et les ordinateurs portables et 30 % des parts de marchés pour les téléviseurs et les machines à laver (30 %).
Or, la Chine ne peut plus espérer de nouvelles parts de marché. Elle en perd et ne peut qu’en perdre du fait de l’augmentation des coûts salariaux, de la concurrence de nouveaux pays émergents et en raison de la saturation du marché international en biens chinois.
Conscients des limites du développement par l’exportation, les autorités chinoises ont décidé de favoriser la réorientation de l’économie chinoise en faveur de la consommation intérieure et des services. Or, le développement de la demande interne nécessite du temps. Il faut réaliser des infrastructures de transports, des réseaux de distribution… Par ailleurs, les gains de productivité générés par les services et la consommation sont moindres que ceux qui ont été enregistrés au moment de la montée en puissance de l’industrie.
La Chine doit faire face à un processus classique de banalisation de son économie qui devient moins émergente et plus mature. A terme, le taux de croissance devrait se situer autour de 5 %. La baisse de cette croissance est d’autant plus incontournable que la population chinoise vieillit.
Le ralentissement de l’économie chinoise semble être plus rapide que prévu. La stagnation du commerce internationale constatée depuis la crise de 2009 pèse sur l’activité chinoise. Les départs de capitaux qui anticipent cette moindre croissance accentue le mouvement.
Quelles conséquences pour la Chine ?
Les entreprises, les banques, les collectivités publiques… ont bâti leurs projets avec des taux de croissance de 8 à 10 %. Une croissance plus faible peut remettre en cause la rentabilité de certains investissements et provoquer des faillites en chaine d’autant plus que le niveau d’endettement interne est assez élevé.
Depuis plusieurs mois, une crise immobilière se fait jour obligeant les autorités chinoises à soutenir le secteur du bâtiment.
La crise financière pourrait freiner la consommation. De nombreux Chinois ont investi en bourse et pourrait donc faire face à des pertes importantes d’autant plus qu’ils sont nombreux à avoir acquis des titres à crédit.
La Chine pour contrer le mouvement économique baissier a eu recours à la baisse des taux mais aussi à la dépréciation de la monnaie. Si cela devrait favoriser les exportations, cela a également favorisé les sorties de capitaux.
Pour le moment, les pouvoirs publics en réagissant à contretemps et de manière brouillonne ont plutôt été des pompiers pyromanes.
Quelles conséquences pour les autres pays ?
La Chine est le deuxième importateur mondial après les Etats-Unis. Un ralentissement de l’économie chinoise qui s’accompagne d’une dépréciation de la monnaie pénalise les exportations à destination de l’Empire du Milieu.
La Chine selon le centre de recherche TCA Economics est le premier marché d’exportation pour 44 pays – contre dix en 2004
Les premiers pays touchés sont ceux qui sont en symbiose avec la Chine, c’est-à-dire les pays émergents d’Asie. Sont également directement impactés, le Japon, l’Australie, les pays producteurs de pétrole.
Les pays occidentaux sont également concernés. De nombreuses multinationales occidentales ont des filiales chinoises. Par ailleurs, la Chine est devenue un marché clef pour de nombreux secteurs d’activité : machine outils et voiture haut de gamme (Allemagne), luxe, vins… (France). Les touristes chinois sont également de plus en plus nombreux à passer leurs vacances en Occident.
Par ailleurs, la baisse des prix des produits chinois devrait accentuer la concurrence sur les marchés de produits industriels et réduire les marges.
Le prix du pétrole devrait rester bas dans les prochains mois en raison du ralentissement de l’économie chinoise et du retour de l’Iran. De ce fait, tout concourt au ralentissement de l’inflation avec la réapparition d’une menace déflationniste.
Pouvons-nous craindre une récession mondiale ?
Les marchés financiers sont nerveux en cette fin de mois d’août en raison de la multiplication des incertitudes : relèvement des taux de la FED, croissance faible en Europe, ralentissement des pays émergents… Les marchés sont d’autant plus nerveux qu’ils sont liquides. La multiplication des injections de liquidités par les banques centrales alimente les amples fluctuations boursières.
La situation économique est plus saine aujourd’hui qu’en 2008. La croissance américaine semble se maintenir malgré la fin des injections de liquidités. La zone euro même si cela est encore chaotique a renoué avec la croissance. La mutation de la Chine qui constitue une véritable crise d’adolescence est plutôt une bonne nouvelle car à terme cela devrait permettre des échanges plus équilibrés et plus enrichissants pour toutes les parties.
Cette crise aura sans nul doute des conséquences sur la croissance de l’économie mondiale qui devrait se situer cette année autour de 2,6 % au lieu des 2,8 %/3 % espérée. Il y a un retour à la normale de la croissance mondiale après des années un peu folles et guère soutenables sur le long terme en particulier au niveau de l’environnement.
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