Juin 2006 : Quel avenir pour les retraites et l’épargne retraite ?

20/06/2006, classé dans

I. LA CONTRAINTE DEMOGRAPHIQUE S’IMPOSE A NOUS POUR LE PIRE COMME POUR LE MEILLEUR

L’espérance de vie était de 25 à 40 ans il y a un peu plus de 100 ans ; elle avoisine aujourd’hui 80 ans ; elle pourrait atteindre selon les démographes 90 ans en 2050.

D’ici 15 ans, dans tous les pays occidentaux, la part des plus de 65 ans doublera.

Certains pays sont déjà confrontés à des problèmes de financement ; la Suède et l’Italie en particulier. La France et les Etats-Unis ne sont pas encore dans l’œil du cyclone du fait d’un taux de natalité un peu supérieur à la moyenne mais nous n’y échapperons pas.

Notre choc démographique a deux facettes :

 choc structurel avec l’allongement de la durée de vie
 choc conjoncturel avec le papy boom

Nous vivons de plus en plus vieux et nous restons en bonne santé de plus en plus tard.

L’espérance de vie est, en France, de 74 ans pour les hommes ; 83 ans pour les femmes.

Un bébé sur deux de sexe féminin qui naîtra cette année a une chance sur deux de vivre jusqu’en 2106.

Nous connaissons notre chemin de croix démographique

 En 2011, la France comptera plus de personnes de plus de 60 ans que de jeunes de moins de 20 ans
 En 2040, la population française diminuera

 D’un côté, la vie professionnelle se raccourcit (études, aspiration à prendre une retraite vers 60 ans) : – 8 ans en 50 ans  De l’autre côté et c’est logique, la durée de la retraite s’accroît : + 7 ans en 50 ans.

Cette révolution sans précédent n’est pas sans conséquences financières.

II. QUELLES CONSEQUENCES POUR NOS RETRAITES ?

Dans les 40 prochaines années, c’est sept points de notre richesse nationale qu’il faudra consacrer en plus, c’est plus de deux fois le montant de l’impôt sur le revenu qu’il faudra affecter à la retraite.

Au total, en 2040, 20 % de la richesse nationale produite en une année servira à financer les dépenses de retraite au lieu de 13 %.

 Augmenter les impôts : 45 % du PIB, tout le monde trouve déjà que c’est trop
 Augmenter la dette : plus de 1100 milliards d’euros (5 années de dépenses de l’Etat) ou plus de 2000 milliards d’euros selon certains (avec les engagements en matière de retraite notamment), c’est plus que trop
 Augmenter les cotisations c’est pénaliser la compétitivité et l’emploi (le coût du travail est un des plus élevés de l’OCDE)
 Reculer l’âge de la retraite, le sondage de Jérôme Jaffré démontre que nous sommes un peu réticents.

La réforme Balladur et la réforme Fillon ont

 Allongé la période de cotisations 37,5 ans à 40 pour le privé en 1993 ; alignement pour les fonctionnaires avec la loi Fillon puis 42 ans pour tous à compter de 2012
 Désindexé les pensions des salaires, indexation que sur les prix INSEE (Balladur confirmé par Fillon)

Par ailleurs, les partenaires sociaux révisent en permanence la valeur du point qui sert de base de calcul pour les retraites complémentaires.

Les exemples étrangers

Que font nos voisins ? Que font les Allemands, les Anglais, les Américains… ?

En Allemagne, le gouvernement a décidé de reculer de deux ans l’âge de départ à la retraite de 65 à 67 ans. En Allemagne, la création d’un troisième pilier date de 2001. 5,6 millions de personnes ont souscrit au Riester Rente qui est un régime de retraite par capitalisation. Le gouvernement entend accroître les incitations en faveur de l’épargne retraite. Une réflexion est engagée pour rendre obligatoire ce troisième pilier.

En Espagne, en Suède, l’âge de départ à la retraite a été reculé (65 et 67 ans).

En Suède, il est évoqué compte tenu de l’acuité de la contrainte démographique de la porter à 70 ans.

Au Royaume-Uni : le rapport Turner préconise le passage de 65 à 68 ans de l’âge de la retraite d’ici 2050 et la création d’un fonds de pension obligatoire en faveur de tous les salariés avec un taux de cotisation sur les salaires de 4 %.

En Italie, les salariés pourront transférer sur un fonds de pension une partie de leurs cotisations vieillesse ; un flux de 13 milliards d’euros est attendu chaque année.

Il faut souligner qu’en Allemagne, les retraites d’entreprise concernent 15 millions d’actifs soit 60 % des emplois salariés (ce qui pose le problème du provisionnement et de leur impact sur le passif des entreprises allemandes).

Etats-Unis, l’âge de la retraite est fixé à 68 ans.

Comme l’a souligné Florence Legros, nos voisins créent des fonds de pension externes obligatoires pour couvrir l’ensemble des salariés et plus globalement tous les actifs.

La loi Thomas adopté en 1997 allait dans ce sens mais faute de décrets d’application, elle n’a pas été, comme vous le savez, appliquée.

Comment se dessine notre avenir ?

Il faudra travailler plus longtemps.

C’est mathématique.

En France, monsieur Jourdain fait de la prose sans le savoir, il en est de même avec l’âge de départ à la retraite. Officiellement, elle demeure fixé à 60 ans mais comme la durée de cotisation pour avoir une retraite à taux plein est passée de 37,5 à 40 puis d’ici 2012 à 41 ans et 42 ans d’ici 2012 et comme la durée des études s’allonge….

Pour avoir une retraite à taux plein en ayant commencé à travailler à 25 ans, il faudra attendre 67 ans.

Le taux de remplacement qui aujourd’hui évolue entre 50 et 60 % se sera en moyenne autour de 40 % et même pour les cadres supérieurs en dessous de 40 %.

Le temps que les pouvoirs publics s’occupent de ce problème, il est raisonnable de s’en préoccuper au niveau individuel.

III. LES PRODUITS RETRAITE SUR LE MARCHE

Le paysage de l’épargne français est complexe. Les études du Cercle des Epargnants montrent clairement que les Français sont un peu perdus face à la jungle des sigles : PEA, PERP, PERCO, le PEE, le PEL, le CEL, contrats Madelin….

Conséquences : les épargnants choisissent, pour préparer leur retraite, par conservatisme :

 L’assurance-vie, la tirelire du Trésor, 1000 milliards d’euros
 Les comptes sur livret
 L’immobilier

Si l’on excepte l’immobilier, ce ne sont pas les produits les plus adaptés.

En matière de retraite, il y a une palette de bons produits : retraite collective ou retraite individuelle.

L’important, c’est le conseil. Avant de se lancer dans l’épargne retraite, il faut établir un bilan de sa situation auprès d’un spécialiste (Generali).

Etablir un bilan en fonction de

 Ce que propose l’entreprise
 Son patrimoine
 Ses revenus
 Ses charges.

Les produits collectifs

Je crois au développement des produits d’épargne collectifs. Le sondage du Cercle des Epargnants démontre que les salariés souhaitent un engagement plus important des entreprises.

Dans un autre sondage, j’avais constaté que les DRH admettaient que dans les prochaines années, le PERCO serait incontournable.

Vous allez me dire

 que c’est un produit pour les grandes entreprises
 qu’il faut que l’employeur le propose.

Certes pour créer un PERCO, il faut un PEE mais les entreprises peuvent se regrouper pour lancer ces produits : Plan d’épargne interentreprises et plan d’épargne retraite collective interentreprises.

Le projet de loi sur l’épargne salariale qui vient d’être déposé simplifie par ailleurs les procédures pour faciliter la généralisation de ces produits au sein des PME qui ne sont couvertes qu’entre 10 à 20 % d’entre-elles.

Le projet de loi prévoit aussi que les salariés pourront demander la création d’un produit d’épargne retraite collective au sein de leur entreprise.

Le PERCO offre de nombreux avantages :

 Possibilité d’abondement défiscalisé pour l’entreprise
 Exonération à la sortie
 Sortie en capital possible
 Gestion dynamique comme dans le cadre de l’épargne salariale

Les produits individuels

Le PERP victime de la rumeur

Rétablissons la Vérité

Le PERP, c’est 1,7 millions de souscripteurs et 1,35 milliards d’euros d’encours.

C’est moins qu’attendu mais ce n’est pas le fiasco que certains affirment.

Les contrats Madelin, contrats qui permettent aux indépendants de souscrire des suppléments d’épargne retraite en 1994 ont connu un départ identique à celui du PERP.

 Après deux ans de commercialisation, 10 % de la population intéressée avait souscrit un contrat Madelin ; douze ans plus tard, le taux de pénétration est de 40 %
 Pour le PERP, on est après deux ans d’existence également à 10 %

Le PERP a séduit les jeunes qui sont les plus inquiets. L’âge moyen de souscription est de 38 ans.

Que reprochent-on au PERP ?

Sa sortie en rente ?

Dans les sondages, cette opposition ne ressort pas. Jacques Barthélémy ne me contredira pas qu’un produit retraite est un produit avec une sortie en rente. Les pensions du régime général ou des régimes complémentaires ne sont-elles pas assimilables à des rentes ?

La rente est un gage de sécurité du fait de l’allongement de la durée de vie. La durée de la retraite peut dépasser 30 ans. Il n’est pas facile de gérer son capital sur une aussi longue période. La rente fait peser le risque sur la compagnie d’assurance et non sur les retraités.

Et puis quand on interroge les Français, ils attendent d’un produit financier de la sécurité et de la stabilité, ce que le PERP est à même d’offrir.

Autre défaut supposé du PERP :

La faiblesse des rendements offerts ?

Je suis étonné que sur un produit long terme voire très long terme les épargnants privilégient les placements en euros qui ne rapportent que 4 % l’an.

Les placements en UC offrent de meilleurs rendements. Or les PERP sont à 80 % en fonds euros.

La France, championne du monde de l’OAT. 1000 milliards d’euros d’assurance vie, 800 milliards en obligations.

Sur le long terme, les placements en actions offrent les meilleurs rendements. L’année dernière, le CAC 40 a progressé de plus de 27 %.

Même en tenant compte des crises boursières, krach de 29, krach de 87, éclatement de la bulle Internet, les actions sont plus intéressantes que l’immobilier ou les obligations.

Le PERP est un produit de long terme : 20 à 30 ans de constitution de la rente, vingt à trente ans de distribution de la rente.

De ce fait, les actions font partie intégrante du cycle de vie de ce produit.

Les actifs des PERP doivent se placer en priorité en UC. Les assureurs proposent de nombreux fonds en UC offrant des rendements intéressants.

Pour améliorer le rendement, il faudrait que la part en « non-coté » soit plus importante.

Le rendement du non-coté atteint 20 % et il est moins sensible aux fluctuations boursières.

L’épargne retraite est un sujet important, vaste. Votre présence, ce soir, en plein Mondial de foot, prouve votre intérêt pour cette question. J’espère ce soir que nous avons, pu de manière dynamique, vous expliquer les défis que nous devrons surmonter en matière de retraite et aussi ce que peut nous apporter l’épargne retraite.

La mission du Cercle des Epargnants c’est :

 Informer de manière transparente les épargnants sur l’épargne retraite
 Représenter ses adhérents auprès des organismes d’assurances

Le Cercle des Epargnants fait vivre au quotidien la démocratie de l’épargne ce qui est une belle et une noble mission.

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