Europe, forces centrifuges, forces centripètes
Pour être optimale, une zone monétaire suppose un fort degré de convergence des Etats membres avec une forte ressemblance des tissus économiques.
Les Etats membres de la zone euro avaient institué avec le marché commun puis le marché unique un espace de libre circulation des Hommes, des biens, des services et des capitaux. Une convergence des économies entre les grands Etats membres pouvait être constaté au prix de quelques soubresauts et grâce à la croissance des 30 Glorieuses.
Néanmoins, entre la Grèce, l’Espagne, le Portugal et l’Allemagne voire la France, il y avait des écarts importants en termes de développement économique. Si durant les premières années de la zone euro, le pari des fondateurs, celui de la convergence accélérée des économies, a été tenu, il est depuis devenu une illusion d’optique.
L’unification monétaire a accru l’hétérogénéité des Etats membres à travers un processus de spécialisation économique qui a abouti à une concentration de l’industrie dans quelques pays et des services dans d’autres. Cette spécialisation a provoqué d’importants déficits commerciaux et des différences des gains de productivité. Or, les salaires des Etats membres ont eu tendance à s’aligner avec par voie de conséquences une perte de compétitivité croissante des Etats d’Europe du Sud d’autant plus que leur inflation était alors supérieure à celle du Nord.
La disparition du risque de change en facilitant les échanges a permis d’exploiter pleinement les avantages comparatifs. La spécialisation économique a été également accélérée par la recherche de synergie au niveau de la recherche et de la production. L’augmentation des coûts capitalistiques au niveau de la production industrielle n’a fait que renforcer cette tendance.
Les pays dits périphériques ont été pénalisés par une spécialisation productive dans des activités à faibles marges et peu sophistiquées (tourisme, services à la personne, distribution, construction…), par la faiblesse des gains de productivité, par la baisse de leur revenu par rapport aux pays du centre de la même Union Monétaire, par la réduction de la taille des secteurs exportateurs. L’Espagne, le Portugal et la Grèce mais aussi la Finlande et l’Irlande ont connu de telles évolutions. Tous les pays éloignés du cœur économique sont pénalisés.
Le poids de l’industrie a ainsi reculé en Espagne, au Portugal, en Grèce et en Finlande depuis 2009. En revanche, pour les services, le bilan est contrasté Le poids des services sophistiqués est resté faible en Grèce mais il est demeuré important en Irlande, en Espagne, en Finlande. Le poids des secteurs « peu sophistiqués » (loisirs – hôtels – restaurants ; services aux particuliers ; transports ; distribution ; construction) est particulièrement élevé en Grèce et en Espagne. La productivité a cru lentement depuis la fin des années 1990 en Espagne, au Portugal, en Finlande, en Grèce ; la croissance potentielle s’est partout effondrée.
L’évolution du revenu par tête relativement à celui de l’Allemagne est défavorable en Espagne, en Grèce, au Portugal mais pas en Finlande et en Irlande. Néanmoins, la situation de la Finlande se dégrade depuis 2008.
L’évolution du commerce extérieur et de la dette extérieure est défavorable partout sauf en Finlande.
Pour freiner la marginalisation ou pour la contrecarrer, les pays périphériques n’ont comme solution que la recherche de l’innovation et éviter la spécialisation dans les secteurs peu sophistiqués. L’autre voie est de jouer sur la fiscalité comme le fait l’Irlande.
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