Etats-Unis, never die ?

04/08/2024, classé dans

La croissance américaine n’en finit pas de nous étonner. Au deuxième trimestre, elle a atteint près de 3 % en rythme annuel, soit cinq fois celle de la zone euro. Selon la Banque mondiale, en 2010, le PIB par habitant mesuré en dollars courants était supérieur de 30 % aux États-Unis, comparé à la zone euro. En 2024, cet écart atteint 80 %. Si en 2008, le PIB de la zone euro était équivalent à celui des États-Unis, il pourrait n’en représenter qu’un tiers en 2070. Longtemps, les Européens ont regardé avec circonspection la réussite américaine en s’en enorgueillissant de leur système de protection sociale capable d’amortir les chocs économiques et de réduire les inégalités sociales. Or, depuis plusieurs années, celles-ci tendent à se réduire Outre-Atlantique grâce à un fort mouvement de création d’emplois et de revalorisation des salaires. À Paris, les touristes américains, grâce à leur important pouvoir d’achat, font le bonheur des commerçants et des hôteliers.

La divergence économique entre le Nouveau Monde et le Vieux Continent a de multiples sources. Premièrement, l’état d’esprit américain demeure positif et tourné vers la croissance quand le doute et le pessimisme l’emportent en Europe. Contre vent et marée, les Américains consomment quand les Européens par peur du lendemain n’en finissent pas d’accroître leur épargne de précaution. Les premiers ont dilapidé la cagnotte constituée durant l’épidémie de covid, quand les seconds n’y ont pas touché. Ils l’ont même accrue depuis le début de la guerre en Ukraine. Le progrès, la science restent des valeurs éminemment positives aux États-Unis quand elles sont de plus en plus rejetées en Europe. Les États européens sont passés à côté de la révolution Internet de la fin du XXe siècle et semblent distancés en matière d’intelligence artificielle, même si la France ou le Royaume-Uni disposent de quelques belles start-ups. Dans le secteur de la haute technologie, l’Europe n’a pas d’entreprises de la taille d’Apple, de Microsoft, d’Alphabet, d’Amazon, de NVDIA et consœurs. Les États-Unis disposent également d’un atout maître en matière d’énergie. Ils sont indépendants pour le gaz et le pétrole, à la différence des Européens. Les États-Unis, par leur dynamisme, par le rôle de valeur refuge du dollar, attirent les capitaux de l’ensemble de la planète permettant de compenser la faiblesse de leur épargne et ainsi de financer l’investissement. Grâce à un écosystème performant, les meilleurs chercheurs continuent à migrer aux États-Unis, contribuant à l’excellence de la recherche de ce pays. L’arrivée de nombreux migrants porte également la croissance et évite la multiplication des tensions sur le marché du travail.

La croissance américaine pourrait-elle résister à la réduction drastique de l’immigration et à l’instauration de droits de douane élevés comme le propose le programme de Donald Trump ? Pour le moment, ces derniers figurent parmi le plus faibles de l’OCDE. Leur forte augmentation pourrait créer un choc économique majeur, avec le risque de mesures de rétorsion de la part de la Chine et de l’Europe, car les États-Unis sont les premiers importateurs mondiaux. Les Américains seraient les premiers pénalisés avec une hausse des prix et une baisse de pouvoir d’achat. Jusqu’à maintenant, la population américaine est sceptique vis-à-vis du bilan économique de Joe Biden. Elle a été marquée par la hausse des prix de ces dernières années. Elle refusait d’admettre la bonne tenue de l’emploi et de la croissance. Les chiffres du deuxième trimestre pourraient-ils faire changer leur avis ? Donald Trump le craint et Kamalla Harris l’espère…

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