Et si la confiance était une bulle prête à éclater ?
Depuis le début de l’année, une douce euphorie semble gagner les milieux économiques. La bonne orientation des indices de confiance au sein de l’Union européenne semble prédire un affermissement de la croissance économique. L’amélioration du niveau de confiance s’illustre également par les bons résultats des indices boursiers tant aux États-Unis qu’en Europe. En s’appuyant sur ces bons indices, l’INSEE, dans ses dernières prévisions, parie sur un taux de croissance de l’économie française de 0,3 % pour le 1er trimestre et de 0,5 % pour le 2e.
Pour autant, ne sommes-nous pas victime d’une bulle spéculative de confiance ? La confiance au sein de la zone euro n’est-elle pas une illusion ? N’est-elle pas surévaluée ?
Les indices mesurant la confiance, le climat des affaires sont, en règle générale, des indicateurs fiables des tendances. Il convient de ne pas négliger le fait que pour certains d’entre eux, (notamment le climat des affaires et la confiance des consommateurs mesurés par l’INSEE), ils sont calculés en retenant une moyenne glissante. De ce fait, en cas de longue période de dégradation du climat, la remontée sera d’autant plus visible.
Pourquoi les indices sont-ils actuellement bien orientés ?
Après une longue période de stagnation en Europe, une légère reprise est constatée depuis la fin de l’année 2015. L’augmentation de l’investissement, à la fin de l’année dernière, a été jugée comme suffisante pour garantir la pérennité de la croissance. Il est admis que l’Europe a un déficit de croissance à combler. Les annonces de la BCE de maintien d’une politique monétaire accommodante, au moins jusqu’à la fin de l’année voire au-delà, sont bien perçues par le milieu économique. Les pays émergents connaissent une amélioration de leur situation conjoncturelle. La remontée des cours du pétrole et des matières premières favorise l’activité et les importations des pays producteurs. Le ralentissement économique chinois reste modéré et plus lent que prévu. Par ailleurs, les intentions de relance budgétaire du nouveau Président américain ont été jugées favorablement par les milieux économiques.
En Europe, les entreprises enregistrent une hausse de leurs profits, gage de la poursuite de la hausse de l’investissement. Le chômage continue de baisser même si ce recul se fait à petite vitesse en ce qui concerne la France et l’Italie. Les ménages dans de nombreux pays européens ont repris le chemin de l’investissement résidentiel.
Plusieurs facteurs pourraient contrecarrer ces bons indices
La remontée des prix pourrait peser, en Europe et notamment en France, sur la consommation. La reprise de l’activité, en 2015, est imputable, essentiellement, à la baisse des cours du pétrole. Le pouvoir d’achat des ménages s’est accru, en moyenne, de plus de 1 000 euros entre 2015 et 2016.
La remontée de l’inflation due à la hausse du prix du pétrole réduit le pouvoir d’achat des ménages et pourrait peser sur la demande intérieure. Certes, la hausse du baril de pétrole semble avoir atteint un palier. En raison de l’augmentation de la production américaine, le baril s’échange même autour de 50 dollars à la fin du mois de mars contre plus de 55 au mois de février.
La progression des taux d’intérêt pourrait également jouer un mauvais tour à la croissance. Elle réduirait les marges de manœuvre budgétaires en aggravant le coût de la dette publique. Les agents économiques pourraient revoir leurs projets d’investissement en raison de l’augmentation des taux d’intérêt. Selon certains économistes dont ceux de Natixis, une hausse durable de 150 points de base des taux serait susceptible d’affecter la croissance.
La montée du protectionnisme est susceptible de ralentir la croissance de l’économie mondiale. Dans la catégorie des menaces, figurent également les négociations sur le Brexit.
Pour endiguer un éventuel ralentissement, les États européens ne disposent que de peu d’outils. La BCE ne peut pas rendre sa politique monétaire plus expansionniste car l’inflation est revenue dans certains pays dans la zone cible des 2 %. De même, l’arme de la dépréciation est, de plus en plus, délicate à manier. Elle entraînerait une réaction des États-Unis et, en outre, il n’est pas certain que son effet sur l’activité soit réel.
La dépréciation de l’euro depuis 2014 n’a pas généré le surcroit d’activité. Elle a certainement contribué à augmenter l’excédent de la balance commerciale allemande. Une dépréciation supplémentaire de l’euro avec une politique monétaire expansionniste dans la zone euro aurait donc comme effet essentiel de faire monter les prix des importations de la zone euro et pourrait aboutir à un ralentissement de l’activité.
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