Et de quoi sera fait 2016 pour la zone euro ?

09/12/2015, classé dans

2015 s’achève, les espoirs mis dans l’alignement des planètes avec comme soleil le quantitative easing de la Banque Centrale Européenne n’ont pas été complètement transformés. L’effet de la baisse des taux a été surestimé tout comme ont été sous-estimées les conséquences du ralentissement de l’économie chinoise et des récessions brésilienne et russe.

Pour 2016, les économistes espèrent, pour la zone euro, une accélération de la croissance. Le FMI prévoit une progression du PIB de 1,6 % quand table sur 1,8 % et la Commission européenne sur 1,7 %. Le consensus parie de son côté sur 1,7 % de croissance l’année prochaine.

Compte tenu du retard de croissance accumulé ces dernières années, la logique voudrait que l’Europe soit au début d’un cycle de croissance à moins qu’elle ne soit entrée dans une stagnation à la japonaise. Pour le moment, les pessimistes l’emportent sur les optimistes. Plusieurs facteurs qui ont été favorables à la croissance cette année pourraient se retourner l’année prochaine.

Depuis 2014, la zone euro a profité d’une baisse des cours du pétrole de 40 %. Cette diminution a permis une amélioration substantielle du pouvoir d’achat des ménages. Néanmoins, en 2016, le pétrole devrait au mieux se stabiliser, au pire remonter vers 60 euros. Cette légère progression du prix du baril devrait favoriser le retour de l’inflation autour de 1 %. Dans un premier temps, cette très légère reprise de l’inflation devrait réduire le pouvoir d’achat des ménages d’autant plus que les entreprises ne devraient pas modifier leur politique salariale.

Le maintien d’un baril plutôt bon marché ne devrait pas permettre aux pays exportateurs de renouer avec une croissance dynamique. Cela pénalisera les exportations allemandes.

En 2015, la zone euro a bénéficié également de la dépréciation de la monnaie commune, près de 15 % en un an par rapport au dollar. Cette dépréciation a permis à l’Europe d’améliorer sa compétitivité prix à l’exportation au moment même où le commerce international était impacté par le ralentissement chinois. En 2016, une légère déprécation est encore possible mais elle sera de moindre ampleur que celle de ces douze derniers mois. D’autres pays sont, par ailleurs, engagés dans une bataille des changes, le Japon, la Chine…

L’Europe compte sur le redressement des pays émergents afin d’accroître ses exportations. Or, il est n’est pas impossible que le ralentissement soit plus long que prévu et que le rebond n’intervienne que vers 2017 voire au-delà. La croissance chinoise des prochaines années sera plus domestique et recourra moins aux importations que dans le passé.

La zone euro espèrera que la croissance américaine se maintienne autour de 2,5-3 %. En l’état, il est difficile de prévoir l’impact du relèvement des taux directeurs de la FED. Certains considèrent, par ailleurs, que l’économie américaine a déjà atteint le sommet de son cycle de croissance et qu’elle pourrait connaître un ralentissement. D’autres sont plus optimistes considérant que le taux d’activité peut encore s’améliorer et que les gains de productivité peuvent s’accroître.

Au sein de la zone euro, l’Allemagne peut-elle jouer le rôle de locomotive grâce à la progression de sa demande intérieure ? Les augmentations salariales et l’arrivée de plus de 800 000 migrants pourraient favoriser légèrement la consommation. L’Allemagne devrait, en revanche, être pénalisée à l’exportation tant du fait du ralentissement du commerce international que par la détérioration de sa compétitivité.

La planche de salut pour la zone euro ne peut provenir qu’en son sein. Tous les regards seront braqués sur l’investissement qui depuis des années fait défaut même dans les pays qui connaissent les meilleurs résultats comme en Allemagne. Jusqu’à maintenant, malgré la baisse des taux, l’investissement demeure en panne certainement en raison à la fois de l’absence de perspectives claires et de la non saturation des capacités de production.

En 2016, la question de la sortie éventuelle du Royaume-Uni de l’Union européenne créera un halo d’incertitudes.

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