Epargne Retraite Nice mars 2006
I. A FORCE DE LAISSER LE TEMPS AU TEMPS, NOUS RISQUONS D’ETRE HORS DELAI POUR PREPARER NOTRE RETRAITE
1. La France a pris du retard pour régler le problème du financement de la retraite
Le problème est connu de longue date.
Depuis plus de trente ans compte tenu des évolutions démographiques, nous savons que la période 2005/2040 sera délicate.
Face à ce problème, entre la politique de l’autruche et le refus de toucher à l’édifice construit après la seconde guerre mondiale, nous avons perdu de nombreuses années.
A la différence de nos partenaires, la France a développé un système reposant quasi exclusivement sur la répartition :
Régime général et régime complémentaire fonctionnent globalement sur le même principe. A l’étranger, la règle, c’est un régime de base par répartition et un deuxième étage par capitalisation.
Le tout répartition n’était pas illogique en 1945 :
Les atouts de la répartition sont nets quand il y a :
Beaucoup d’actifs
Peu de retraités
Une croissance régulière des salaires
Or, ces atouts ont disparu
De moins en moins d’actifs
De plus en plus de retraité
Une masse salariale qui évolue lentement
Nous sommes passés de quatre cotisants pour un retraité en 1960 à deux aujourd’hui et il y aura un cotisant pour un retraité en 2040.
La capitalisation n’est pas l’unique solution mais elle est moins dépendante de l’évolution de la masse salariale et des aléas démographiques car elle intègre les résultats et la valorisation des entreprises.
2. Pourquoi avons nous tant tardé pour mettre en place un étage par capitalisation en France ?
Jérôme Jaffré a démontré que les Français sont favorables à l’instauration d’un système mixte.
Mais conservatisme et immobilisme, attention au réveil
Pour l’instauration de compléments par capitalisation, il a fallu de nombreux rapports et s’y reprendre à deux reprises.
Craintes : les fonds de pension étaient censés mettre de millions de Français dans les rues. Or, personne n’est descendu pour manifester contre la loi Thomas ou le PERP.
Les sondages indiquent de manière répétée que les Français sont favorables à l’instauration d’un système mixte à 71 %.
1ère tentative : la loi Thomas : 1993-1997
La loi Thomas proposait la création de véritables fonds pension universels.
Un dispositif unique qui pouvait être collectif et individuel au cas où les entreprises ne jouaient pas le jeu
Incitation : j’avais pensé à un système de crédit d’impôt qui aurait pu bénéficier aux personnes non imposables à l’IR
La loi Thomas : non appliquée faute de décret d’application et abrogée en janvier 2002
2ème tentative : Loi sur les retraites de 2003 :
Avec l’appui de quelques parlementaires, le projet de loi déposé par le Gouvernement qui ne comportait initialement aucune disposition concrète sur l’épargne retraite a été amendé, il a été inséré deux dispositifs sur les retraites : PERP et PERCO
3. au milieu du gué
Les pouvoirs publics n’ont pas créé de véritables fonds de pension. Ils le regrettent
L’existence de fonds de pension aurait permis d’éviter les débats surréalistes de ces dernières semaines :
Dossier Mittal
Dossier Suez-gaz de France, Enel
Capitalisme sans actionnaires, capitalisme sans capital
Plus grave, des centaines de PME disparaissent ou sont vendues à des entreprises étrangères.
Les différents intervenants ont eu raison de rappeler que malgré le retard pris, il convient d’agir.
La retraite est une question trop importante pour la laisser en jachère. Ne rien faire, c’est se condamner à avoir de mauvaises surprises.
II. LES ENJEUX DEMOGRAPHIQUES ET FINANCIERS SONT SIMPLES
1. Tout n’est pas réglé
La loi Fillon ne règle que 40 % des problèmes. Ce n’est pas moi qui le dit, c’est la Direction de la prévision, c’est le Conseil d’orientation des Retraites qui l’affirme.
Allongement de la durée de la vie, papy-boom, il faudra consacrer plus d’argent à la retraite.
Dans les 40 prochaines, c’est sept points de notre richesse nationale qu’il faudra consacrer en plus, c’est plus de deux fois le montant de l’impôt sur le revenu qu’il faudra affecter à la retraite.
Au total, en 2040, 20 % de la richesse nationale produite en une année servira à financer les dépenses de retraite.
2. Les solutions
Augmenter les impôts : 45 % du PIB, tout le monde trouve déjà que c’est trop
Augmenter la dette : plus de 1100 milliards d’euros (5 années de dépenses de l’Etat) ou plus de 2000 milliards d’euros selon certains (avec les engagements en matière de retraite notamment), c’est plus que trop
Augmenter les cotisations c’est pénaliser la compétitivité et l’emploi (le coût du travail est un des plus élevés de l’OCDE)
Reculer l’âge de la retraite, on a commencé et il faudra le faire
Les exemples étrangers
En Allemagne, le gouvernement a décidé de reculer de deux ans l’âge de départ à la retraite de 65 à 67 ans. En Espagne, en Suède, au Royaume-Uni, l’âge de départ à la retraite a été reculé.
Rapport Turner au Royaume-Uni : passage de 65 à 68 ans de l’âge de la retraite d’ici 2050
Ce n’est pas illogique :
3. la révolution démographique
Pour reprendre les propos de François Héran :
Un choc a deux facettes :
choc structurel avec l’allongement de la durée de vie
choc conjoncturel avec le papy boom
Nous vivons de plus en plus vieux et nous restons en bonne santé de plus en plus tard.
L’espérance de vie est de 74 ans pour les hommes ; 83 ans pour les femmes.
Un bébé sur deux de sexe féminin qui naîtra cette année a une chance sur deux de vivre jusqu’en 2106. Sous Louis XV, l’espérance de vie moyenne était de 29 ans.
Le nombre de centenaires double tous les dix ans.
Nous connaissons notre chemin de croix démographique
En 2011, la France comptera plus de personnes de plus de 60 ans que de jeunes de moins de 20 ans
En 2040, la population française diminuera
D’un côté, la vie professionnelle se raccourcit (études, aspiration à prendre une retraite vers 60 ans) : – 8 ans en 50 ans De l’autre côté et c’est logique, la durée de la retraite s’accroît : + 7 ans en 50 ans.
Nous n’avons pas encore intégré la révolution démographique qui marquera le XXIème siècle. Les progrès de la médecine, l’amélioration des conditions de vie permettent d’être en bonne santé plus longtemps. De ce fait, notre approche du cycle de vie de l’homme devra changer.
Pour s’en convaincre, il suffit de regarder de vieilles photos pour constater l’évolution de l’espèce humaine. Avant guerre, une personne de plus de 60 ans était un vieillard ; aujourd’hui, c’est après 80 ans. Même l’appréhension de l’âge adulte change. On reste jeune à 30 voir 40 ans.
Cette révolution sans précédent a des conséquences financières.
Les pouvoirs publics éprouvent les pires difficultés pour l’appréhender.
III. PREPARER SA RETRAITE PAR L’EPARGNE
Le plus sage, c’est compter sur soi même
1. les fonds de pension existent partout
Pour avoir une retraite à la carte, pour maintenir son niveau de vie au moment de la retraite, la seule solution c’est de développer des suppléments de retraite par capitalisation.
De toute façon regardons ce qui se passe au-delà de nos frontières.
La capitalisation existe chez tous nos partenaires. La question du moment, c’est leur généralisation.
Toujours le rapport Turner au Royaume-Uni préconise la création d’un fonds de pension en faveur de tous les salariés avec un taux de cotisation de 4 %.
En Italie, les salariés pourront transférer sur un fonds de pension une partie de leurs cotisations vieillesse ; un flux de 13 milliards d’euros est attendu chaque année.
En Allemagne, la création d’un troisième pilier date de 2001. 5,6 millions de personnes ont souscrit au Riester Rente qui est un régime de retraite par capitalisation. Le gouvernement entend accroître les incitations en faveur de l’épargne retraite. Une réflexion est engagée pour rendre obligatoire ce troisième pilier.
En outre, les retraites d’entreprise concernent 15 millions d’actifs soit 60 % des emplois salariés.
2. Les outils en France existent
Le PERP et le PERCI
Nous sommes les champions de l’auto-dénigrement.
Tout nouveau produit est critiqué avant d’être encensé.
Le PERCO est un excellent produit qui démarre lentement du fait qu’il nécessite un accord avec les partenaires sociaux.
C’est un produit souple qui s’inscrit dans la politique mis en œuvre depuis des années en faveur de la participation et de l’intéressement.
Aujourd’hui les grandes entreprises sont couvertes ; il y a en revanche un vrai besoin au niveau des PME ; 10 % seulement d’entre elles ont développé un PEE.
Le PERCO peut être mis en œuvre sur un bassin d’emploi et concerner plusieurs entreprises (PERCOI)
Le PERP n’échappe pas à la règle des critiques
Les contrats Madelin, contrats qui permettent aux indépendants de souscrire des suppléments d’épargne retraite en 1994 ont connu un départ identique à celui du PERP.
Après deux ans de commercialisation, 10 % de la population intéressé avait souscrit un contrat Madelin ; douze ans plus tard, le taux de pénétration est de 40 %
Pour le PERP, on est après deux ans d’existence également à 10 %
Le PERP, c’est 1,7 million de souscripteurs et 1,35 milliards d’encours.
Le PERP a séduit les jeunes qui sont les plus inquiets.
Les moins de 30 ans représentent près de 20 % des souscripteurs
Les 30/39 ans : 28 %
Les 40/49 ans : 31 %
Les moins de 50 ans : près de 80 %.
Conséquences les versements sont faibles :
En début de carrière, il y a de nombreuses priorités en matière de dépenses : enfants, immobilier.
Mais l’ouverture d’un PERP très tôt marque une volonté de préparer sa retraite :
85 % des versements annuels sont inférieurs à 500 euros
8 % sont compris entre 500 et 1000 euros
6 % entre 1000 et 5000 euros
1 % au-dessus de 5000 euros
Les défauts du PERP :
La sortie en rente.
Le PERP est un produit retraite ; la sortie logique s’effectue en rente. Nul ne s’étonne de recevoir de la CNAV une pension mensuelle.
La rente est un gage de sécurité du fait de l’allongement de la durée de vie. La durée de la retraite peut dépasser 30 ans. Il n’est pas facile de gérer son capital sur une aussi longue période. La rente fait peser le risque sur la compagnie d’assurance et non sur les retraités.
Les sondages démontrent que les Français ne sont pas opposés à la rente.
L’introduction d’une sortie en capital pour acquérir un bien immobilier serait bienvenue mais pour le moment il n’y a pas de consensus.
Autre défaut supposé du PERP :
La faiblesse des rendements offerts ?
Je suis étonné que sur un produit long terme voire très long terme les épargnants privilégient les placements en euros qui ne rapportent que 4 % l’an.
Les placements en UC offrent de meilleurs rendements. Or les PERP sont à 80 % en fonds euros.
La France, championne du monde de l’OAT. Sur plus de 900 milliards d’euros d’assurance vie, 800 milliards en obligations.
Sur le long terme, les placements en actions offrent les meilleurs rendements. L’année dernière, le CAC 40 a progressé de plus de 27 %.
Même en tenant compte des crises boursières, krach de 29, krach de 87, éclatement de la bulle Internet, les actions sont plus intéressantes que l’immobilier ou les obligations.
Le PERP est un produit de long terme : 20 à 30 ans de constitution de la rente, vingt à trente ans de distribution de la rente.
De ce fait, les actions font partie intégrante du cycle de vie de ce produit.
Les actifs des PERP doivent se placer en priorité en UC. Les assureurs proposent de nombreux fonds en UC offrant des rendements intéressants.
Question sécurité : le PERP est un produit sérieux.
Le PERP est un produit pour lequel le législateur a intégré de nombreuses sécurités.
Pour améliorer le rendement, il faudrait que la part en « non-coté » soit plus importante.
Le rendement du non-coté atteint 20 % et il est moins sensible aux fluctuations boursières.
Des améliorations possibles et souhaitables
Sortie en capital pour le PERP :
Le Perco bénéficie d’une sortie en capital. Pourquoi ne pas instaurer une telle sortie à hauteur de 25 ou 30 % pour le PERP ?
Alléger les contraintes réglementaires et administratives qui pèsent sur le PERP !
Un bon produit d’épargne, c’est un produit intéressant pour les clients mais aussi pour les agents, les CGP, les salariés des réseaux. Or le PERP est enserré dans un carcans qui pèse sur sa rentabilité.
Il n’en demeure pas moins que ce produit est le seul produit retraite destiné à préparer la retraite.
Faire le bon choix
Un produit qui lie l’épargnant et l’assureur pour de nombreuses années. Il faut donc faire le bon choix.
Etre informé, être conseillé, choisir le bon produit en fonction de son degré d’exposition aux risques, avoir un contact privilégié avec son conseiller.
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